C’est une évidence : les malades ont besoin d’un médecin. Alors, si cet évangile nous est offert aujourd’hui, dans les premiers jours du Carême, c’est sans doute bien pour que la réalité nous accompagne pendant tout le temps de ces 40 jours : appeler le médecin, le laisser venir à domicile et se déplacer souvent en consultation auprès de Lui !
On l’aura compris : en parlant de malades autant que de pécheurs, le Christ nous invite à nous reconnaître comme ceux qui ont besoin de ce médecin qu’il est pour nous. Le Carême est donc un grand temps de traitement médical, de convalescence spirituelle, ou encore de mise en quarantaine pour nous garder de la contagion du péché.
En n’oubliant jamais que ce temps de traitement médical a un terme, une guérison assurée : ce sont les fêtes pascales. Le Carême n’est donc pas tant donné pour déplorer le fait d’être malade, que pour accueillir plus résolument le médecin qui guérit éternellement.
En fait, un Carême vraiment fécond, c’est un Carême où l’on appelle le médecin, tout en reconnaissant qu’il est aussi le remède ; mais aussi l’infirmier ou l’aide-soignant ; mais aussi le proche qui nous visite ; mais aussi le malade lui-même qui est visité. Oui, pas moins de 5 présences de Jésus Sauveur dans nos maladies, que le Carême nous appelle à découvrir ou à redécouvrir, afin de nous laisser vraiment guérir.
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Le Christ est d’abord le médecin. C’est l’image la plus évidente, celle que Jésus révèle le plus directement : « ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades ». Vous avez besoin de moi, nous dit Jésus ! Il est ce médecin vraiment compétent, qui n’a pas fait qu’étudier le corps humain, mais qui l’a créé, corps, âme et esprit.
En ce Carême, appelez donc le médecin, appelez-le sans cesse : il vient visiter nos corps malades, nos âmes pécheresses, nos esprits tordus. Médecin urgentiste, le Christ vient sans délai. Médecin spécialiste, il connaît tout de nous. Médecin généraliste, il nous guérit dans la communion les uns avec les autres. Médecin chirurgien, il vient nous opérer par la grâce. Médecin anesthésiste, il vient apaiser toutes nos peurs pour nous reposer en Lui.
Faites donc du Carême une grande consultation médicale, en laissant le médecin divin vous ausculter, vous conseiller, vous soigner !
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Mais le Christ est le seul médecin qui est aussi le remède. Pour guérir du péché, notre médicament, c’est Lui. Un médicament sans autre effet secondaire que de nous faire abandonner tout ce qui nous détourne de Lui. Un médicament qui n’a pas mauvais goût, bien au contraire : « Tu trouveras tes délices dans le Seigneur », nous a dit la première lecture. Ce médicament est sans rupture de stocks, sans contre-indications : alors, allons-y, prenons-le !
Si le remède reste dans sa boîte, on ne peut pas nous guérir. Pour que le médicament soit efficace, il doit être pris, avec régularité, sans s’auto-dispenser du traitement nécessaire. Et vous avez là toute l’exigence de l’obligation eucharistique : le remède nous est donné, il faut le prendre ! Parfois, on entend des gens qui disent venir à l’Eucharistie seulement quand ils en ont envie. Mais on ne prend un médicament quand on en a envie ! On le prend parce qu’il faut guérir. Alors, pendant ce Carême, ne soyons pour nous-mêmes de mauvais médecins : croyons que si le Christ se présente à nous comme « la vraie nourriture » et le vrai remède, c’est qu’il l’est vraiment, sans que nous puissions nous en passer.
Remède eucharistique, mais aussi remède des autres sacrements et remède de sa Parole. Impossible de s’auto-dispenser de ce traitement doux et fort, sauf à vouloir rester malade jusqu’à mourir.
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Cependant, le Christ n’est pas seulement le médecin qui prescrit et le médicament qui attend d’être porté à la bouche. Il est aussi l’infirmier ou l’aide-soignant, qui s’occupe de chacun de nous avec délicatesse, pour nos besoins les plus élémentaires. Par ses gestes experts et délicats, il offre de l’humanité à la personne malade qui se sent si faible, si dégradée.
