Messe du dimanche 6 février – Lancement de Ski-Spi

dimanche 06 février 2022

Par le père Ludovic Frère, recteur

Pour ouvrir notre session ski-spi, un évangile de montagne et de neige aurait sans doute été le bienvenu… Au lieu de cela, la Providence nous offre un évangile de lac et de barque. Mais en fait, l’appel qui y est lancé – « avance au large ! » - peut trouver une belle transposition pour nous cette semaine en montagne : « avance plus haut ! »

Car en prenant le large en pleine mer comme en prenant de la hauteur sur les sommets, c’est toujours l’occasion d’un recul sur nos vies. Et c’est tellement nécessaire pour nous apaiser, pour nous redonner des forces ou pour nous convertir encore : prendre du recul.

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Pourtant, ça n’est pas forcément toujours confortable : car au large on n’a pas pieds, et dans les hauteurs on peut éprouver le vertige. On se sent alors tout petit. Et c’est sans doute ce qu’il nous faut d’abord entendre ce soir, pour vivre une semaine vraiment belle et féconde : devant la grandeur des montagnes, accepter d’être petits.

Ça n’est pas toujours évident de consentir à être petit. Quand on est petit enfant, on rêve d’être plus grand. Quand on est grand, on cherche encore à se prendre pour plus grand que l’on est. On ne trouve alors jamais la paix et l’on fait le lit de l’orgueil.

Alors, profitons-en : les montagnes des Hautes-Alpes vont nous aider cette semaine à accepter d’être petits. Car nous sommes ici au cœur de montagnes majestueuses, qui existent depuis plus de 110 millions d’années. Avant cela, non seulement le paysage était plat, mais c’étaient même des fonds marins : oui, on était ici au fond de la mer… vous voyez qu’il y a un bien un lien entre la mer et la montagne !... Avancer au large et prendre de la hauteur, c’est la même chose !

Alors, je vous invite à y penser cette semaine : quand vous serez sur les montagnes, pensez qu’elles sont là depuis incomparablement plus longtemps que vous. Non seulement ça aide à les respecter et à veiller sur la nature toujours fragile ; mais surtout, ça nous permet de nous situer à notre juste place de créatures devant l’immensité du monde et devant l’infinité de Dieu.

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C’est justement ce dont nous parlent les lectures bibliques de ce dimanche. Devant l’immensité de la sainteté divine, le prophète Isaïe s’écrie : « malheur à moi, je suis perdu car je suis un homme pécheur ». Quant à l’évangile, il présente la même réaction de la part de Simon-Pierre après le prodige de la pêche miraculeuse : « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». Tu es trop grand, Seigneur, trop grand et trop saint pour nous !

Mais au lieu de confirmer Isaïe et Simon-Pierre dans leur perception de la réalité, le Seigneur renverse les choses : « laisse-toi approcher ! » La grandeur de Dieu n’est pas pour nous écraser ; elle est pour nous élever.

C’est justement l’expérience que nous allons pouvoir faire à de nombreuses reprises au cours de cette semaine : nous allons élever nos regards vers les beaux sommets qui nous entourent ou nous allons nous laisser élever par les remontées mécaniques. Sans autre effort que d’accepter de nous laisser porter, nous allons nous élever.

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Je vous invite alors à y penser à chaque fois que nous arriverons en station ou que vous serez sur un téléski : confessez que cette grandeur des massifs alpins ne vient pas nous écraser, mais qu’elle invite à nous élever et que nous devons nous laisser porter pour prendre de la hauteur.

C’est essentiellement cela, l’expérience de douceur que nous allons goûter cette semaine : ni par force, ni par violence, mais par la douceur de la grâce, nous allons nous laisser élever. Nous serons conduits plus haut, pour voir des choses plus belles.

Alors, profitez bien de chacun des instants de cette session : sous le regard de la Vierge du Laus, acceptez d’être petits et laissez-vous élever.

Avance au large ! Avance plus haut ! Amen.