Homélie de la solennité de Pentecôte

dimanche 19 mai 2024

Par le père Michel Desplanches, recteur

Force est de le constater, chacun aujourd’hui bricole SA propre vérité à tous les niveaux. Notre individualisme touche à de tels sommets qu’il devient  impossible à beaucoup de participer à une démarche commune. On ne vote pas…Le bien commun s’efface devant la puissance des lobbys ou la force de l’individualisme. Chacun revendique la lutte contre le «système ». Toute difficulté sociale  est considéré comme un mal "systémique". Et chacun revendique son absolue indépendance. Alors, devant la faiblesse des institutions et l’aveuglement de beaucoup, chacun se retrouve tout seul. Tout seul  pour bricoler SA vérité, SA religion, SA morale… Nous voyons sous nos yeux  s’étendre le règne de Babel. Chacun parle à l’autre dans sa propre langue et n’entend autour de lui qu’une multitude de langues incompréhensibles…
À l’heure où l’on nous chante l’Europe unie, chacun tire de son côté. On appelle au dialogue et l’on ne constate que des violences et des insultes !
Le mal social, il faut le dire clairement,  est d’abord un mal spirituel ! La division et la haine sont les fruits amers du péché. L’impossibilité de former les consciences dans une société apaisée a des conséquences sociales considérables !
Face à cet éclatement, beaucoup pleurent les temps anciens comme s’ils vivaient ailleurs ou à côté de la société. Mais je nous sommes de cette société occidentale telle qu’elle est aujourd’hui. Notre péché contribue au malaise général.
Nous entendions saint Paul dans la deuxième lecture détailler les ravages du péché : "inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalités, jalousies, emportements…"
Face à ce règne du mensonge et de la division, Jésus nos annonce la venue de l’Esprit de Vérité. Car la Vérité n’est la propriété de personne, sinon de Dieu seul.  Et c’est l’Esprit Saint qui nous conduira vers la Vérité tout entière. Cette Vérité, c’est le Christ lui-même, Chemin , Vérité et Vie. Cela signifie donc que la Vérité ultime n’est pas un règlement, un code, une charte. La Vérité c’est quelqu’un. C’est une personne que je ne connaîtrai en profondeur qu’en accueillant l’Esprit-Saint. La Vérité n’est pas un amas de papiers et de savants raisonnements. La Vérité, c’est Jésus qui se donne, Jésus qui se livre totalement et qui nous donne la Vie.
C’est bien lui l’Esprit du Christ, l’Esprit de Vérité qui unit toutes les langues et qui crée la communion entre tous les hommes: "Tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu", nous disait le Livre des Actes des Apôtres.
Accueillir l’Esprit de Vérité, c’est toujours tourner le dos au mensonge, c’est agir pour ce qui unit et non pour ce qui divise.
L’Esprit-Saint est une force, un souffle, un feu. C’est cet élan qui porte chaque baptisé et l’Eglise entière vers l’unité.
Là où nous nous cramponnons à nos petites vérités de 4 sous, l’Esprit-Saint vient aujourd’hui nous dévoiler l’infini des profondeurs de Dieu, Vérité et Vie. Il ne crée pas de l’agitation. Il nous fait pénétrer dans les abîmes du cœur du Père. Il nous rend à notre vocation première de fils et de filles d’un même Père. Aujourd’hui, dans l’Esprit-Saint, nous ne sommes  plus des étrangers les uns pour les autres , mais nous sommes des frères et des sœurs vivant de la même vie venue de Dieu.
Et cette merveille de fraternité est à partager à notre monde blessé et divisé. Le grand cycle de la révélation s’achève aujourd’hui  par l’envoi en mission. Jésus, Seigneur des seigneurs, nous envoie à tous porter la joie d’être véritablement frères, la joie d’être définitivement sauvés de la mort et unis par l’amour qui vient de Dieu.
Ici, à Notre-Dame du Laus, la Vierge Marie nous rappelle sans cesse ce message de Vérité par son sourire qui, depuis 360 ans illumine ces lieux. Que ce sourire paisible et lumineux, chers amis, nous ouvre à la venue de l’Esprit-Saint au plus intime de notre âme pour notre plus grande joie.

Père Michel Desplanches
Recteur