Homélie du 5ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 09 février 2025

Par le père Philippe Blanc, chapelain

     Is 6,1-2a.3-8 – Ps 137(138) – 1Co 15,1-11 – Lc 5,1-11

 

À l’écoute de la Parole de Dieu de ce dimanche, nous pouvons retenir une série de verbes qui tracent pour nous un itinéraire de mission et nous renvoient à notre vocation commune qui est d’annoncer l’Évangile par toute notre vie. Je relève six verbes : envoyer – comme le prophète Isaïe –, rendre grâce – avec le psalmiste –, transmettre – à la suite de saint Paul –, avancer au large, jeter les filets et suivre – en réponse à l’appel de Jésus dans l’évangile. Avec cette liste, il ne nous reste plus qu’à dire : ce que nous avons entendu, nous le mettrons en pratique ! Ces paroles ne sont pas là pour nous décourager devant la tâche. Elles viennent nourrir et fortifier notre espérance afin que nous-mêmes, et toutes les personnes qui nous entourent, nous puissions faire l’expérience d’une rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus, ‘porte du salut’.

Le Seigneur nous appelle et nous invite à accomplir notre part de la mission. Son désir est de faire de nous des témoins et des serviteurs de sa Parole. A ce désir, nous devons offrir notre réponse et oser dire comme Isaïe, me voici : envoie-moi. Ne commençons pas à chercher de fausses excuses du genre : je n’ai pas le temps, je ne saurai pas, je n’ai pas les qualités requises… Le prophète a essayé ces arguments, mais l’appel du Seigneur demeure et nous ne pouvons pas faire comme si nous n’avions pas entendu. Avec un peu d’audace et beaucoup de confiance disons ensemble : me voici : envoie-moi !

Avec la Vierge Marie qui nous accueille en son refuge, sachons reconnaître les merveilles que le Seigneur fait pour nous. Ici, nous faisons l’expérience de son amour fidèle, de sa compassion bienveillante, de sa consolation apaisante, alors n’oublions pas de rendre grâce et de chanter les louanges du Seigneur. Personnellement et en famille, sachons dire simplement merci Seigneur, toi dont l’amour est éternel et qui n’arrête pas l’œuvre de tes mains.

Nous recevons la Parole de Vérité, nous touchons le Verbe de Vie, nous contemplons le Christ réellement présent au milieu de nous… et, maintenant, nous sommes heureux de transmettre cette Bonne Nouvelle d’un Dieu qui crée et sauve par amour, d’un Dieu qui nous rejoint dans notre humanité pour nous relever et faire resplendir sa gloire sur chacun de nos visages. Face à la rupture de la transmission que connaît notre culture et même notre vie ecclésiale, il nous faut retrouver, chacun à notre place, la joie du partage de nos raisons de croire et d’espérer, l’audace de vivre notre foi, ni en catimini ni simplement entre nous, mais à la face du monde. Et cela commence dans la famille qui est le premier lieu de l’éducation humaine, affective et chrétienne, le premier lieu de la découverte de ce qui donne un sens à la vie, le premier lieu de l’expérience de la complémentarité et de la richesse apportée par chacun des membres qui la constituent. Pour transmettre, il faut d’abord recevoir. La Parole reçue dans la foi nous transforme personnellement ; elle est ensuite transmise par le rayonnement de notre foi, de notre charité et de notre espérance. Peut-être pourrions-nous aussi nous offrir des espaces de silence, libérés des écrans de toutes sortes, pour être vraiment à l’écoute de Dieu qui ne se révèle pas dans le bruit ou le brouhaha, mais dans la brise légère et l’intimité du cœur.

Avancer au large est un appel à ouvrir les portes, à sortir et à oser la rencontre avec l’autre, proche ou lointain, pas seulement d’un point de vue géographique. Cela peut signifier accepter de sortir de nos zones de confort ou de sécurité pour vivre pleinement notre vocation de témoin, qui comprend toujours la dimension du don de soi, jusqu’au bout. Il y a tant de personnes autour de nous qui n’ont pas rencontré le Christ, qui se satisfont de caricatures et qui sont autant de terres à évangéliser en les aidant à découvrir que ce Jésus qu’ils ignorent est déjà là, présent en elles.

Le Christ lui-même, les apôtres et tous les disciples tout au long de l’histoire ont été confrontés à l’indifférence et à l’hostilité parfois violente. Cela ne les a pas empêchés de jeter sans cesse les filets et d’assumer leur responsabilité à l’égard du monde au sein duquel ils vivaient. Pierre rappelle la fatigue d’une nuit de pêche et la déception face au peu de résultat… mais, parce que c’est Jésus qui le lui demande, il jette une fois encore les filets. Et c’est ce que Jésus nous demande, à nous. Ne nous laissons pas décourager par les maigres résultats apparents. N’ayons pas peur et ne nous lassons pas de jeter la semence et les filets. Alors le Seigneur pourra nous surprendre.

Et tout ceci se concrétise dans notre vie à la suite du Christ. Le disciple est bien celui qui marche à la suite de son Maître. Le suivre dans la diversité de nos vocations personnelles, le suivre dans toutes les situations de notre vie ordinaire et quotidienne. Le suivre et être porteur de la lumière qui nous vient du Christ ; le suivre et donner une saveur nouvelle à notre monde, en contribuant à faire que toute la famille humaine découvre l’amour de Dieu. Envoie-moi et ma vie sera action de grâce. Envoie-moi et donne-moi la joie de transmettre ce que j’ai reçu. Envoie-moi et que, sans crainte et avec les autres, j’avance au large, libre pour jeter les filets et heureux de te suivre, Seigneur.

 

Amen.