Homélie du sixième dimanche de Pâques

dimanche 14 mai 2023

Par le Père Michel Desplanches - Recteur

L’apôtre saint Pierre, dans la deuxième lecture, vient nous rejoindre dans notre quotidien lorsqu’il nous dit : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. » En effet, bien souvent,  dans un environnement éloigné de la foi, nous nous trouvons dans la situation des premiers chrétiens, incompris et appelés à nous expliquer sur notre foi… Et, comme le dit saint Pierre, « sur l’espérance qui nous habite. » Il faut avouer que la faiblesse de notre formation chrétienne ne nous aide pas… Je discutais un jour avec des Témoins de Jéhovah. Ils avaient sonné au presbytère pour me demander si j’avais entendu parler de Jésus…Dans la conversation, ils m’ont dit : « Vous savez, ça n’est pas difficile : quand nous sonnons chez des musulmans ou des juifs, ils connaissent leur foi et ils y sont attachés ; les protestants connaissent très bien la Bible;  quand nous sonnons chez quelqu’un qui ne connaît rien, c’est un catholique ! »Agréable à entendre quand on a voué sa vie à la transmission de la foi… Devant ce constat chacun a sa réponse : il faut apprendre par cœur les vérités du catéchisme, il suffit de vivre dans le respect et l’amour de tous… Pour ma part, je reviendrai à la parole de saint Pierre : il ne nous dit pas que nous devons réciter le catéchisme ou que nous devons disparaître pour être vraiment chrétiens. Il nous demande de « rendre raison de l’espérance qui est en nous. »Et, à mes yeux c’est là le cœur du problème. Quelle espérance nous habite?

À plusieurs reprises, l’apôtre saint Paul souligne que ses contemporains vivent «sans espérance. » Cela signifie donc que ce qui caractérise le chrétien, c’est l’espérance qu’il a dans le cœur!

Dans un pays où moins d’un habitant sur deux croit en Dieu (de quel Dieu parle-t-on d’ailleurs ?). Il m’apparaît évident que la société est fatiguée, méfiante et morose, et qu’avant tout, elle a besoin de retrouver le chemin de l’espérance. C’est là que se trouve la frontière invisible qui change une vie. Espérer, c’est ouvrir les bras à l’autre, accueillir un avenir qui me vient d’ailleurs, qui m’est offert.  L’espérance c’est la définition même de l’existence chrétienne. Le désespoir marche la main dans la main avec la peur. Notre monde est habité par la peur et une peur entretenue (immigration, changement climatique, épidémie, inflation…). Mais la peur la plus profonde, c’est la peur de perdre la source de l’amour. Quand la relation est malade, la peur prend le dessus, et l’espérance disparaît avec l’amour. Cela signifie donc que l’espérance la plus belle, le cœur de notre foi,  c’est l’espérance d’être comblés par le don du plus grand amour. Si le catholique ne sait plus cela, il est devenu « comme les autres qui n’ont pas d’espérance… » Voilà pourquoi Jésus ne cesse de nous inviter à nous aimer et à accueillir l’Esprit d’amour qui nourrit notre espérance d’être comblés, submergés par un amour sans limites. Dieu seul est, en effet, à la mesure de cette espérance qui nous habite, de l’amour dont nous avons soif. Cette espérance est un élan qui dynamise notre vie. Dieu est amour. Dieu n’est qu’amour. Il se donne à moi. Par l’Esprit-Saint qui m’a été donné, Dieu demeure en moi. Il m’ouvre à l’infini de l’amour qui m’attend au terme de cette vie. Nous sommes faits pour aimer et être aimés éternellement. C’est notre vocation. C’est le secret de l’espérance qui nous habite… Et nous avons à en rendre compte dans la joie de l’Esprit-Saint!