Homélie du quatrième dimanche du temps ordinaire

dimanche 28 janvier 2024

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

« Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! » À l’écoute de Jésus, enseignant dans la synagogue, les habitants de Capharnaüm sont « frappés de stupeur. » Il faut dire qu’ils en ont entendu des prédicateurs ! Les commentaires de la Loi, les nombreuses gloses de la littérature judaïque leur ont été enseignés. Mais voici « un enseignement nouveau» , nous dit l’Evangile.

Nous venons de fêter le mystère de   l’Incarnation à Noël. Or, Dieu ne se fait pas homme pour répéter les mêmes choses. Avec Jésus, c’est du neuf que nous apporte le Seigneur. Et cette nouveauté ne vieillira jamais. Jésus, en effet, ne vient pas pétrifier un peu plus la vie du peuple juif. Il vient inscrire la Loi dans des cœurs libres et aimants. Là où l’obéissance scrupuleuse à la lettre de la Loi installait l’homme dans la crainte de Dieu, Jésus vient apporter la libération pour une relation d’amour plus intense et vivifiante  avec le Père.

Jésus parle avec autorité, nous dit le texte et l’autorité est un grand sujet aujourd’hui. On aime à brandir la loi comme unique réponse au malaise de la société comme si l’autorité ne se manifestait que par la loi. Je me trompe peut-être, mais il y a, me semble-t-il, une sorte de régression à tout ramener à la loi.  On ne forme pas des consciences, on les contraint. L’autorité n’aurait alors pour but que de réprimer et de contraindre.

Il est bien évident que la vie sociale a besoin de lois.  Mais, pour un chrétien la loi n’est pas le seul chemin pour une vie sociale harmonieuse. L’autorité a pour but de construire des hommes et des femmes responsables à la conscience éclairée. Cet objectif est complexe et ne peut pas se réaliser uniquement par l’obéissance à la loi. D’ailleurs, le mot autorité a un beau sens étymologique, dit-on. Auctoritas viendrait du verbe augeo, auxi, auctum qui signifie faire croître, grandir.

L’autorité est donc un instrument au service de la croissance de l’autre. Ce n’est pas une posture qui l’écrase,  mais un service qui le fait grandir.

Le possédé qui hurle dans la synagogue de Capharnaüm n’est plus lui-même. L’esprit impur qui l’habite a détruit en lui l’image de Dieu. La mission de Jésus est bien de nous recréer à l’image de Dieu. Et l’esprit impur sait bien qui est Jésus et quelle est sa mission. Jésus ne tente pas avec lui le dialogue. On ne dialogue pas avec le Mal : « Tais-toi, sors de cet homme. » La voilà l’autorité véritable. Elle chasse  le mal et libère l’homme défiguré et opprimé par le péché. L’autorité de Jésus n’a pas besoin de justification.  C’est ce qui fait toute sa singularité. Il est le seul Maître de la vie. L’homme entre alors en convulsion et crie. Vous voyez d’ici le spectacle ! L’assemblée entière est frappée de stupeur: Jésus est bien celui qui libère l’homme et il le prouve. Il n’y a pas de distance entre sa parole et ses actes. On retrouve là toute la puissance du Dieu créateur : « Que la lumière soit et la lumière fut. » Les discours nous fatiguent. Nous avons soif d’une parole authentique qui fait ce qu’elle dit. C’est cela qui fait la nouveauté de l’enseignement de Jésus. Il est le nouveau Moïse annoncé par le Deutéronome. La Parole de Dieu est créatrice et elle est efficace. Il ne s’agit plus de distiller un ronronnement répétitif et stérile. La Parole est vivante et Jésus est cette Parole. Son autorité est unique et toujours nouvelle. Désormais nous ne lisons pas un texte sacré. Nous écoutons une Parole. En l’écoutant, nous rencontrons le Christ agissant, le Christ Parole créatrice qui sans cesse nous renouvelle. Notre Dieu nous aime et nous veut libres à son image.

Au commencement de cette nouvelle année, laissons cette Parole agir en nous. Ce que Dieu dit, il le réalise !