Homélie du lundi de Pentecôte

lundi 29 mai 2023

Par Monseigneur Malle

Dans tous les moments importants de la vie de Jésus, Marie est là.

Éminemment dans les évangiles de l’enfance, mais aussi dans sa vie publique. Ainsi Marie est présente au moment crucial des noces de Cana où Jésus comprend qu'il peut entreprendre sa mission publique. Elle l’accompagnera pendant ces trois années de vie publique. Dans l'Évangile de ce jour, en quelque sorte la fin de sa vie publique, nous lisons « près de la Croix de Jésus se tenait sa mère ». Se tenait, en latin ‘Stabat’, est le début d'une hymne magnifique contemplant Marie se tenant au pied de la Croix. A ses côtés, l’apôtre st Jean préfigurait toute l’Église : « Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : ‘Femme, voici ton fils’. Puis il dit au disciple : ‘Voici ta mère’. »

Dans notre première lecture, extraite du livre des actes des apôtres nous lisons « tous d’un même cœur était assidu à la prière avec des femmes et avec Marie la mère de Jésus ».

Si l'église est le corps du Christ, selon l’expression de st Paul (Romains 12.5) alors Marie se tient en prière avec elle, c'est-à-dire avec nous ce matin.

Toute mère parmi nous aurait fait pareil. Accompagner son fils dans la douleur ; combien êtes-vous chères mamans à avoir accompagné votre enfant dans la douleur et jusque dans la mort ? Combien êtes-vous chères mamans à accompagner les amis de vos enfants ?

Alors comment pourrions-nous douter que Marie est la mère de l’Eglise, selon le beau titre de cette fête décidée par le pape François, reprenant un titre donné à la Vierge par le Pape Paul VI pendant le concile Vatican II ? Comment pourrions-nous douter que notre mère se tient en prière avec nous, les amis de son Fils ? Comment pourrions-nous douter que Marie se tient aux côtés de l’Église et même comme membre éminente, y compris dans des temps difficiles ? Sur ce point, je veux vous rassurer, les difficultés n’ont jamais manqué à l’Église et ne lui manqueront jamais ; depuis le pied de la Croix, cela n’a jamais été facile. Une professionnelle de la communication m’a dit récemment : « un gars en croix, ce n’est pas très porteur ! » Si les difficultés ne manquent pas à l’Église, Marie ne manque pas non plus. Stabat. Elle se tient dans l’Église.

Il arrive que des paroissiens se plaignent que la liturgie de leur paroisse n’est pas trop porteuse, qu’on s’y ennuie. Alors laissez-moi vous parler d’un jeune militaire, que j’ai eu la joie de confirmer samedi soir, car il quittera le diocèse cet été. Pour demander à être confirmé, il m’écrivait que sa fiancée l’avait invitée à venir avec elle à la messe à l’église saint Roch et qu’il y avait été happé par tant d’émotions, avoir reçu tant d’amour, qu’il s’est passé quelque chose en lui, au cours de cette messe. Pourtant, cette messe n’avait sans doute rien d’extraordinaire, une messe ordinaire dans une de nos paroisses du diocèse, et je dirai pour faire un clin d’œil à nos chères bénédictines, sans la liturgie magnifique du sanctuaire du Laus ! Comment peut-on douter que Dieu était à l’œuvre lors de cette messe ordinaire ? Comment peut-on douter que Marie stabat, se tient là, à nos côtés.

Je vous prends des exemples ici au Laus : Celui de la première tranche de travaux Le Laus 2025 : nous sommes passés juste avant la crise de la construction et l’augmentation des matériaux. Ou encore celui de la chaufferie bois qui arrive au bon moment pour lisser l'augmentation des coûts de l'énergie. Vous êtes d’ailleurs tous invités à la fin de cette messe à vous diriger vers le haut du sanctuaire, devant l’ancien accueil hôtelier pour la bénédiction de la chaufferie bois. Et cette après-midi, toutes les heures, des visites guidées seront assurées. Ou enfin celui de plusieurs legs importants que le Sanctuaire a reçu et qui vont permettre de passer cette année difficile sur le plan économique avec l’inflation.

Mais puisque nous fêtons ce jour les jubilaires, n’êtes-vous pas la preuve vivante que Dieu ne vous a pas abandonné ? Que Marie stabat, se tient à vos côtés ?

La prière attribuée à st Bernard, que nous récitions souvent le soir en famille m’a porté et me porte : « Souvenez-vous, ô Très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé vos suffrages, ait été abandonné. Animé de cette confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je viens vers Vous, etc. »

Chers couples jubilaires, qu’est-ce qui différencie une famille chrétienne d’une autre ? C’est bien sûr le sacrement de mariage. Parce que dans ce sacrement, ce n’est pas qu’un engagement réciproque entre les époux, Dieu s’est engagé avec vous. Rappelez-vous que le premier miracle de Jésus était à Cana, lors d’un mariage. Il y avait déjà Marie. Jésus ne cesse de faire des miracles. Il y a aussi votre propre engagement, auquel il vous faut chaque jour consentir doucement. Rassurez-vous, je connais assez de couples et de familles pour ne pas idéaliser la vie conjugale et la vie familiale. Toute vocation comporte ses joies et ses croix. La grande tentation est de penser l’herbe plus verte chez le voisin et de fuir le terrain où Dieu nous a planté et nous attend et est actif. Votre témoignage de fidélité montre que c’est possible. Pour cela, merci.

C’est pourquoi cette fête des jubilaires est prophétique.

C’est pareil pour vous chers prêtres, diacres, religieux, religieuses, vous tous consacrés au Seigneur. Nous le savons, votre célibat pour le Royaume n’est pas compréhensible dans notre société. Le fait même qu’il soit attaqué montre qu’il fait signe. Et bien à vous aussi, car votre fidélité est un témoignage, je vous dis merci. Je vous dis merci ensemble, car célébrer ensemble des jubilaires consacrés, prêtres ou mariés montre la beauté de la complémentarité des vocations.

On parle beaucoup de développement durable, et notre nouvelle chaudière bois va dans ce sens ; permettez-moi de reprendre ce terme pour vos fidélités durables. Quel est le secret de la durabilité d’une famille chrétienne, ou d’une vocation consacrée ? c’est la prière. Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères. Puisse cette fête de Marie mère de l’Église vous encourager à la fidélité dans votre prière, personnelle et en couple, et pour les consacrés, à la Liturgie des Heures, le bréviaire, et pour les prêtres, à la célébration quotidienne de la Messe.

Il est heureux que le St Père, pour nous préparer à la grande année jubilaire, l’année sainte 2025, nous propose en 2024 une année sur la prière.

Auparavant, il vient de le dire, dès 2023, il nous propose de relire les 4 constitutions du concile Vatican II, nous allons discerner comment le faire. C’est le 21 novembre 1964 que le pape St Paul VI promulguait la constitution sur l’Église, Lumen Gentium, lumière des nations, et déclarait Marie , Mère de l'Église : je le cite : « c’est donc à la gloire de la bienheureuse Vierge et à notre réconfort que nous proclamons Marie très sainte, mère de l'Église, c'est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des pasteurs, qui l’appellent mères très aimante, et nous voulons que, dorénavant, avec un tel titre très doux la vierge soit encore plus honorée et invoqué par tout le peuple chrétien. »

Que l’Esprit Saint célébré hier fasse à chacun le don de la prière, et ici au Laus, de la prière mariale à la Mère de l’Église. Amen !