Homélie du jour de Noël

dimanche 25 décembre 2022

Par Le P Michel Desplanches Recteur

« Au commencement était le Verbe » nous dit saint Jean. Il nous plonge ainsi aux origines en ce jour de Noël. L’abîme du temps voit surgir l’éternité. Oui, l’éternité de Dieu advient dans le temps des hommes. C’est cela Noël.
« Au principe Dieu était ». Le propre de Dieu et d’être éternel, sans commencement. Ce qu’il est, il l’est toujours. Il ne peut changer, il est l’ETRE. Dans un monde où tout vieillit et change, il EST.
Le Verbe nous découvre aujourd’hui l’infini de l’amour. Ce Dieu qui prend la chair des hommes nous manifeste  qu’il est prêt à tout pour nous. Car aimer c’est être un autre, habiter un autre, n’être plus à soi mais à un autre. Il en est ainsi pour Dieu mais à un degré de sainteté infinie.
Dans notre vie humaine, lorsque nous sommes portés par l’émerveillement de la musique, de la peinture, de la nature ou de l’amour nous nous sentons délivrés de nous-mêmes, et nous nous sentons en même temps exister avec une plénitude incomparable. C’est là que la vie atteint son sommet. Cessant de nous regarder, nous ne sommes plus qu’un regard vers l’autre. Il en est ainsi de Dieu, infiniment. En Dieu, la connaissance n’est pas un regard sur soi. La connaissance est un regard vers l’autre. Ce Dieu qui vient à notre rencontre, ce Dieu qui vient nous connaître, veut passer par une totale et absolue désappropriation. Car ce Dieu qui prend chair en ce jour, est un amour qui se donne éternellement. Il est un Amour qui n’est rien qu’amour. Un amour qui n’a rien, un amour éternellement vidé de soi et dont la personnalité est un pur élan. C’est dans cet élan que nous entrons aujourd’hui, en cette fête de La Nativité, cet élan que rien, pas même la mort, ne pourra arrêter. C’est l’essence de la vie pour saint Jean : l’amour, l’amour qui se donne.
N’est-ce pas là la source de notre émerveillement en cette fête ?
Dieu, c’est quand on s’émerveille, Dieu c’est quand on découvre soudain le visage de la beauté, Dieu c’est quand résonne la musique de l’éternité, Dieu c’est quand nous ne sommes plus que ce regard qui nous délivre en nous comblant. Cette fête de Noël nous donne de nous émerveiller, de nous perdre dans le regard si pur de Dieu qui ouvre aujourd’hui des yeux tout neufs sur le monde.
Le vrai chrétien ne s’aplatit pas devant Dieu. Il ne se regarde plus. Il ne pense plus qu’à chanter parce que le monde en ce jour est devenu infini, chargé d’une tendresse incomparable. Libérés de nous-mêmes, chantons en ce jour, chantons libérés de nous-mêmes et tout entier saisis dans la joie d’être aimés infiniment.
Père Michel Desplanches
Recteur