Homélie du Dimanche 2 Février 2025 - Présentation du Seigneur au Temple

dimanche 26 janvier 2025

Par le père Michel Desplanches, recteur

« Et soudain, viendra dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez », nous dit le prophète Malachie. Au-delà du geste traditionnel de Marie et Joseph, c’est bien le Seigneur qui s’avance et  prend possession de son Temple en ce jour. La portée de leur geste religieux est bien plus grande que la simple obéissance à la Loi. Le vieillard Syméon et la prophétesse Anne sont la voix de l’Ancien Testament qui accueille le Sauveur. Cet Enfant est la lumière des nations. C’est pourquoi en ce jour nous ne célébrons pas un obscur anniversaire, mais le Sauveur, lumière qui se révèle aux nations. Cet enfant est bien la lumière, née de la lumière, le vrai Dieu né du vrai Dieu. Aussitôt qu’il aperçoit la famille, Syméon s’exclame : «Mes yeux ont vu le salut ». Le salut n’est pas une théorie, un rêve pieux. Le salut, c’est quelqu’un, c’est cet Enfant  qui semble si faible. Il est l’Agneau de Dieu, l’Agneau sans tache qui vient sauver le monde.
Si cet enfant est le salut lui-même, au milieu de nous, le Temple n’a plus de raison d’être. Si cet enfant est l’Agneau véritable , livré pour le sacrifice qui sauve le monde, tous les sacrifices du Temple, deviennent inutiles. Ce texte ne vient donc pas comme un simple rappel de l’ancienne Loi. En ce jour, le Seigneur prend possession du temple. Les pierres sont dépossédées de leur pouvoir sacré. Le Temple véritable, c’est le Christ. Souvenons-nous de la parole de Jésus dans l’Évangile de Jean : « Détruisez ce Temple, et, en trois jours, je le relèverai. » Et il ajoute: « Il parlait du temple de son corps. »
 La fête de la Présentation du Seigneur au Temple est célébrée en semaine la plupart du temps. Pour autant,  elle n’est pas anecdotique. 40 jours après Noël, nous célébrons Jésus comme le Temple véritable. Son corps et le lieu de notre salut. Il est le lieu de notre rencontre avec Dieu.  Désormais, toute prière se fera «…par Jésus-Christ, notre Seigneur…» Désormais le Temple, ce ne sont plus que des pierres comme les autres pierres, et les sacrifices sont devenus inutiles. Dieu est venu au milieu de nous. Il a offert le Temple de son corps pour arracher l’homme à l’obscurité  du Mal et de la Mort. Joie de toute la création qui rejoint la joie de Syméon et d’Anne. Joie des bergers, joie des mages, joie du Magnificat… Toute la joie du monde éclate dans le chant de Syméon.
Nos cierges ont été bénis en ce jour de Chandeleur. Nous avons porté la lumière du Christ qui vient briller sur le monde . Ce bonheur n’est pas celui de notre petit troupeau. Ce bonheur et celui de tous les hommes, de tout l’univers. Et l’Eglise, depuis 2000 ans, ne cesse de porter à tous cette joyeuse  lumière qui est le Christ.
Pourtant déjà se profile, la Passion : « Un glaive transpercera ton âme », annonce Syméon à la Vierge Marie. La douleur se mêle  à la joie. Jésus, artisan d’unité, sera paradoxalement un signe de contradiction. Oui, les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes… L’ombre de la croix se joint à la joie de ce jour , car la vie véritable jaillira de la croix. La foi n’est pas une plongée dans l’irréel. La foi nous rejoint au cœur des contradictions de ce monde où la joie a toujours son contrepoids de douleur.
Jésus prend possession du Temple de Jérusalem en ce jour , et c’est dans cette ville qu’il sera mis en croix et ce jour-là, le rideau du Temple se déchirera. Syméon et Anne ont accompli leur mission dans leurs vieux jours. Ils peuvent désormais quitter en paix cette vie. Ils ont vu le salut. Il a le visage de Jésus-Christ. À leur suite, ouvrons les bras et accueillons la vraie lumière qui se donne à nous. Et laissons la joie la plus lumineuse et la plus profonde habiter notre âme.