Homélie du dimanche de la Divine Miséricorde

dimanche 16 avril 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

Depuis l’an 2000, le deuxième dimanche de Pâques est appelé dimanche de la Divine Miséricorde, en réponse aux révélations reçues par sainte Faustine, une religieuse polonaise. Mais, si le mot Miséricorde est totalement étranger au vocabulaire courant, son sens même en est largement inconnu. On nous dit, en effet  : « la Miséricorde, c’est le pardon. » Alors pourquoi ne parle-t-on pas de pardon, tout simplement ? Eh bien, parce que le pardon n’est qu’un aspect ou une conséquence de ce qu’est en vérité la Miséricorde.

En effet, ce mot, en hébreu, désigne « les entrailles. » Pour les juifs, c’est bien là le siège de nos sentiments, de nos grandes douleurs et de nos grandes joies. La Miséricorde, c’est le mot qui désigne donc  l’attachement que Dieu porte à sa créature. On dirait aujourd’hui que son amour pour nous le « prend au tripes », le remue jusqu’aux entrailles, le touche jusqu’au plus profond de son être. Ainsi, faire l’expérience de la Miséricorde ne consiste donc pas avant tout à se sentir le cœur léger après avoir confessé ses péchés ! Faire l’expérience de la Miséricorde, c’est découvrir que Dieu m’aime d’un amour viscéral comme celui qu’un père ou une mère porte à son enfant. C’est cela la Miséricorde.

 On peut dire que c’est aussi la tendre proximité de notre Dieu envers chacun et chacune de nous. Notre Dieu n’est pas un Dieu lointain. Jésus nous l’a manifesté : « Qui me voit, voit le Père », nous a-t-il dit. Guérissant, enseignant, mourant, ressuscitant, tout, en Jésus, nous dit la tendre proximité du Père. Il ne recule devant rien pour nous sauver de la mort produite par nos péchés. Il nous veut vivants!

Ceci étant dit, en quoi cette expérience puissante, profondément intérieure,  peut-elle nous faire grandir ? Dans l’Évangile selon saint Luc, Jésus nous dit : « Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux. » Il y a là un appel radical à vivre nous aussi dans une tendre proximité avec nos contemporains.  C’est un véritable projet de société. Quelle est la profondeur, l’intensité de nos relations ? Il s’agit donc pour nous, dans la logique directe de la vie nouvelle reçue à Pâques, de cultiver une véritable qualité d’écoute, une sensibilité profonde face a l’indifférence qui caractérise notre monde. À la suite de Jésus, on pourrait même dire que nous avons à cultiver une authentique vulnérabilité qui doit nous permettre de rejoindre en particulier, bien sûr, les plus abîmés par la vie. La Miséricorde c’est cela, c’est un profond travail intérieur de conversion. Là où notre environnement culturel nous exhorte à bâtir notre vie chacun dans notre coin, disciples du Christ, nous avons à cultiver une qualité de relation toute différente, toujours neuve de la nouveauté du matin de Pâques. Dieu a manifesté la puissance de vie et d’amour éternelle qu’il y a à partager, tout simplement, une tendre proximité envers tous. Ce fut la mission de Jésus sur la terre. Ainsi est né un monde nouveau dont nous sommes aujourd’hui les acteurs choisis et envoyés par le Père. La mission est exaltante et redoutable tout à la fois.  La crédibilité du monde nouveau inauguré par le Christ passe désormais par notre conversion à la Miséricorde. Ainsi, en ce beau deuxième dimanche de Pâques nous fêtons la miséricorde comme un don précieux, mais aussi comme une conversion à accomplir. Et cette mission urgente est incontournable pour chacun et chacune de nous. Il en va de la crédibilité de l’Evangile!….

 

Père Michel Desplanches

Recteur