Peut-être en avez-vous fait l’expérience ?
Il arrive parfois dans la vie que tout semble vous lâcher : les amis, la famille, le travail, la santé… Tout. Le sol se dérobe sous vos pieds… Plus rien ne tient… C’est, humainement, ce que vit Jésus dans sa Passion. Plus aucun soutien ne se manifeste. Le Père lui-même garde le silence… Et l’angoisse étreint Jésus dans la nuit.
Mais, bien plus profond que le drame humain qui pourtant nous bouleverse, il y a la réalité divine de ce qui se déroule. Car ce pauvre condamné sur qui l’on s’acharne, ce pauvre corps criblé de coupas et couvert de crachats sous les yeux de sa mère, c’est Dieu lui-même.
Jésus n’est pas un simple prophète. Il est la deuxième personne de la Trinité sainte. Il est Dieu comme le Père et l’Esprit-Saint. En Jésus, c’est Dieu lui-même qui s’expose aux brutalités, aux moqueries, à la haine misérable de la foule anonyme et cruelle. Ce visage défiguré par la douleur et la torture, c’est Dieu, c’est l’Amour infini que l’on humilie. Pour certains, il est si drôle d’humilier un homme quand il est à terre. La violence, notre violence, se déchaîne contre celui qui nous sauve. Et il nous sauve en absorbant notre insoutenable violence. Toute la haine du monde, il la prend sur lui, depuis l’origine des temps jusqu’à la fin des temps. Toutes les horreurs qui peuvent sortir du cœur de l’homme son englouties dans cet Amour infini qui, dans un même élan, s’offre au Père et à tous les hommes. C’est cela le cœur de notre foi : nous sommes sauvés des forces de la mort par la puissance d’aimer qui s’expose sur une croix. tous les sacrifices et toutes les prières de l’Ancien Testament ont échoué à ouvrir un chemin nouveau pour l’homme. Alors, Dieu lui-même, en son Fils, vient en victime innocente offrir sa vie pour nous libérer de toute puissance de mort.
Oui ce condamné nous libère, ce crucifié nous sauve, ce cœur transpercé nous donne la vie !
Vivons heure par heure cette grande semaine avec le Sauveur. Jeudi, venons à son dernier repas ; vendredi, tenons-nous au pied de la Croix ; et samedi, veillons dans le silence débordant d’espérance qui habite le cœur de Marie. Du plus haut de la croix, Jésus nous l’a donnée pour Mère et ici, elle nous a honoré de sa visite. Notre Sanctuaire nous invite donc à vivre auprès de Marie les heures qui viennent, décisives pour le salut de toute la création… et donc décisives pour chacun de nous. Amen.
Père Michel Desplanches
Recteur