Homélie du septième dimanche de Pâques

dimanche 21 mai 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

Cette page d’Evangile, si on ne prend pas le temps de la travailler, peut nous sembler compliquée, redondante et somme toute peu claire. Ce passage est pourtant très beau et même essentiel à notre foi. C’est la grande prière de Jésus avant sa Passion. On l’appelle la "prière sacerdotale" de Jésus.

Le mot que l’on retrouve le plus souvent (6 fois) dans ce texte est le mot "gloire" ou "glorifier". La gloire, nous savons bien ce que c’est. Nous avons tous eu notre heure de gloire ! Au sport, au travail, en famille, dans une activité artistique… Nous nous distinguons et notre entourage nous admire. C’est la gloire !

Mais une gloire bien humaine… Une gloire qui ne dure guère. Or notre Père du ciel ne veut pas pour ses enfants bien-aimés une gloriole fugace et fragile.

Depuis toujours, le Seigneur veut offrir à sa créature de partager sa gloire. Mais qu’est-ce que cela signifie ? 

Dans la Bible, la gloire de Dieu, c’est lui-même se révélant dans sa majesté, dans sa puissance. La gloire, c’est l’éclat de sa sainteté, le dynamisme de son Être. Centrés sur nous-mêmes nous ne pouvons nous glorifier que de nos petits exploits…Mais vivre un chrétien, ce n’est pas se glorifier soi-même, c’est glorifier Dieu, lui rendre gloire. Et c’est ce que fait Jésus. Ses paroles, ses actes, sa vie et sa mort nous révèlent qui est Dieu. Car en sa chair se révèle la gloire du Verbe, la deuxième personne de la Trinité sainte. En ce sens, Jésus partage la gloire de son Père. Il se reçoit totalement  de lui. Le regard d’amour du Père sur son Fils lui donne toute sa consistance, son épaisseur, son "poids".

Le mot hébreu "Kabôd", qui se traduit par "gloire" fait référence au poids. Il s’agit du poids social, de l’importance qu’occupe quelqu’un dans la société. Le regard du Père sur Jésus lui donne toute son importance, il donne tout son poids à sa parole et à ses actes. Le Fils est glorifié par le Père. Et en retour, le Père est glorifié par le Fils. Tout son être est pour la gloire du Père. Il ne cesse de nous révéler qui est le Père. Il lui rend gloire. C’est-à-dire qu’il reconnaît, admire, contemple la splendeur éternelle du Père.« Tout ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à moi. » Un coin du voile est ainsi levé sur l’unité du Père et du Fils… Cette gloire, se resplendissement de la majesté de Dieu, c’est l’Esprit Saint , Celui que nous attendons à la Pentecôte. Il est l’Esprit de gloire,  l’Esprit qui repose sur nous. L’Esprit qui nous donne notre consistance, notre épaisseur. Nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu et, par grâce, nous sommes participants de sa gloire dès cette terre.  Si nous portons ce trésor de la gloire dans des vases d’argile sur cette terre, cette gloire se révélera en plénitude à la fin du temps, quand le Fils de l’Homme "reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts". Ainsi, vous le comprenez, l’Esprit-Saint que nous attendons n’est pas une récompense pour les bons chrétiens. Il est l’Amour éternel qui constitue notre être le plus profond. Il est la vie de notre vie, l’intime de notre pauvre existence. Par lui, vivant et saint, brûlant en nous, nous participons déjà dans la foi à l’intimité même de la Trinité sainte, à sa gloire. Mouvement perpétuel d’amour et de vie, cette gloire est notre éternité lumineuse, paisible et infiniment heureuse. Ainsi dès cette terre, dans la foi, la gloire du ciel inonde notre âme. Benoîte en a témoigné avec éclat. À sa suite, humblement, laissons briller en nous cette gloire qui rayonne sur la face de Dieu. Viens, Esprit-Saint!