Homélie du Saint Jour de Pâques

dimanche 09 avril 2023

Par Le Père Michel Desplanches

Tout au long de la semaine sainte, où la douleur et la souffrance ont transpercé le cœur de Marie, la douce lumière de Pâques a pourtant habité notre prière au long des jours. L’espérance n’a pas cessé de couler sous le poids des lourds rocher qui pourtant recouvraient la rivière silencieuse de notre foi. Ces rochers de nos douleurs intimes n’ont pas arrêté l’onde joyeuse de l’espérance chrétienne.

La Vie ne peut pas être enfouie sous  une pierre tombale!

Pourtant, l’actualité ne nous a offert, ces derniers jours que la perspective d’une mort demandée, donnée, partagée. Quel violent contraste avec la victoire du Christ en ce matin de Pâques!

Ce fut et ce sera encore l’occasion de fustiger ces religions qui refusent l’euthanasie.

Mais ces religions savent depuis des millénaires que l’ennemi de l’homme n’est pas la vie, mais la mort. Le christianisme n’a eu de cesse de mettre en place les structures sanitaires, éducatives et diplomatiques pour que chacun puisse goûter au bonheur de vivre.

Alors que la nature s’éveille à la vie dans nos montagnes, l’Eglise célèbre la vie dans toute la splendeur du printemps.

Oui, la vie est douce quand elle est accueillie comme un don du Ressuscité. Nous sommes faits pour la vie. Et la vie est si belle! Si belle que Dieu l’a voulue éternelle pour nous l’offrir en ce jour comme un cadeau de son amour. Quel cadeau merveilleux que la vie!

Oui, beaucoup de personnes souffrent sur cette terre. Mais une civilisation ne peut s’évaluer qu’à l’intérêt qu’elle porte aux plus faibles et aux plus petits. La barbarie, elle, répand la mort. Quand le seul Dieu que l’on reconnaît est le profit et le pouvoir, la mort du plus faible devient une solution à envisager. Une solution finale… Accompagner nos vieillards et nos malades, les personnes porteuses de handicap, c’est là  le chemin de vie. L’aide active à mourir est un échec impensable dans une société aussi évoluée que la nôtre… Jésus a pris sur lui toute l’horreur du mal et de la mort pour libérer ce qu’il y a de plus précieux, de plus heureux, de plus généreux en nous. Il a ouvert l’âge de la foi et chassé l’ombre de la mort et de la peur!

Face aux perspectives mortifères que l’on nous présente, nous n’avons à offrir qu’un tombeau vide, une absence plus parlante que nos discours. On n’enferme pas la vie dans les tombeaux… Jésus s’est fait connaître comme « le chemin, la vérité et la vie. » Suivre le Christ, c’est suivre un chemin, pas un catalogue d’observances. Face à l’horreur de la mort, Jésus ouvre un chemin en cette fête de Pâques. « Là où il passait, il faisait le bien », nous disait la première lecture. Suivre le Christ c’est apprendre à nous humaniser chaque jour davantage. Car  Il nous apprend à aimer.

Le masque hideux de la mort est un mensonge. Et Pâques dévoile ce mensonge. La vérité, c’est le Christ ressuscité. La vérité, c’est que nous sommes faits pour une vie qui n’a pas de fin. De l’autre côté, nous connaîtrons Dieu comme il nous connaît. Nous ne ferons qu’un en Lui. C’est notre espérance indéracinable.

Le Christ est la vie. Saint Paul pouvait s’exclamer: « Pour moi, vivre c’est le Christ! » La vie n’est pas un miracle biologique passager. La vie c’est Quelqu’un qui m’aime et qui a tout donné pour moi.

Ne restons pas là, fascinés par la culture de mort qui s’installe tranquillement dans les cerveaux et les âmes. « Recherchez les réalités d’en-haut! », nous disait saint Paul. C’est là qu’est le Christ, et non dans les sinistres seringues de la mort. Il est vraiment ressuscité et le dernier mot de notre existence, c’est la vie!

Avec toute l’Eglise, faisons tout pour que tous nos frères humains puissent mener une vie heureuse. Que nos engagements rendent la vie toujours plus belle pour tous. Fuyons toute puissance de mort et jetons-nous avec amour dans les bras du Ressuscité. Il est le chemin, la vérité et la vie d’un monde résolument nouveau. Amen

 

Père Michel Desplanches

Recteur