Homélie du 31ème dimanche du temps Ordinaire

dimanche 05 novembre 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

Jésus n’est pas un ami de l’ordre établi. C’est bien ce qui lui sera reproché tout au long de sa vie et jusqu’à sa Passion. Fils de Dieu et Dieu lui-même, il ne peut pas se contenter de l’existant. Sa mission sur la terre consiste à purifier sans cesse les pratiques des hommes. Il est venu appeler chacun à la conversion de son cœur et donc à la conversion de ses pratiques. Vivre c’est changer.

 Le Christ est venu apporter à chacun en ce monde un océan de vie et donc un changement profond. Or notre petit monde intérieur, comme la société, résistent  au changement. Le changement nous expose, il nous fragilise et nous effraie souvent. Seule la parole de Dieu est immuable et c’est sur elle que nous avons voulu construire notre existence. Alors le changement n’est plus une aventure incertaine. Bâti sur la Parole de Dieu, le changement se fait conversion et réponse à l’appel de Dieu.

Dans la deuxième lecture, saint Paul insiste: « Quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous avons fait entendre, vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous les croyants.» Alors, attention! la parole de Dieu peut être manipulée par ceux-là même qui doivent l’annoncer, et elle ne devient plus qu’une parole d’hommes. La vanité des pharisiens de tous les temps stérilise ainsi la parole de Dieu. Les tartuffes sont de toutes les époques. Leur vanité stérilise l’Evangile. Il l’utilisent  pour leur propre gloire et il ne le servent pas.  Pour autant, attention de ne pas assimiler les serviteurs de la parole de Dieu  ces manipulateurs. Les apôtres de tous les temps ont été victimes de ces simplifications odieuses. Saint Paul dira : « On nous calomnie, et nous consolons. Nous sommes devenus comme l’ordure du monde… » À l’opposé de cela nous entendions tout à l’heure l’Apôtre nous ouvrir son cœur de pasteur. Il n’est pas qu’un théologien ou un beau parleur:         « Nous avons été pleins de douceur avec vous comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu mais jusqu’à notre propre vie car vous nous étiez devenu très chers. »

La voilà la délicatesse aimante du véritable pasteur. Son humilité profonde, son affection pour ses frères et sœurs, c’est cela qui dévoile, derrière des mots humains, la parole de Dieu agissante et transformante. C’est le chemin que Jésus lui-même a choisi : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ce qu’on aime. » Le véritable disciple sera toujours celui qui s’abaisse jusqu’à laver les pieds de ses frères. C’est là l’attitude la plus divine, la plus dépouillée, celle qui nous demande peut-être le plus d’efforts, mais qui nous procure les plus hautes joies. Notre vie devient alors parole de Dieu…

 

Père Michel Desplanches

Recteur