Homélie du 4ème dimanche de Carême

dimanche 30 mars 2025

Par le père Michel Desplanches, recteur

«Un homme avait deux fils… » Nous connaissons bien cette parabole. Trop bien, peut-être… Le pape Benoit XVI disait qu’il s’agit là «peut-être de la plus belle parabole. » Peut-être de la plus émouvante aussi. L’amour d’un père pour ses enfants, est souvent si pudique, surtout à cette époque… Dans ce récit de Jésus, comme souvent, nous recherchons ce qui nous rejoint, ce qui nous concerne, peut-être… Le fils prodigue, nous nous identifions volontiers à lui. Il a quelque chose de touchant et de romantique. Il est livré à ses rêves adolescents de liberté et à ses projets chimériques.

Pourtant, le centre de la parabole n’est pas le fils prodigue ni son frère aîné. Tous les deux ne sont là que pour souligner l’attitude profonde du père. Or, jamais Jésus n’a décrit le Père de façon aussi frappante, aussi vivante. Il est admirable, ce père, déjà lorsqu’il accepte de partager ses biens à la demande de son jeune fils. Car cette demande signifie que, pour l’enfant, son père est déjà mort. Pourtant, le père lui remet sa part d’héritage sans dire un mot. Nous identifiant à ce jeune homme, nous pouvons nous demander quel est notre part d’héritage à nous ? Et l’on peut répondre qu’il s’agit de notre existence, de notre liberté, de notre intelligence, de notre responsabilité personnelle.  Ces biens, c’est Dieu seul qui  peut nous les offrir.

Que nous dissipions ces biens, que nous tombions dans la misère et que la misère nous amène à réfléchir, au fond, ce n’est pas cela qui est intéressant. Ce qui est fascinant dans ce récit c’est ce père qui passe ses journées à guetter le retour de son enfant. Sa compassion est bouleversante. Son accueil exubérant nous touche avec sa robe de fête, son anneau au doigt et son festin avec danses et musique.

Le fils aîné, lui, est jaloux et ne veut pas  rejoindre cette fête. Il est enfermé dans son aigreur. Pour autant, le père ne formule aucune parole dure. Il ne cherche pas non plus une parole de conciliation. Non, mais il se contente de dire la vérité : si tu persévères avec Dieu, tu as tout en commun avec lui.

  On remarquera que Jésus ne vient pas se glisser dans le récit à un moment ou à un autre. Il est simplement la Parole, le Verbe qui chante la bonté lumineuse du Père.

 Le pape François aime à  dire que « La Miséricorde, c’est l’attitude divine qui consiste à ouvrir les bras.  C’est Dieu qui se donne et qui accueille, qui se penche pour pardonner. » Jetons-nous  donc dans les bras du Père. « La miséricorde est la carte d’identité de Dieu » nous dit encore le pape François. Car le Père, nous couvre de baisers et nous entraîne dans la fête qui déborde de son cœur.

Cher frères et sœurs, alors que nous arrivons au milieu de notre carême, que la délicatesse du père devienne la nôtre. Le carême est fait pour cela, pour que nous retrouvions la délicatesse du cœur, le goût de la tendresse. Au bout du chemin, il y a les bras ouverts du Père et la joyeuse fête de Pâques. La joie de Dieu nous est offerte. Ne nous en privons pas, courons à la rencontre du Père qui nous attend!