mercredi 31 mars 2021

Par le père Ludovic Frère, recteur

Une Semaine Sainte avec saint Joseph

Porte d’entrée vers le Triduum pascal, le mercredi saint nous offre de célébrer la dernière messe du temps du Carême. Mais cette année, ce mercredi saint prend une coloration particulière. Puisque le mercredi est le jour traditionnellement consacré à saint Joseph et que nous vivons une année spéciale saint Joseph, comment ne pas faire de l’époux de Marie un guide privilégié pour entrer dans les Jours Saints ?

 

Bien sûr, Joseph n’était vraisemblablement pas là quand le Christ a vécu sa Passion. On s’accorde à reconnaître que l’époux de Marie est mort avant le début du ministère public de Jésus. Si ça n’avait pas été le cas, c’est lui et non un autre Joseph, celui d’Arimathie, qui aurait organisé la sépulture de Jésus.

 

Mais même s’il n’était plus vivant, on peut dire que Joseph a été l’un des premiers à être éclairés par la lumière qui nous attend au terme de cette semaine. Quand le Christ ressuscité est descendu chez les morts, on peut bien croire qu’après avoir réveillé Adam et Eve, c’est vers son papa Joseph qu’il s’est tourné ; et Joseph s’est laissé porter par le Ressuscité comme lui-même l’avait porté dans ses bras paternels quand il était petit.

 

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Mais avant Pâques, c’est d’abord dans les jours de l’offrande et de la passion que saint Joseph peut être pour nous un guide précieux. Car sa vie nous montre comment le mystère pascal peut nous rejoindre plus que jamais cette année, si nous le voulons bien.

 

D’abord parce que saint Joseph, c’est l’homme de la disponibilité à l’inconnu, à l’imprévisible qui remet en cause les projets établis. Il y a consenti, quand l’ange est venu le visiter. Cette disponibilité de Joseph à l’imprévu peut alors bien nous aider ces prochains jours : car tout ce qui va se passer, nous le connaissons déjà par cœur ou presque. Pas de grande surprise à attendre des événements du soir du Jeudi Saint jusqu’au matin de Pâques. Nous savons déjà ce qui va arriver !

 

Mais la disponibilité de saint Joseph à l’imprévu peut nous aider à justement ne pas vivre les jours saints comme un simple rappel de ce que nous savons déjà ; mais comme l’accueil d’une nouveauté radicale ! De l’imprévisible nous attend, de l’inconnu va nous être dévoilé, tant il est grand ce mystère qui nous sauve ! Alors, comme Joseph a dit « oui » au projet de Dieu sur lui, disons nous aussi un grand « oui » à ce que le Seigneur veut nous faire vivre d’imprévisible et de totalement nouveau au cours des Jours Saints de cette année !

 

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Le « oui » de Joseph à l’imprévu a été plein et entier ; mais il n’a pas été la recherche de la facilité. Notre « oui » au Seigneur pour des Jours Saints féconds, c’est donc aussi un consentement à les vivre non de l’extérieur, comme des spectateurs de ce que le Christ réaliserait devant nous, mais en nous impliquant de tout notre être.

 

Le courageux Joseph nous appelle à vivre ce Jours saints dans une participation active, unissant nos prières à l’offrande de Jésus, restant auprès de Lui dans la solitude de Gethsémani, l’aidant à porter le poids de sa croix et attendant bien éveillés le surgissement de la lumière dans la nuit pascale.

 

Que saint Joseph nous aide à être courageux au cours de ces jours saints, comme lui-même a été courageux pour veiller sur la sainte famille ; qu’il nous aide à endosser le poids des jours qui nous attendent pour que se réalise vraiment en nous ce que saint Paul proclame dans la 2e lettre à Timothée : « si nous mourons avec le Christ, avec Lui nous vivrons ; si nous souffrons avec Lui, avec lui nous règnerons » (2 Tim 2,11-12).

 

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Saint Joseph près de nous pour les Jours saints pourra aussi nous aider à ne pas oublier la Vierge Marie tout au long de ce chemin de la mort à la vie.

 

Depuis l’annonce faite par Syméon qu’un glaive transpercerait le cœur de la Vierge, Joseph avait certainement aidé sa belle épouse à accueillir ce mystère de participation à l’amour rédempteur passant par la souffrance. Avec Marie, il avait dû souvent méditer ces paroles de Syméon, et tous deux avaient porté dans la prière leur « oui » de couple à ce qui devait se produire pour le salut du monde.

 

Saint Joseph nous aide alors à vivre ces Jours Saints avec Marie : avec elle, soutenant son fils sur le chemin de croix ; avec elle dans le silence plein d’espérance du samedi saint ; et avec elle au matin de Pâques pour chanter l’Alléluia de la victoire !

 

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En ce mercredi saint, demandons et accueillons donc avec ferveur l’intercession de saint Joseph. Il va ainsi nous aider ces prochains jours :

  • à être disponibles à l’imprévu des Jours Saints ;
  • à être courageux pour participer activement à l’œuvre du salut ;
  • et à être attentifs à vivre ce Triduum au plus près de la Vierge Marie.

 

Ainsi, Joseph est comme l’anti-Judas, son contraire : fidèle même quand viennent les obstacles, serviteur sans voir la réalité par sa seule manière de la concevoir, dévoué sans rechercher aucun avantage personnel…

 

Mais il n’est pas l’anti-Juda pour le dénoncer davantage. Je pense et j’espère bien que saint Joseph a intercédé pour Juda, afin qu’il ne choisisse pas l’enfermement éternel.

 

Que l’époux de Marie fasse de même pour tous les pécheurs et pour chacun d’entre nous, au seuil de ce Triduum pascal, afin que nous plongions sans résistances dans ce grand mystère de notre salut.

 

« Si nous mourons avec le Christ, avec Lui nous vivrons ;

si nous souffrons avec Lui, avec lui nous règnerons »

 

 

Amen.