Lundi dans l'Octave de Pâques

lundi 05 avril 2021

Par le père Ludovic Frère, recteur

Tous comme Simon Pierre !

Hier se prolonge aujourd’hui. En fait, ces deux jours ne font qu’un ; ce sont même 8 jours qui ne font qu’un : une octave pascale à vivre comme un seul grand jour se déployant sur 8, prélude au jour d’éternité qui se déploiera sans fin. Oui, depuis Pâques, nous voici dans un jour nouveau ; nous goûtons déjà réellement le jour éternel, même si notre entrée dans sa pleine lumière ne viendra que plus tard.

 

Pour l’instant, c’est sous forme liturgique que nous avons cet avant-goût du jour d’éternité, par une octave qui nous fait vivre le jour de Pâques grâce à des témoignages différentes et à des heures différentes.

 

Aujourd’hui, ce sont les saintes femmes à la sortie du cimetière. Demain, ce sera le témoignage de Marie-Madeleine au petit-matin. Mercredi, celui des disciples d’Emmaüs en fin de journée. Jeudi, l’apparition aux Onze apôtres ; vendredi, la pêche miraculeuse ; samedi un résumé de tous les événements de ce jour, pour arriver dimanche à l’apparition aux disciples puis à Thomas huit jours plus tard.

 

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C’est donc une grandiose semaine que nous vivons ensemble, comme pour laisser la joie de Pâques retentir deux fois, trois fois, huit fois… afin qu’elle ne cesse de retentir aussi dans toute notre vie.

 

Que la joie pascale rejoigne ainsi, comme demain Marie-Madeleine, tous ceux qui sont perdus dans la vie. Qu’elle rejoigne, comme mercredi les disciples d’Emmaüs, tous ceux qui trainent des pieds parce qu’ils n’ont plus d’espérance. Qu’elle rejoigne, comme les Onze apôtres jeudi, ceux dont l’élan de vie est paralysé par la perte d’un proche. Qu’elle rejoigne, comme vendredi avec la pêche miraculeuse, ceux qui ont l’impression que leur vie est stérile….

 

Et ainsi, que la joie de Pâques rejoigne tout ce que nous sommes : qu’elle traverse nos angoisses du moment, notre monde en pandémie, nos sentiments fluctuants, nos corps souffrant de maladie ou brûlant de désirs… que tout soit traversé par la lumière de Pâques ! Telle est la magnifique proposition de cette Octave ; pas une simple proposition intellectuelle ni seulement liturgique, mais une expérience à oser vivre. Oui, une semaine pour que la lumière de Pâques nous irradie totalement ! La proposition est belle, vous nous trouvez pas ?

 

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Pour nous la rendre plus alléchante encore, la première lecture nous a présenté une grande figure magnifiquement irradiée par la bonne nouvelle de Pâques : Simon Pierre. Pourtant, rappelez-vous : nous l’avons entendu à deux reprises ces derniers jours, dimanche des Rameaux puis vendredi saint. Nous avons vu cet homme, dans toute sa médiocrité, renier celui qu’il avait promis de ne jamais abandonner.

 

Mais voilà qu’au jour de la Pentecôte, Simon-Pierre a le courage de parler et sa propre vie ne lui importe plus. Il prononce alors publiquement des paroles qu’il n’aurait peut-être jamais même pensées quelques jours auparavant. Il dit du Christ : « Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. » Il n’était pas possible que la mort retienne la Vie en son pouvoir ?... Vendredi dernier, Simon-Pierre était loin de confesser cette impossibilité ! Il pensait que la mort était plus forte.

 

Mais quelque chose s’est produit depuis : hier, il courait au tombeau, aujourd’hui il reçoit le témoignage des femmes que Jésus a saluées en chemin ; puis lui-même, avec les autres apôtres, rencontre le Ressuscité ; puis à la Pentecôte, il sera investi de son Esprit… et c’est là qu’il proclamera qu’il n’était pas possible que la mort retienne le Christ en son pouvoir.

 

Pierre l’a maintenant compris : l’Immortel est mort pour que les mortels aient la vie ! C’est désormais une évidence pour le premier des apôtres ; c’est une évidence pour tous ceux qui acceptent de se laisser traverser par cette lumière de Pâques.

 

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L’invitation est donc bien enthousiasmante : chacun de nous est appelé suivre le même parcours que Simon-Pierre ; chacun selon des modalités différentes, mais tous sur le même chemin :

  • ne pas en rester à nos reniements ;
  • courir jusqu’au tombeau pour s’y pencher ;
  • entendre le témoignage de ceux qui proclament le Vivant ;
  • se laisser soi-même rejoindre par le Ressuscité ;
  • vivre de la puissance de son Esprit ;
  • et témoigner de Lui auprès des autres.

 

Ça, c’est notre chemin, à nous tous. Par des vocations différentes, à des âges différents, des rythmes différents. Mais tous, nous sommes appelés à faire de notre existence sur terre une marche qui passe par ces grandes étapes menant à la Vie : ne pas en rester à nos reniements, courir jusqu’au tombeau pour s’y pencher ; entendre le témoignage de ceux qui proclament le Vivant ; se laisser soi-même rejoindre par le Ressuscité ; vivre de la puissance de son Esprit ; et témoigner de Lui auprès des autres.

 

Quel que soit l’endroit de ce chemin où vous êtes actuellement, dites-vous que c’est le chemin de la Vie ; le seul chemin qui donne sens à l’existence et qui apporte le salut éternel.

 

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Dans notre assemblée de ce jour, présente sur place ou numérique, il y a certainement des Simon-Pierre à la première étape, celle de la prise de conscience des reniements. Ça tombe bien, le sanctuaire du Laus est un lieu privilégié pour les identifier et les abandonner. Vous qui prenez conscience de vos reniements, que la lumière du Ressuscité vous éclaire comme une puissance de miséricorde !

 

Dans notre assemblée, il y a sans doute aussi des Simon-Pierre qui se penchent sur le tombeau, comme nous l’entendions hier dans l’évangile : interrogation sur le pourquoi de la mort, ou vive tristesse d’avoir vu partir un proche. Vous qui peinez aujourd’hui devant la mort, que la lumière du Ressuscité vous éclaire comme une folle espérance !

 

Dans notre assemblée, il y a peut-être aussi des Simon-Pierre qui, avec d’autres disciples, entendent le témoignage de ceux qui disent que Jésus est vivant. Mais les doutes sont encore plus forts. Que la lumière du Ressuscité vous fasse alors passer du doute à la foi.

 

Dans notre assemblée, il y a peut-être encore des Simon-Pierre rencontrant ces jours-ci le Ressuscité : rencontre au plus intime, évidence d’une présence. Avec vous qui vivez cette belle expérience, nous rendons grâce pour cette lumière qui rejoint vos âmes.

 

Dans notre assemblée, il y a peut-être aussi des Simon-Pierre saisis par l’Esprit Saint au cours de ces fêtes pascales et qui n’ont alors plus qu’un seul grand désir : témoigner du Ressuscité et en parler au monde entier !

 

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Où que vous en soyez dans ce chemin de lumière, avançons ensemble pour en contempler les merveilles et en célébrer les beautés ! Chemin de lumière pour chanter avec Simon-Pierre et tous les autres, pendant tout une octave, pendant tout le temps pascal, et en fait pendant toute notre vie, le grand chant qui donne sens à tout :

 

Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Alléluia !