Aide-soignant, le Christ nous console et nous lave délicatement. Pendant le Carême, laissez-vous donc aider par le Seigneur. Ne pensez pas qu’il attend, bras croisés, que vous fassiez des progrès ou que vous vous leviez tout seul de votre lit de malade. Non, le Christ s’approche, soutient, aide à se lever, tient par le bras pour nous faire faire un pas, puis un autre.
Surtout quand la fatigue vous gagne, laissez le Seigneur être auprès de vous cet aide-soignant, qui vous permettra de faire des pas, même petits, pendant cette marche du Carême. Un pas après l’autre, soutenu par sa présence.
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Présent comme un infirmier ou un aide-soignant, le Christ est aussi là, auprès de nous, comme l’ami qui vient visiter. Qu’il est doux de sentir dans la maladie la présence d’amis qui ne nous laissent pas tomber ! Même si le malade est moins intéressant, moins aimable, moins drôle que lorsqu’il est en bonne santé, l’ami vient quand même le visiter. Il trouve sa joie à le visiter.
Ainsi le Christ avec nous : il vient visiter ses amis malades que nous sommes. Il vient à notre chevet, il nous demande comment ça va. Il s’intéresse vraiment à la banalité de nos journées de malades, il demande ce qu’il peut faire pour nous aider : « si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas ! »
Ami qui soutient dans la maladie, le Christ aide à guérir par sa seule présence. Accueillez donc l’ami divin fidèle, qui ne vient pas visiter simplement une fois par-ci par-là, histoire de se donner bonne conscience. Non, il visite et visite encore, chaque jour, que nous soyons éveillés ou endormis. Le Christ nous visite… et ça nous aide tant à guérir !
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Le médecin-remède-infirmier-ami nous offre pourtant une autre présence encore, sans laquelle notre Carême n’aurait pas vraiment de sens. Car à son terme, nous célébrerons la Semaine Sainte, où Jésus portera sur Lui le péché du monde ; l’immortel portera la mort, le saint portera le péché, le médecin portera la maladie. Le Carême nous prépare donc à nous émerveiller de Dieu qui prend sur Lui notre maladie, qui prend notre place de malade pour nous en guérir éternellement.
Pendant ce Carême, ne vous regardez donc pas trop le nombril pour déplorer vos maladies spirituelles : regardez surtout la croix, regardez surtout le médecin qui porte nos maladies pour nous sauver !
Et regardez aussi autour de vous. Car si le Christ a pris sur la croix et au tombeau la place du malade condamné, il continue à être mystérieusement présent en tous ceux qui sont malades aujourd’hui : « j’étais malade et vous m’avez visité », dit le Seigneur. Si nous voulons vraiment le rencontrer au cours de ce Carême, il nous faut donc aller visiter les malades, quels qu’ils soient. En leur donnant du temps, nous en donneront au Christ, et notre Carême sera vrai.
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Frères et sœurs, au cours de ces 40 jours d’exode, consultez sans cesse le Christ médecin, prenez le remède qu’il est en personne, laissez-vous soigner par sa présence, accueillez-le quand il vous visite et sortez le rencontrer en prenant du temps à son chevet. Chacun de nous et l’humanité entière, nous avons tellement besoin de ces soins divins !
Pour nous faire lâcher tout ce qui pourrait nous inquiéter encore dans de tels soins, le Seigneur nous offre plus qu’une infirmière en chef ; car elle est en fait l’hôpital, un hôpital immaculé : la Vierge Marie que nous honorons particulièrement le samedi. Hôpital auprès duquel on est forcément bien accueilli, il y a toujours de la place pour nous en Marie ; hôpital aux portes toujours ouvertes pour nous conduire directement au médecin et remède qui peut nous guérir. Pendant ce Carême, que la Vierge Marie soit donc pour vous tous cet hôpital vers lequel vous pouvez approcher sans inquiétude et sans arrêt. Amen.