Homélie du deuxième dimanche du temps Ordinaire

dimanche 14 janvier 2024

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

L’horizon incertain que nous offre aujourd’hui le paysage politique et économique risque de nous renforcer dans cette croyance un peu naïve en « l’homme providentiel. » En effet, nous sommes bien souvent persuadés que, quelque part, existe un homme ou une femme qui porte une vision fédératrice  et dynamique de l’avenir. D’ailleurs plusieurs personnes du monde économique, politique ou religieux, sont persuadés d’être des figures messianiques attendues par la société entière !

Du temps de Jésus, l’attente du messie était brûlante: un homme allait  sauver le peuple, le libérer et restaurer une royauté puissante en Israël , signe de la fin des temps. C’est donc dans ce contexte que Jésus commence sa mission.

Nous le savons, beaucoup d’espérances trop humaines de ses contemporains seront déçues. Jésus ne sera pas à la tête d’un soulèvement politique. Il ne brillera pas par sa tactique militaire.

L’Évangile que nous venons d’entendre vient donc déconstruire notre image toujours vivace d’un messie agissant comme un super héros solitaire. Non, Dieu ne débarque pas sur terre en occupant le terrain. Il entre dans une histoire, l’histoire du peuple juif. Il ne cherche pas à séduire le peuple. Au contraire, Jésus va laisser Jean-Baptiste accomplir sa mission : désigner lui-même  le messie. Le dernier des prophètes rend témoignage à la personne du Sauveur. Jésus ne s’impose donc pas. Il se révèle au cœur de l’histoire de son peuple. Plus encore, le Sauveur refuse d’agir seul. Les disciples de Jean-Baptiste sont aiguillés par lui vers Jésus et le suivent. Ce sont des chercheurs de Dieu attentifs au témoignage de Jean-Baptiste. Et l’apôtre Pierre lui-même, se mettra en route sur le témoignage de son frère André.

Nous voyons bien toute la délicatesse des commencement de la mission dans l’Évangile de Jean. Jésus ne vient rien faire tout seul. Son appel passe par des relais. C’est cela l’Eglise. Elle n’est pas une simple organisation religieuse. Elle relaie l’appel du Seigneur. L’Eglise n’a pas pour mission de mettre au goût du jour le message de l’Évangile. Elle a pour mission de renvoyer fidèlement à la personne du Christ dans la lumière de la vérité. Chacun de nous doit ainsi renvoyer au Christ ceux qui cherchent, comme l’on fait Jean-Baptiste ou André.

Lorsque j’étais jeune, on m’a souvent dit que le témoignage de notre vie était suffisant pour amener au Christ. Nous voyons bien dans cette épisode que notre rôle n’est pourtant pas de rester muets. Celui ou celle qui cherche le Messie a besoin d’être accompagné, d’être fortifié par ceux qui, déjà, se sont mis en route. Car le but n’est pas de chercher indéfiniment , mais de demeurer dans le Christ. Jésus ne fait rien tout seul, mais, pour autant, il ne crée pas une organisation. Il invite ceux qui le suivent à entrer dans une unité organique qui n’est pas une simple allégorie. Nous l’entendions de la bouche de saint Paul tout à l’heure : « vous ne vous appartenez plus à vous-même. » Cette dépossession est l’aboutissement de la vocation du disciple. Suivre le Christ, demeurer en lui, c’est accepter de ne plus s’appartenir pour être entièrement habité par la parole de Dieu : « que tous soient un pour que le monde croie. » L’Eglise est organiquement unie au Christ.

Que tout le cheminement spirituel de cette année nous enracine dans cette communion vitale avec Jésus-Christ et son Église pour que s’accomplisse la volonté d’amour du Père.

 

Père Michel Desplanches

Recteur