Homélie du 2ème dimanche de l'Avent

dimanche 04 décembre 2022

Par Le Père Brice Miguel

Bien-aimés du Seigneur la liturgie de ce l'Avent nous propose plusieurs personnages qui nous aident à mieux nous préparer à accueillir le Seigneur qui vient. La Parole de Dieu nous met en face de deux d'entre eux. Il s'agit du Prophète Isaïe et de Jean le Baptiste dont les témoignages sont un vrai soutien pour nous, chrétiens de ce temps.

Le second, Jean le Baptiste a un message clair : « convertissez-vous quand le royaume de Dieu est tout proche ». En effet, pour lui comme pour nous, chrétiens, il y a deux royaumes : le royaume de ce monde dont le Diable revendique la paternité. Souvenez-vous, lors de la troisième tentation de Jésus au désert, quand le Malin se présente à lui, il lui dit que le royaume de ce monde est à lui et il le donne à qui il veut (cf. Mt 4, 8-9). Mais Jésus rejette ce royaume-là parce qu'il est venu inaugurer un autre royaume, le royaume de Dieu.

Dans son message, Jean nous dit que le temps d'attente est fini ; désormais le royaume de Dieu est à portée de main. Et il nous indique ce qu'il faut faire si nous nous rendons compte que ce royaume s'est rapproché de nous, que Jésus se rapproche de nous. « Convertissez-vous » dit-il. Cet appel à la conversion peut sembler être adressé à d’autres personnes qu’à nous baptisés. Nous pouvons nous dire : « puisque j’ai reçu le baptême, je suis prêt à accueillir le Christ quelque-soit le mode de sa venue ». Mais le seul fait d’avoir reçu le baptême ne nous dispose pas définitivement à accueillir le Royaume de Dieu qui vient ; le rite du baptême ne suffit pas ni d’ailleurs celui d’aucun sacrement.

Oui, le baptême fait de nous des fils et filles de Dieu, mais si nous avons été baptisés sans accueillir et intégrer l'exigence de conversion qui va avec, écoutons dans l’Évangile ce que Jean-Baptiste dit aux Sadducéens et aux pharisiens qui viennent le trouver pour recevoir le baptême : « N’allez pas dire en vous-mêmes :‘Nous avons Abraham pour père’ ;car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ». Ces sadducéens et ces pharisiens sont prêts à accueillir le rite du baptême que confère Jean. Cependant, Acceptent-il de se laisser mettre en crise par l’invitation à se convertir que porte ce baptême, de convertir l’idée qu’ils ont de Dieu, du Bonheur etc. ?

Chers frères et sœurs, est-ce que le baptême que nous avons reçu est resté pour nous un rite ? A-t-il transformé notre vision de Dieu, du monde, de l’humanité, du mariage, de la fraternité, de l'amitié. Jean-le-Baptiste dit : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche », c’est-à-dire consentons à changer de vie ; il dit : « Produisez donc un fruit digne de la conversion ». Ce n’est pas sans nous rappeler le fruit de l'Esprit dont il est questions dans l’Épitre aux Galates : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi (cf. Ga 5, 22-23). Mais comment y parvenir ? Pour nous aider à nous convertir et à mieux accueillir le royaume de Dieu, Jean nous indique alors un chemin qu’il a lui-même emprunté : le chemin du désert.

Le désert, c'est le lieu du silence, loin des bruits assourdissants ; c'est le lieu où l'on peut méditer et s'interroger sur le sens de la vie ; au désert, on n’accumule pas, on ne s'attache pas à la terre car elle nous appartient pas, ni aux réalités du Royaume de ce monde. C’est le lieu où la vie est réduite à l'essentiel. Au désert, « le pain, c’est le pain » ; ce n'est pas le pain avec des graines ni du pain au lait ni de la brioche. Au désert, « l'eau c’est l’eau » ; ce n'est pas l'eau gazeuse ni de l’eau citronnée ou le sprite l'eau. Consentons à emprunter ce chemin du désert pour mieux nous disposer à accueillir le Royaume de Dieu.

Le second personnage que la liturgie de ce jour nous propose, c’est le Prophète Isaïe qui dans la première lecture, nous plonge dans la dynastie de David pour raviver notre espérance et nous aider à lutter contre de découragement et le pessimisme très répandus dans notre société. « En ce jour-là, dit-il, un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines ». Nous connaissons l'histoire : Dieu dans sa bienveillance, a choisi David, le dernier fils de Jessé pour faire de lui le grand roi d’Israël. Dieu lui a fait la promesse que ses descendants règneront pour toujours et que le peuple connaitra enfin l’unité et la paix.

Or, comme dit le prophète Habaquq « le fruit de l’olivier a déçu » (Ha 3), car aucun roi de la dynastie de David n’a pleinement réalisé ces promesses. Mais l’espérance ne doit pas tarir parce que Dieu l’a promis ; et Isaie ravive cette espérance dans l’extrait de son livre que nous avons suivi : « un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David ». Voici le message d’Isaïe : Nous pouvons avoir l'impression que les promesses se sont envolées, que la lignée de David ne produit rien de bon. Mais, même d'un arbre mort, d'un vieux tronc, d'une souche immobile, stérile, décevante et inutile, Dieu peut faire surgir un rejeton inattendu.

Bien-aimé du Seigneur, le Messie vient dans ta vie. Tu te dis peut-être en ce moment que ton couple, ton foyer, ta famille, tes relations, ta communauté, ton Église est semblable à un vieux tronc dont il ne faut plus rien attendre ; Tu es venu participer au weekend guérison en notre sanctuaire parce que tu as le sentiment que la maladie a fait de ta vie une souche sèche et immobile qui te rend incapable de produire quelque chose de bon ; Je voudrais te dire aujourd'hui que tout espoir n'est pas perdu de ressentir la vie ressurgir de tous les vieux arbres morts de ton existence. Ce temps de l'Avent nous conduit vers celui qui fait tout refleurir.

Nous refleurirons au Nom de Jésus !

Loué soit Jésus-Christ.