Solennité de Marie, Mère de Dieu

samedi 01 janvier 2022

Par le père Brice-Miguel Mekena Mekongo, vice-recteur

Frères et Sœurs Bien-aimés, en ce 1er jour de l’année 2022 que nous célébrons avec notre Mère, la très Sainte Vierge Marie, la liturgie nous ouvre à une réalité qui trouve son accomplissement dans la Mère de Dieu : La bénédiction. Nous avons suivi dans la 1ère lecture tirée du livre des Nombres que le Seigneur donne cette instruction à Moïse : « Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras : Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël : “Que le Seigneur te bénisse et te garde ! (…)Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai ». Dieu demande aux prêtres d’être les médiateurs d’une bénédiction qui vient directement de Lui. Dans le livre de la Genèse, nous voyons qu’après la création, Dieu bénit ; une bénédiction qui est fécondité et vie.

Le prêtre doit prononcer au nom de Dieu sur les Fils d’Israël les paroles de bénédiction suivantes : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ».

« Que le Seigneur tourne vers toi son visage ». Dieu bénit en tournant vers nous son visage ; l’accomplissement de cette bénédiction est Jésus-Christ, le Visage du Père. « Montre-nous le Père » demandera Philippe à Jésus. Qui m’a vu a vu le Père (Cf Jn 14, 9). Par Marie, sa Mère, Dieu a tourné vers l’humanité son visage. Par Marie, nous n’avons plus simplement des paroles de bénédiction, nous avons la bénédiction elle-même : Jésus est la bénédiction du Père. En lui le Père, dit saint Paul, nous bénit « par toutes sortes de bénédictions » (Ep 1, 3). Chaque fois que nous ouvrons le cœur à Jésus dans les sacrements, la charité et la prière, la bénédiction de Dieu entre dans nos vies.

En célébrant cette solennité, nous prenons mieux conscience que Marie, Mère de Dieu, nous apporte la bénédiction de Dieu ; là où elle est, Jésus arrive. Accueillons-la comme sainte Élisabeth qui, en la faisant entrer chez elle, a reconnu immédiatement la Bénédiction et a commencé à bénir : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ! » (Lc 1, 42). En accueillant Marie, nous sommes bénis, mais nous apprenons aussi à bénir; elle nous enseigne que la bénédiction se reçoit pour être donnée, elle nous ouvre au fait que nous devons bénir les autres et bénir Dieu : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ! »

Oui, se bénir les uns les autres, comme Isaac bénit Jacob, et après Ésaü ; comme Jacob bénit ses fils qui donneront naissance aux 12 tribus d’Israël ; comme Élisabeth bénit Marie. Qu’est-ce-qui arrive lorsque l’homme bénit son frère ? Il lui souhaite tout le bien possible. Ce n’est pas un simple bonjour ou bonne année comme nous le faisons en passant. Il veut la vie et la joie de son frère et s’engage à faire tout pour que ce souhait devienne réalité. Quand nous disons à une personne, je te bénis voici ce que nous lui déclarons : « Je veux que tu vives, je suis content que tu existes ». Et rappelons-nous des paroles de Jésus : « Bénissez ceux qui vous maudissent ». Saint Paul, dans son épitre aux Romains (Rm 14), demande de bénir ceux qui nous persécutent. Le chrétien ne peut que bénir, il ne peut pas maudire, il ne peut exclure personne de sa puissance de bénédiction même pas son ennemi.

Chacun de nous a besoin de se sentir bénis par son frère, sa sœur, son conjoint, son fils, sa fille, son collègue, son ami. Nous serions tous heureux de savoir que l’autre veut que je vive. Alors bénissons-nous les uns les autres ; bénissons surtout lorsque nos paroles de bénédiction nous coûtent parce qu’elles sont adressées à une personne que nous voudrions bien maudire. Cette bénédiction-là est un puissant remède ; une thérapie contre nos rancœurs, nos colères, nos fermetures au dialogue, nos incompréhensions, nos refus de la diversité et des limites de l’autre ; cette bénédiction-là est un remède dans un monde gravement pollué par le fait de dire du mal et de penser du mal des autres, de la société, de soi-même. Le Pape François nous dit que « la médisance corrompt, fait tout dégénérer, tandis que la bénédiction régénère, donne la force pour recommencer chaque jour ».

Chaque homme devrait donc être béni. Lorsque nous bénissons nous prenons meilleure conscience que nous sommes tous fils d’un même Père, le Dieu de la vie. Si nous avons consenti à bénir le frère et la sœur qui sont à côté de nous, il nous faut aussi lever les yeux pour bénir Dieu. Le bénir c’est reconnaître qu’Il est le Seigneur de la vie, et c’est prendre conscience que tout ce qui est amour et qui produit la vraie joie vient de Lui ; chaque créature qui nous est donnée par Lui, doit servir la vie et non pour la mort.

Lorsque nous bénissons Dieu, nous nous inscrivons dans un rapport ajusté avec la création. Pour nous les chrétiens, avant de consommer n’importe quel aliment, il est important de prononcer la bénédiction, c’est-à-dire reconnaître que ça vient de Dieu : tu es béni Seigneur, Dieu de l’Univers, tu m’as donné ce poulet comme aliment. Personnellement, je crois que quiconque tire un quelconque bénéfice des biens de ce monde sans prononcer la bénédiction commet le péché d’appropriation, parce qu’il considère comme lui appartenant ce qui est à Dieu. Tout est à Dieu et il nous a tout confié.

Bénir Dieu nous rappelle que nous ne sommes ni patron ni propriétaire, et que tout doit être au service du projet du vrai propriétaire : Dieu. Cette bénédiction-là est aussi un puissant remède ; un  remède contre une gestion des biens et des personnes guidée par l’égoïsme, la cupidité, l’utilitarisme, l’accumulation matérielle maladive. Alors, pour que nous nous rappelions quelle est la vérité de chaque créature, bénissons Dieu pour nos familles, nos amis, nos ennemis, nos conjoints, nos voisins, nos chats, nos chiens, nos hamsters, nos mouches, nos voitures, nos serpillères ; Bénissons-Le pour tout.

Loué soit Jésus-Christ !