Homélie du 2ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 15 janvier 2023

Par Le Père Brice Miguel Mekongo -Vice Recteur -

Homélie du 2ème dimanche du TO « A » (15.01.2023)

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ».

Bien-aimés du Seigneur, c’est ainsi que Jean le Baptiste désigne le Christ pour le monde. Jean est le précurseur, mais il est aussi le témoin. Dans le Prologue de L’Évangile de Jean, nous lisons : « Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière » (Jn 1, 6-8). Le baptiste est venu dans ce monde pour rendre témoignage, et nous avons écouté dans l’Évangile de ce jour un des ses témoignages.

Jean le Baptiste bénéficiait d’une grande estime, d’une grande popularité de la part du peuple, au point que beaucoup le prenaient pour le Messie. Il a été interrogé par les scribes, les pharisiens, les docteurs de la Loi qui voulaient savoir s’il était la Lumière qui brille dans les ténèbres. Il leur a clairement dit qu’il n’est pas le Messie, mais il y a un qui est au milieu d’eux qu’ils ne connaissent pas.

Et aujourd’hui, en désignant Jésus, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu » ; et il faut comprendre : « regarde voici l’Agneau de Dieu, voici celui que tu dois suivre pour être véritablement à Dieu ». Jean dit qu’il n’est pas le guide de l’humanité, il indique qui il faut suivre.

Dimanche dernier, nous avons célébré la solennité de l’Épiphanie et nous nous rappelons ce que les mages ont vu : une étoile. Ce n’est pas simple l’astre matériel, mais c’est la Star qui doit guider nos vies qu’ils ont vu. Cette star, c’est Jésus de Nazareth qui resplendit dans le monde. Et Jean le Baptiste nous dit aujourd’hui que cette Star c’est un Agneau. Le Messie attendu par le peuple serait le Libérateur. De fait, il attendait un Lion : Le lion de la tribu de Juda dont parlait le patriarche Jacob lorsqu’il bénissait son fils Juda (Gn 49, 8-12). Ce n’était donc pas un Messie doux et humble comme un agneau qui était attendu, mais un Roi qui aurait soumis tous les rois de la terre (Ps 72). Le Baptiste surprend tout le monde et témoigne avoir vu un Agneau pas le Lion.

Que veut-il nous dire par là ? Deux références dans l’Ancien Testament peuvent nous aider à le comprendre. La première dans le livre de l’Exode, nous présente l’image de l’Agneau pascal dont le sang répandu sur les maisons des juifs protégeait de l’exterminateur au moment de la libération d’Israël de la captivité en Égypte (Ex12). Jean nous dit que Jésus est l’Agneau de Dieu parce que le don de sa vie et de son sang protège l’humanité contre les attaques mortelles des forces du mal.

La deuxième référence nous renvoie à Isaïe qui décrit la vie étrange du Serviteur souffrant : « Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face (…). Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. (…) et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche » (Is 53, 3-7).

Chers frères et sœurs, il est important de nous rappeler cette 2ème image de l’agneau lorsque nous discernons nos motivations et nos attentes profondes à la suite du Christ. Dans un monde où les bêtes féroces luttent pour dominer, en rivalisant d’orgueil et de violence et en mesurant leur succès sur la force, celui qui vient tout changer, celui qui va tout changer n’est pas la plus féroce des bêtes, mais l’agneau, par sa douceur et sa tendresse. Les conjoints, les frères et sœurs, les confrères, les amis et les chrétiens qui se battent aujourd’hui doivent se le rappeler : c’est l’Agneau qui change tout. Et tout à l’heure dans cette eucharistie, nous entendrons ces paroles : Voici l’Agneau de Dieu qui en lève les péchés du monde. À travers elles, laissons-nous interpeller par Jésus qui nous dira : Et maintenant, veux-tu être, toi aussi, l’agneau avec l’Agneau ? Alors prends et mange ! En le recevant dans nos mains ou dans nos cœurs, nous lui dirons « Amen », « Oui ».

Jean le Baptiste nous dit « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde », voici celui dont le sacrifice élimine le péché du monde. Il faut bien comprendre le sens de ce sacrifice. Il est arrivé, pour susciter une forme de contrition surtout chez des enfants, de présenter le crucifix en disant que quand tu désobéis, quand tu mens, quand tu voles, c’est lui qui paye. Il ne vient pas payer pour nos transgressions parce que soi disant Dieu a été offensé et quelqu’un doit payer, il s’est sacrifié pour apaiser la colère de Dieu. Le Père ne voulait pas voir couler le sang pour pardonner nos péchés. Il a envoyé l’Agneau sachant que c’était un don d’amour qu’il faisait à l’humanité en donnant sa propre vie pour enlever de ce monde cette logique malveillante dominée par l’égoïsme, le péché du monde. Voilà pourquoi est nécessaire le sacrifice de l’Agneau. Avant, était grand qui domaine, qui est violent : avec l’Agneau, est grand celui qui sert.

 

Le Baptiste dit qu’il est venu éliminer le péché du monde, c’est-à-dire la logique malveillante, diabolique qui guide les comportements humains avant l’Évangile et sa logique nouvelle. Des comportements qui poussent à se désintéresser, à dominer, à asservir les autres. L’Agneau est venu mettre fin à une telle logique déshumanisante. Il le fait en présentant sa personne comme la meilleure alternative. Dans un village où tout le monde est égoïste, il est normal de se comporter de façon égocentrique, et celui qui est le plus égoïste est un roi. Devant l’Agneau, les lions, les loups peuvent prendre conscience de ce qu’ils sont, réaliser que ce n’est pas ainsi que l’on se comporte en humain.

 

 

Loué soit Jésus-Christ !