Homélie du 31ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 30 octobre 2022

Par le Père Michel Desplanches

Les aléas de l’histoire, s’ils ont permis de conserver de précieuses archives, n’ont, en revanche, pas permis de conserver la date de consécration de notre basilique. C’est donc aujourd’hui que nous fêtons la dédicace de ce lieu qui rassemble les pèlerins depuis plus de trois siècles comme dans toutes les autres églises dont on ignore la date de consécration. Cette belle fête est l’occasion pour nous de nous pencher sur la beauté du mystère de l’Eglise.

 Ces derniers temps, nous déplorons l’horreur du péché qui la blesse et la défigure, mais l’Eglise, comme chacun de nous, ne peut être réduite à son péché si grave soit-il. La beauté des bâtiments du culte n’a pas d’abord une fonction esthétique. La beauté d’une église renvoie à la beauté de ceux qu’elle abrite. En effet, une église ne mérite son nom que si l’Eglise, famille de Dieu, s’y rassemble. Ce sont en effet les personnes qui donnent leur nom au bâtiment et non le contraire… car l’église est avant tout un édifice spirituel, fondée sur la foi des apôtres. C’est pour cela qu’il y a 12 croix de consécration. Lors de la cérémonie de la dédicace, Lévêque marque les 12 croix d’une onction de saint-chrême. C’est ce même geste de consécration qui a été accompli sur nous-mêmes au jour béni de notre baptême et à notre confirmation.

Où Dieu a voulu faire de nous un peuple saint, saint de sa sainteté à lui, saint pour chanter sa louange, saint pour célébrer sa gloire, et pour vivre de la grâce des sacrements dans lesquels il se donne. Cette demeure de prière et de louanges nous invite à devenir chacune et chacun un temple saint pour le Seigneur qui veut établir en nous sa demeure.

Benoîte  Rencurel à remué ciel et terre pour obéir à la demande de la Vierge Marie qui a voulu ici cette église. N’ayant pas d’argent, elle s’est abandonnée à la Providence et rien n’a manqué. En effet, chacun des pèlerins montait avec une pierre qui a servi à la construction. C’est un geste très parlant : nous sommes une Eglise de pierres vivantes. Chaque pierre est nécessaire à la solidité de l’édifice. Chacun doit pouvoir s’appuyer sur l’autre pour former ensemble un véritable abri pour ceux et celles qui cherchent soulagement et réconfort.

Bien que ce titre s’adresse à la Vierge Marie, on aime appeler ce lieu le "refuge des pécheurs". Car nos églises furent longtemps des lieux inviolables où tout homme pouvait se réfugier comme on se réfugie dans le cœur de notre Dieu.

Nos églises veulent être le reflet de la splendeur de la Jérusalem d’en-haut où tout est justice, paix et joie. Elles nous disent  qu’au milieu de nous, mystérieusement, se trouve le royaume de Dieu . C’est pourquoi les valeurs que nous prêchons ne sont pas et  n’ont jamais été celles du monde. Les valeurs évangéliques nous entraînent  vers un "ailleurs" qui, paradoxalement, est déjà ici commencé. Le royaume est au milieu de nous.

 Là où les touristes regardent des pierres, nous découvrons, émerveillés, ce que nous sommes déjà, et la splendeur glorieuse de notre destinée. Oui, nos églises nous rappellent que nous sommes faits pour le ciel et que le ciel n’est jamais loin de nous. Dans cette basilique où la prière est incessante, où la Vierge Marie a visité la terre, que nos vies lumineuses et paisibles, chantent la présence heureuse du royaume déjà commencé.

 

Père Michel Desplanches

Recteur