La liturgie de l’Église nous invite à contempler le Christ ressuscité, à nous mettre à son écoute et à nous joindre à lui dans l’acte même qui sauve le monde : le don de soi par amour. Le Christ ressuscité se fait voir, il se laisse toucher, il partage le repas avec ses disciples. Il est réellement présent bien que d’une manière nouvelle à tout ce qui fait leur vie. Au moment de remonter vers son Père il promet qu’il sera avec eux jusqu’à la fin des temps. C’est donc à juste titre que dans la foi nous disons que le Christ est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. C’est cette même conviction qui est affirmée par l’enseignement de l’Église : Le Seigneur est le terme de l’histoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs de l’histoire et de la civilisation, le centre du genre humain la joie de tous les cœurs et la plénitude de leurs aspirations (GS 45 § 2).
À l’appel de l’Église, nous devons donc revenir au Christ car sans lui nous ne savons plus qui nous sommes et nous sommes incapables d’assumer la mission qui nous est confiée. La nouvelle évangélisation a cet objectif : permettre à tout homme de découvrir le Christ et de vivre avec lui une authentique expérience de rencontre et de communion. Et nous, qui avons reçu le baptême il y a quelques années, nous devons avancer sur ce chemin d’une rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus. Ne nous contentons pas des souvenirs du passé mais soyons vigilants pour prendre les moyens nécessaires qui vont nourrir notre foi, approfondir notre attachement au Christ et à son Église, raviver en nous le zèle missionnaire et la joie de témoigner.
Prenons au sérieux notre propre responsabilité de disciples-missionnaires et notre dignité d’enfants bien-aimés du Père. Nous avons reçu la grâce du baptême et de la confirmation, vivons ouvertement comme des témoins du Christ ressuscité ! C’est cela que le monde attend de nous, non pas des discours, des théories et de belles intentions, mais des actes qui témoignent de la vie nouvelle qui jaillit déjà en nous et qui ne demande qu’à se répandre comme source de renouveau pour notre temps. Ainsi, là où nous vivons et dans tous les moments de notre vie, nous serons visiblement des signes de la présence du Christ et de son amour offert à tous.
Jésus a prié pour l’efficacité de notre témoignage : je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. Par son amour et l’Esprit qu’il nous donne, Dieu est déjà à l’œuvre dans le cœur de tout homme. Il a comme préparé le terrain mais il compte maintenant sur les semeurs que nous sommes pour faire entendre la Parole de Vérité. La Parole à transmettre est aussi, nous le savons bien, une Parole à vivre. Dans notre quotidien, dans nos expériences de vie, nous avons sans cesse à être vigilants pour que nos paroles, nos actes, notre attitude, nos engagements soient ajustés à la Parole que nous célébrons, que nous annonçons et que nous proposons aux autres. Ceci est un défi permanent et nécessite de nous une attitude de conversion toujours en éveil.
La prière de Jésus est en vue de l’unité de ses disciples : que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Au sein de mystère de la Trinité, la diversité des Personnes ne s’oppose pas à l’unité de la nature divine. La Trinité n’a de sens et n’est possible que parce qu’il y a une diversité de Personnes. En rapportant cette réalité à ce que nous vivons, nous pouvons comprendre que la diversité légitime au sein du peuple de Dieu ne doit pas être un obstacle ou un empêchement à l’unité de l’ensemble. Si nous étions tous identiques ou uniformes, il n’y aurait pas d’unité mais simplement la répétition du même dans une uniformité lassante et sans saveur. La beauté de l’Église est justement dans cette capacité d’accueillir en son sein la diversité des visages, des vocations et des engagements des uns et des autres pour collaborer à l’édification de l’unique Corps du Christ, chacun étant à sa place et se laissant enrichir par la présence de l’autre.
Cette unité de l’Église est décisive pour la foi du monde selon ce que Jésus nous dit dans l’Évangile : qu’ils deviennent parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé. Le Pape Léon nous a déjà à plusieurs reprises encouragé à n’être qu’une famille, unie par les liens de la charité fraternelle, frères et sœurs parce qu’enfants d’un même Père. Acceptons-nous d’accueillir l’autre, tel qu’il est et avec ses richesses propres ? Sommes-nous prêts à collaborer avec lui en mettant en commun les dons et les charismes reçus du Seigneur pour le bien de tous ? Osons-nous prendre l’initiative du premier pas vers l’autre pour lui proposer de marcher ensemble à la suite du Christ ?
Notre communion personnelle avec Dieu est appelée à se prolonger dans l’unité que nous vivons avec les autres qui sont nos frères et sœurs dans la foi et en humanité. Parce que nous sommes plongés dans le mystère d’amour et de vie du Père, du Fils et de l’Esprit, nous actualisons cet amour et cette vie dans nos relations avec les autres. Cette vie nouvelle que nous menons à la suite des Apôtres, est signe de notre adhésion à Dieu lui-même.
Le Christ est avec nous et en contemplant sa gloire, nous verrons notre vie dans une autre lumière. Alors, dans nos vies et à travers nos vies, les autres pourront voir la présence du Ressuscité.