Homélie du cinquième dimanche de Pâques

dimanche 07 mai 2023

Par le Père Michel Desplanches - Recteur

Un après-midi, j’étais devant l’église de ma paroisse, et une petite fille s’arrêta et me montra le crucifix qui domine l’autel en disant : « C’est qui, lui ? ». J’ai essayé de lui expliquer rapidement qui était Jésus mais j’étais bouleversé. Après plus de 1000 ans de présence paroissiale dans le village,  le Christ était encore un inconnu pour beaucoup… Lorsque j’entends parler de « l’Eglise de toujours » je reste prudent. En effet, l’Eglise a toujours dû chercher des chemins nouveaux pour aller rejoindre les hommes les femmes et les enfants à chaque époque. Devant l’ignorance naïve sans jugement de beaucoup de nos contemporains  nous échafaudons des plans pastoraux, des stratégies apostoliques,  des propositions renouvelées avec plus ou moins de succès.

Devant toutes ces réflexions échafaud génération après génération, il me semble que l’apôtre Pierre dans notre deuxième lecture, nous invite à nous centrer sur ce qui est essentiel est fondamental : « Approchez-vous du Seigneur Jésus », nous dit-il. Oui nos stratégies et nos propositions peuvent être séduisantes, arriver à propos, mais le cœur de tout apostolat consistera toujours à d’abord s’approcher du Seigneur Jésus. Lui s’est approché de nous pour que nous nous approchions de lui. Ce double mouvement c’est bien cela qui permet la rencontre, l’alliance entre Jésus et chacun de nous.

N’est-ce pas ce même mouvement très concret que nous accomplissons chaque dimanche ? Nous savons que Jésus se fait proche et nous lui répondons en obéissant à l’injonction de Pierre: « Approchez-vous du Seigneur Jésus ? » Oui, en Jésus, Dieu vient à nous et se fait tout proche. Cependant, il ne forcera pas notre porte. Il ne viendra pas s’emparer de nous. Il nous tend la main.

 Au cours d’un pèlerinage à Rome, je regardais les statues qui dominent  la cathédrale du pape, Saint-Jean de Latran. Nous avons l’habitude de contempler les statues baroques que l’on trouve partout à Rome. Mais ce jour-là j’ai fait une belle découverte. Cette basilique a pour titulaire le Saint Sauveur. C’est donc un Christ qui domine le fronton de l’église. Mais pas un Christ baroque et maniéré. L’artiste a représenté le Ressuscité tenant sa croix de la main gauche. C’est un costaud, puissant, solide, fort. Et au lieu de nous bénir d’un geste gracieux autant que artificiel, il nous tend résolument la main droite. Il vient nous tirer de l’ombre de la mort. Il attend notre démarche : « Approchez-vous du Seigneur Jésus. » Oui, il vient nous arracher à la mort. il vient nous tirer vers la lumière et vers la vie.

« Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. », nous dit Jésus. Alors n’hésitons plus. Reconnaissons en lui le chemin sûr qui mène à la vie. Prenons sa main. Il est la vérité lumineuse et ultime de notre destin. il nous arrache aux illusions de notre monde égaré et nous emporte dans la spirale lumineuse d’une vie nouvelle, rayonnante de gloire et de joie.  Il est le Sauveur. Approchons-nous donc du Seigneur Jésus.