Homélie du quatrième dimanche de l'Avent

dimanche 24 décembre 2023

Par le Père Michel Desplanches

La première lecture de ce jour mérite notre intérêt, à quelques heures de la célébration de Noël. Nous y voyons David, installé enfin dans son palais de Jérusalem. Et il constate que l’Arche d’alliance, elle, est toujours dans une tente de bédouin. Pour la gloire de Dieu (et la gloire de son règne !), cela ne convient pas. Nous voyons ici, comme souvent dans la Bible, que le Seigneur va remettre les choses en place.

Dans une relation d’alliance, l’initiative ne vient jamais de nous. C’est Dieu qui choisit, qui appelle et qui envoie. L’initiative divine est donc à la base de l’expérience de l’alliance . Notre Dieu habite et façonne l’histoire. C’est donc lui qui bâtira une maison, c’est-à-dire une lignée, pour David.

Toute l’histoire humaine est orientée vers le salut. On ne peut pas séparer l’histoire de l’homme de l’histoire du salut.

C’est ainsi que le Seigneur a choisi la Vierge Marie. Elle donnera le Messie à la lignée de David dont Joseph est issu. Le temple voulu par David, ce sera finalement Marie que Dieu a préparée pour y placer son Fils par la puissance de son Esprit. Ce temple de silence et d’amour porte la Vie de l’univers.

L’Annonciation, cette rencontre intime et secrète  entre l’ange et une jeune vierge, est donc le moment où va basculer le sort du monde. Marie Immaculée a creusé  sa pauvreté jusqu’à ce  « oui » qui va comme déclencher le processus physiologique  de l’incarnation. Ce grand moment de l’histoire ne se fait pas par de grands mouvements de foule, par des fanfares ou des uniformes chamarrés. Non, tout s’accomplit dans le silence d’un dialogue intime qui aboutit au « Fiat » de Marie. Par ce « oui », Marie accepte d’être la fille de son Fils, d’être la nouvelle Ève  tirée du nouvel Adam. C’est une création nouvelle, un monde nouveau qui est inauguré par le « Fiat » de Marie. Et ce « Fiat » totalement libre de soi nous saisit nous-mêmes à  l’intime de notre être personnel. Pour Marie, en effet, nous ne sommes pas une foule anonyme. Elle est Mère et elle connaît ses enfants un par un. Elle nous porte chacun  dans sa collaboration à la mission rédemptrice de son Fils. Elle nous conduit tous et conduit l’univers à ce Bien qui est le but de notre existence : ne faire qu’un dans l’amour avec le Dieu vivant. Fille du Père, Mère du Sauveur, épouse de l’Esprit -Saint, Marie est la première des sauvés, la première a goûter la plénitude de la liberté dans une totale union à Dieu.

 À quelques heures de la Nativité, laissons- nous saisir par le « oui » de Marie. Faisons-le nôtre, ce « oui ». Qu’en nous  se produise « une nouvelle incarnation du Verbe » comme le demandait  sainte Élisabeth de la Trinité. Que tout en nous soit un immense  « oui»  sans réserve.

 Alors, Noël sera pour tous, vraiment, l’avènement du salut !