Homélie du 6ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 12 février 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » vient de nous dire Jésus. Quel programme !

Et nous avons parfois l’impression que l’Évangile nous propose un idéal inatteignable. Et puis, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais les gens «parfaits» me mettent mal à l’aise. Ils ont l’art de me décourager et parfois de me culpabiliser. En revanche les personnes qui ont quelques défauts ont plutôt tendance à me rassurer. Devant eux, je n’ai pas besoin de me cacher derrière un personnage et de faire comme si… Avec quelqu’un qui n’est pas parfait, je peux être vraiment moi-même sans me sentir jugé, sans me croire inférieur.

Que veut donc nous dire Jésus lorsqu’il nous demande d’être parfaits? Ne pensons pas que Jésus nous invite à être volontaristes jusqu’à ce que toute faille disparaissent dans notre vie. Il ne s’agit pas d’être imperméables à toute fragilité. Nous savons combien Jésus a critiqué les pharisiens, admirables d’obéissance à la Loi, mais imbus de leur prétendue perfection et méprisants envers les pécheurs. La perfection que Jésus attend de nous, c’est la perfection de la miséricorde, la perfection de l’amour. Et cette perfection, c’est la sienne, totalement reçue  de Dieu et totalement offerte  à Dieu.

« Tendre l’autre joue » ou « aimer ses ennemis » est une manière de faire réagir l’auditoire. Mais Jésus a bien offert son corps aux coups dans sa passion. Il a bien pardonné à ses bourreau il a offert tout son amour aux justes comme aux injustes. Oui, Dieu nous aime comme cela et il nous demande d’aimer comme lui. Cela peut nous effrayer, cela peut paraître un fardeau trop lourd, impossible à porter. C’est pourtant une bonne nouvelle pour chacun de nous !C’est une joie que Jésus vient nous partager.

 Il n’est pas venu pour nous donner un nouveau décalogue encore plus contraignant que l’ancien. Il vient accomplir la Loi de Moïse, c’est-à-dire lui rendre son sens premier : être unis à Dieu non par la contrainte, mais par un lien d’amour qui illumine toute l’existence. Le Seigneur nous donne donc de partager ainsi  la perfection de sa miséricorde ! Il la verse en nos âmes pour qu’elle déborde de tous côtés et rejoigne  de proche en proche tous ceux et celles qui nous entourent.

Mais attention, vivre de la miséricorde, c’est sans cesse discerner, se remettre toujours en question. Il ne s’agit pas de quitter des certitudes pour en acquérir de nouvelles. Il s’agit de vivre, et de vivre à pleins poumons, car la miséricorde est une vie. Elle éclaire notre conscience face aux conflits, aux divisions, aux peurs. Reçue de Dieu, la perfection de l’amour permet à chacun de trouver sa place, de s’épanouir, de semer la lumière, de bâtir la concorde. C’est avec elle que nous donnerons à cette terre le bon goût de la miséricorde, le goût du Royaume de Dieu.

 

Père Michel Desplanches

Recteur