A la suite des Apôtres et parce que nous avons reçu, comme eux, le don de l’Esprit Saint, nous pouvons librement proclamer : Jésus est vivant, il est l’unique Sauveur, le Père l’a ressuscité d’entre les morts ! En notre temps, aujourd’hui, nous sommes les témoins de tout cela. Les épreuves, les contradictions et les difficultés ne peuvent nous faire taire. Nous avons reçu la mission de transmettre la Bonne Nouvelle et le témoignage de notre foi et, quoiqu’il puisse nous en coûter, nous préférons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Verbe nous confie sa Parole et notre responsabilité est de la faire résonner dans toutes les situations et les milieux de vie.
Dès le début de la mission de l’Église, les difficultés n’ont pas manqué lorsqu’il s’agissait de proclamer la Bonne Nouvelle, cet Évangile qui est Lumière et Vérité, qui nourrit la foi et ravive sans cesse l’espérance, qui est source d’un amour toujours nouveau. Aujourd’hui, il nous faut cultiver la fidélité et l’audace : fidélité à une Parole que nous avons reçue avec la mission de la transmettre, audace de nous laisser renouveler et convertir par elle jour après jour. Pour nous, transmettre la Parole, en la vivant et en la partageant, est une façon de répondre à la question de Jésus : m’aimes-tu ?
Est-ce que tu m’aimes d’un amour suffisamment ancré dans la vérité de l’évangile pour être capable d’affronter toutes les tempêtes et pour oser avancer au large ? Est-ce que tu m’aimes au point de me suivre, dit Jésus, et d’offrir ta vie dans l’obéissance à la volonté du Père ? Jésus questionne Pierre sur sa disponibilité et sa liberté d’aimer, et non sur ses compétences ou son savoir-faire. L’appel que nous adresse le Christ est une invitation à vivre notre vie comme une histoire d’amour, à assumer notre vocation baptismale comme un ministère de l’amour. Et tout cela sans oublier que c’est sur la Croix que Jésus manifeste le plus grand amour, celui qui se donne et s’abandonne pour que ses amis aient la vie en plénitude. À la suite de leur Maître, les apôtres vivront la joie du témoignage dans le don d’eux-mêmes, repartant tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. Cette Croix appartient aussi à notre histoire, et nous ne pouvons pas la contourner. Elle laissera probablement des traces dans notre chair et notre cœur, mais ces traces deviendront des signes de la victoire de la Vie. Elles seront les traces glorieuses de l’Amour vainqueur, de la Vie plus forte que la mort.
Aujourd’hui encore, la meilleure façon de combattre les ténèbres et leurs œuvres, c’est de nous exposer au rayonnement du Christ-Lumière, du Christ qui vient transfigurer la fragilité et la faiblesse de notre humanité en la revêtant de sa divinité. Face aux tentations de découragement et aux attaques répétées, face à la force du Mal et à la perversité de ceux qui le servent, notre réponse est toujours : Dieu est riche en miséricorde. En ayant entendu la Parole du Ressuscité, en l’ayant vu et reconnu à la fraction du Pain, nous pouvons proclamer avec saint Jean : Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange. L’annonce de la Bonne Nouvelle et le témoignage de l’Amour ont pour objectif de rendre possible la rencontre avec le Christ. Chacune et chacun de nous est appelé à participer à cette belle mission : montrer le Christ, éveiller le désir de sa présence, faire goûter à la joie de son alliance, appeler à entrer dans une relation personnelle avec lui. Le don de l’Esprit Saint suscite en nous la force et l’audace de cheminer au cœur d’un monde encore aux prises avec le Diviseur et le père du mensonge qui veut s’opposer au projet de Dieu et qui s’attaque à lui en s’attaquant à ses disciples et à ses serviteurs.
Comme au bord du lac de Tibériade, Jésus ressuscité se montre à nous. Nous sommes à l’écoute de sa Parole et nos yeux s’ouvrent pour que nous puissions reconnaître : c’est le Seigneur ! Ce sera le sens de notre « amen » au moment de la communion : c’est le Seigneur, et je suis heureux de tendre mes mains pour le recevoir.
Par moment, nous avons l’impression de ne pas réussir, de ne pas avoir pris les bons moyens ou choisi les arguments adaptés. Nous sommes comme les disciples qui, cette nuit-là, ne prirent rien. Mais, comme eux, laissons-nous surprendre par le Christ. Aujourd’hui, le filet nous paraît vide mais le jour vient où nous n’arriverons pas à le tirer, tellement il y [aura] de poissons. Ne craignons pas de nous jeter à l’eau car il est urgent d’aller à la rencontre du Ressuscité et de l’annoncer à notre humanité. Comme le disait le Pape François dès le début de son pontificat : nous sommes les dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres.
Au milieu des difficultés du monde et des épreuves qui nous blessent, ne détournons pas notre regard du Christ et de l’accomplissement de son œuvre. Il s’adresse à nous : m’aimes-tu ? m’aimes-tu vraiment ? En lui disant, comme Pierre, tu le sais, je t’aime, nous sommes guéris de nos trahisons et de nos reniements. Nous pouvons alors aller jusqu’au bout du témoignage, jusqu’au bout de l’amour, et répondre à l’appel pressant de Jésus : suis-moi.