Le jeune homme riche, un catéchumène ? Kerygma en Province au Laus
Dimanche 13 octobre 2024
Rassemblement provincial kerygma au Laus et retraite des jeunes confirmands du diocèse
Le jeune homme riche, un catéchumène ? Kerygma en Province au Laus
Dimanche 13 octobre 2024
Rassemblement provincial kerygma au Laus et retraite des jeunes confirmands du diocèse
« Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles. » « J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse. »
Ces deux citations de l’épitre aux hébreux et du livre de la Sagesse, j’aurais pu les lire, sans doute exprimées d’une autre manière, dans les lettres des catéchumènes ou des confirmands
que comme évêques nous avons la joie de lire et auxquelles nous répondons personnellement.
Ils ont été touché par une parole qui allée jusqu’au point de partage entre leur âme et leur esprit. Bien sûr la parole de Dieu, la parole de la Vierge Marie dans un sanctuaire comme ici à ND du Laus, mais aussi parfois la parole d’une grand mère, celle d’un prêtre, ou encore la parole si forte des pierres dans une église : « Je suis entré dans une église et j’ai cru ».
Ils ont ensuite choisi de répondre à cette parole en préférant souvent le Christ, la vraie sagesse, aux mirages de ce monde.
Chers amis, notre Eglise est bouleversée de joie ; notre Eglise est renouvelée dans son souffle missionnaire, par l’afflux de jeunes et de jeunes adultes qui demandent le baptême et la confirmation. Même dans les diocèses ruraux comme celui de Gap-Embrun l’augmentation du nombre de catéchumène est significatif. Les parcours de chacun sont tels qu’il n’y a pas de doutes : c’est bien l’action de la grâce qui est à l’œuvre, très souvent sans lien évident avec nos initiatives pastorales. Pourtant en ce dimanche des missions, nous prions pour les missionnaires au loin, mais aussi pour chacun de nous. Car si nos diocèses sont engagés dans une transformation missionnaire, pour que tous les baptisés deviennent des disciples missionnaires, c’est pour créer le terreau où l’appel de Dieu pourra retentir et où la personne pourra être accueillie et accompagnée et donner une réponse libre.
Car si c’est bien Dieu qui appelle et qui convertit, notre part en retour est d’exercer notre responsabilité par un accueil inconditionnel, en donnant une formation adaptée et le témoignage fervent d’une communauté unie et joyeuse qui proclame, célèbre et agit.
J’en viens à l’évangile du jeune homme riche. C’est peut-être un catéchumène !
Il a sans doute entendu parler par sa grand mère de Jésus, et insatisfait de son boulot-métro-dodo, il se jette à ses pieds et l’interpelle : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Alors Jésus posa son regard sur lui et l’aima, quand il découvre la vie juste de ce jeune homme qui observe les commandements. Posa son regard. Ce n’est pas regarder rapidement, cela prend du temps de poser son regard, comme quand on pose une chose.
Mais ensuite quand Jésus lui propose de faire un pas de plus, un vrai choix, de préférer la sagesse divine aux richesses de ce monde, il s’en va tout triste. Il y a alors dans cet évangile un second regard de Jésus, un regard sur la foule quand le jeune homme s’en est allé tout triste, car ses grands bien l’empêchaient de le suivre : « Alors Jésus regarda autour de lui et dit » la parabole du chameau qui n’arrive pas à passer à travers le trou d’une aiguille. Jésus respecte son choix négatif et l’explique. Cela peut aussi nous arriver qu’un catéchumène, qu’un enfant n’arrive pas à faire le choix fondamental de la foi. La foi c’est un don de Dieu qui demande une réponse libre. Je crois !
L’image du chameau qui n’arrive pas à passer par le trou d’une aiguille à coudre est bien visuelle. Il y a d’ailleurs beaucoup d’interprétations possibles sur l’origine de cette parabole. L’une d’entre elle est que le « trou de l’aiguille » serait une porte étroite qui permettait d’accéder à Jérusalem. Comme les chameaux étaient lourdement chargés de marchandises et de cavaliers, il fallait les décharger pour pouvoir les traverser. Par conséquent, l’analogie est qu’un homme riche aurait dû de la même manière se débarrasser de ses biens matériels pour pouvoir entrer au paradis. Mais personne n’a trouvé de traces de cette porte à Jérusalem !
Remarquons que ce deuxième regard élargit le premier. Jésus ne vise pas seulement une personne, mais toutes les personnes ! Il voit grand, car Dieu veut sauver tous les hommes ; et il compte sur chacun d’entre nous. Pourtant, comme disait quelqu’un avec humour, quand il a commencé, il n’y avait aucun catholique pratiquant !
Donc accueillons les catéchumènes que Dieu nous envoie avec gratitude, mais aussi avec conscience que cela nous engage.
Cela nous engage à leur assurer une formation qui doit être personnalisée par un véritable accompagnement, et une catéchèse solide partageant l’entièreté du contenu de la foi. Cela nous engage tous, prêtres et laïcs à continuer à nous former pour grandir et être capable d’accompagner ces frères et sœurs. Cela nous met aussi souvent devant nos contradictions et nos tiédeurs. Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême interpelle les chrétiens de son diocèse de Charente : « Nous ne pouvons pas rester tièdes. Ceux qui rejoignent l’Église attendent de nous un véritable accompagnement, une place dans notre communauté ».
Oui, les nouveaux baptisés doivent aussi trouver leur place dans nos communautés. Et le mieux est de discerner rapidement avec eux quelle est cette place ; quel service communautaire nous pouvons leur confier.
Accueillons avec charité et bienveillance ceux qui frappent à la porte de l’Eglise, allons à la rencontre de ceux qui ne connaissent pas le Christ.
Chers amis, dans cette mission au service du catéchisme et du catéchuménat, prions avec le psalmiste : « Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains ; oui, consolide l’ouvrage de nos mains. » Amen.