Homélie du dimanche 28 mai

dimanche 28 mai 2023

Par Le père Brice Miguel Mekongo

« Recevez l’Esprit Saint ».

Frères et Sœurs Bien-aimés, ces paroles de Ressuscité nous disent pourquoi nous nous sommes rassemblés en ce jour de la Pentecôte : c’est pour faire mémoire de l’événement du don l’Esprit Saint aux disciples unis et réunis, et le rendre présent pour nous, pour l’Église et pour le monde. Saint Jean, dans l’évangile, nous dit que Le soir de Pâques, le Christ ressuscité apparait, se met au milieu des disciples enfermés dans la maison et leur dit : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Après leur avoir donné sa paix, le Christ envoie ses disciples en mission pour porter au monde cette paix, pour changer le monde par elle.

Cette paix du Christ n’est pas une paix du monde, et il ne la leur donne pas à la manière du monde comme il le dit lui-même : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). Elle n’est pas tranquillité humaine ni vie facile. Elle ne se reçoit pas dans le yoga, ni des pratiques du même genre. Non, c’est la paix de Dieu, la paix du Sacrifié et du Ressuscité, la paix de la réconciliation, du pardon des péchés, de la confiance en la Miséricorde divine en toutes circonstances ; c’est la paix qui dépasse toute raison, toute limite, toute crainte, tous les complots, les rancunes, et les forces du mal.

Mais comment un groupe composé de personnes apeurées et fragiles (même spirituellement) peut-il porter au monde cette paix ? Comment les disciples peuvent-ils changer un monde où les hommes sont mus par cette pulsion intérieure qui les porte à poser des actions contre cette paix. Oui, il n’est pas naturel d’être homme et femme de paix. Il n'est pas naturel de faire du bien à celui qui nous fait du mal, de tendre la joue droite lorsqu'on nous frappe à la joue gauche, de donner sa tunique à celui qui nous a arraché le manteau, d’embrasser le lépreux qui nous répugne, de penser que la vie la plus belle est de se donner pour les autres. Notre nature biologique nous pousse à répondre à l'insulte par l'insulte, à la gifle par la gifle, à la provocation par la provocation. Il nous vient plus naturellement de penser à nous-même, de ne chercher notre intérêt, de faire ce qui nous plaît. Comment changer un monde où l’on ne suit pas le bon exemple, où la paix de Dieu ne séduit plus les hommes ?

Pour changer un tel monde, il faut être doté d’une force extraordinaire, de la force même dont est doté le Christ. Voilà pourquoi, ayant envoyés ses disciples en mission, il souffla sur eux et il leur dit :« Recevez l’Esprit Saint », c’est-à-dire, « recevez en cadeau la même force que vous avez vu en œuvre en moi ». Le Christ souffle à l’intérieur de chacun de ses disciples pour nous donner la Force divine qui nous rend capables de mener à bien la mission qu’Il nous a confiée : c’est cela la Pentecôte, notre Pentecôte. A la Pentecôte, les juifs célébraient Dieu qui leur a fait don de la Torah qui leur montre comment vivre en humain. Nous nous Célébrons Dieu qui nous fait don de son Esprit qui nous fait vivre de la vie divine.

Comprenons-nous alors vraiment quel immense don nous est fait aujourd'hui ? Réalisons-nous quelle transformation nous devons attendre pour nous-même et pour le monde ? La première lecture de ce jour tirée des Actes des Apôtres utilisent des symboles qui peuvent nous éclairer.

« Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière ». L’Esprit-Saint agit comme le souffle puissant de ce coup de vent : il purifie l’atmosphère spirituel de notre vie intérieure polluée. Il est irrésistible ; là où il descend, rien ne reste plus comme avant. Tout ce qui est contraire à la vie divine est véritablement balayé comme le fait le vent. Si tu es malhonnête, égoïste, replié sur toi et sur les réalités du monde, l’Esprit du Christ va te retourner et te transformer comme ce fut le cas pour Zachée. Il nous pousse vers la Croix pour l’accueillir comme le chemin de la paix ainsi qu’il le fit très concrètement avec Benoîte Rencurel, la Bergère du Laus qui poussée par l’Esprit-Saint, se rendit à la croix d’Avaçon pour y voir le Crucifié.

L’Esprit-Saint agit aussi en nous comme le feu : « Alors, leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint ». Le feu est souvent le symbole de Dieu. Rappelons-nous du buisson ardent qui brûle mais qui ne consume pas (cf. Ex 3). Et Jésus a parlé de ce feu qu’il est venu apporter sur la terre et qu’il voudrait déjà qu’il soit allumé. Ce feu-là, le feu de Dieu, le feu de l’Esprit-Saint, lorsqu’il nous embrase, il détruit notre péché, mais il ne consume pas ce qu’il y a de meilleur en nous : notre foi, notre joie, notre liberté, notre amour, nos vertus, nos relations et activités ajustées. Au contraire, il renouvelle tout cela. Et le livre des Acte des Apôtres nous dit que le premier signe de ce renouveau, de ce renouvellement : c’est le langage qui est totalement nouveau, que tout le monde comprend.

Il y a un langage qui caractérise les personnes qui sont mues par l'esprit du malin qui pousse à regarder celui qui à côté de nous, non pas comme un frère, mais comme un rival avec qui il faut se battre. Ce langage est vulgaire, menaçant, agressif, violent ; il est mensonge et insulte. Or le langage nouveau introduit par le Feu de l’Esprit-Saint est celui des fils de Dieu ; il est composé de paroles et des gestes d’amour, de tendresse, d’encouragement, d’espérance. C'est le seul langage que tous comprennent quelque-soit la culture, le peuple, la nationalité.

Demandons au Seigneur de nous envoyer son Esprit, ; qu’Il agisse en nous comme le feu et fasse resplendir dans le monde ce langage nouveau.

Loué soit Jésus-Christ !