Homélie du deuxième dimanche de carême

dimanche 05 mars 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

En ce deuxième dimanche de carême, nous voici transportés au sommet du Thabor pour contempler avec Pierre Jacques et Jean la beauté du Seigneur.  Il s’agit bien de la « Beauté si ancienne et si nouvelle » qui a emporté le cœur et l’âme de saint Augustin jusqu’à sa conversion. C’est cette même Beauté que contemple saint François dans ses  « Louanges au Dieu très-haut » quand il s’écrie, en s’adressant à Dieu : « Tu es Beauté ! ». C’est cette Beauté qu’évoque aussi saint Jean-Paul II dans sa lettre aux artistes : «Constatant que tout ce qu’il avait créé était bon, Dieu vit que c’était également beau… En un certain sens, la Beauté est l’expression visible du Bien, comme le Bien est la condition métaphysique de la Beauté ».

Il ne s’agit pas,  bien sûr, de la beauté purement formelle et extérieure mais d’une dimension de l’être à laquelle fait allusion le mot « gloire » dans la Bible. Ce mot exprime le mieux la beauté de Dieu se manifestant aux hommes. C’est cette gloire que les trois apôtres contemplent au Thabor. Cette beauté, c’est celle que l’amour découvre avec éblouissement dans la personne aimée, celle pour laquelle  on est prêt à donner sa vie en toute liberté et pour toujours.

La mission de Jésus ne s’arrête pas au Thabor. Il est en marche vers la croix . Ce sera là que la violence et la haine se substituant à l’amour, la domination écrasante se substituant à la justice semblera nier toute beauté véritable.

Pour autant, beauté et souffrance marchent mystérieusement de pair. Sur la croix, la douleur et la mort pénètrent en Dieu grâce à son amour des sans-Dieu : la souffrance divine, la mort en Dieu, la faiblesse du Tout-Puissant sont autant de révélations de son amour pour les hommes. Tel est l’amour incroyable et si tendre qui nous attire, nous entraîne, nous fascine. Il exprime la véritable Beauté qui sauve. Amour qui est un feu dévorant. Impossible de lui résister si ce n’est par une incrédulité obstinée , par le refus de la dimension contemplative de la vie. À la veille de sa mise en croix, le Dieu chrétien, c’est certain, n’offre pas une réponse théorique à la question du sens de la souffrance. Il s’offre simplement comme le dépositaire, le réceptacle de toute souffrance. Dieu ne permet pas qu’une seule larme de ses enfants se perde. Car il fait siennes nos larmes. C’est un Dieu proche. Sa proximité même manifeste son amour de miséricorde et sa tendre fidélité. Il nous invite à entrer dans le cœur du Fils qui s’en remet au Père, et à nous sentir ainsi habitant au cœur même du mystère d’amour et de don qu’est la Trinité sainte. La Beauté qui sauve le monde, c’est l’amour qui communie à la souffrance. Jésus est le plus Beau des enfants des hommes parce qu’il communie à toutes nos souffrances. Laissons-nous éblouir par son visage de lumière comme par sa sainte-Face déchirée par les coups. C’est vraiment lui la Beauté qui nous sauve.

 

Père Michel Desplanches

Recteur