Homélie du 25ème dimanche du temps Ordinaire

dimanche 01 octobre 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

Nous sommes tellement habitués aux textes évangéliques que nous nous sommes fait une petite idée bien personnelle de ces textes. J’ai remarqué que, bien souvent, nous aimons les paraboles. En effet ces petites histoires nous apparaissent comme autant de leçons de morale, dans le genre des fables de La Fontaine. Or, les paraboles, ça n’est pas du tout ça ! Jésus ne veux pas jouer aux professeurs de morale. Le but des paraboles n’est pas là. Elles veulent, pour la plupart, nous ouvrir aux dimensions du royaume de Dieu. Pour cela, elles sont souvent des armes de combat redoutables qui exigent  des auditeurs un positionnement immédiat sur Jésus et sur son enseignement. C’est le cas dans la parabole qui nous concerne aujourd’hui. Remarquons que Jésus n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Devant les grands prêtres et les anciens du peuple, des hommes irréprochables au regard de la Loi juive, devant ces institutions vivantes et inattaquables, Jésus va oser prendre pour modèles de vie des publicains et des prostituées. Rappelons que les publicains collectaient  les impôts au bénéfice de l’envahisseur romain et qu’ils étaient honnis par tout le peuple. Et Jésus en rajoute en citant un exemple les prostituées. Vis-à-vis de ces hommes tout habités par les exigences du culte, Jésus apparaît comme un agitateur. Il déstabilise les institutions. Notons que Jésus s’exprime en parabole en homme de son temps et de sa culture. Il exacerbe les contrastes et crée le scandale. Nous voyons bien là que Jésus n’est pas un simple sage qui distillerait  un enseignement moral hors-sol. On ne crucifie pas un simple moraliste… Jésus ouvre aux pécheurs et aux païens les richesses de la promesse faite à Israël. L’observance de la Loi ne suffit pas à ses yeux. La volonté du père c’est que l’on arrête les discours et que l’on se mette au travail. Le royaume de Dieu n’a pas besoin de beaux parleurs, mais de humbles travailleurs. Nous le remarquons, chez le deuxième fils, le repentir va tout changer. Ce que veut le Père, c’est l’humilité dans l’accomplissement de sa volonté. Elle seule permet d’espérer la gloire du ciel. Dans la deuxième lecture, saint Paul nous décrit ce chemin de dépossession de soi qui fut celui de Jésus. Lui qui était l’égal de Dieu, s’est anéanti jusqu’à donner sa vie pour nous. Ce chemin n’est pas celui d’un héros. C’est le chemin de Dieu qui s’est anéanti jusqu’à la mort pour nous élever dans sa gloire. L’humilité, c’est avoir le courage de remettre en cause notre style de vie. C’est ce qu’on fait les publicains  et les prostituées. Ils ne sont pas des héros. Ils sont des fruits de la grâce. Ils sont entrés humblement dans une vie nouvelle. Ils ont osé prendre au sérieux l’appel de Jean-Baptiste. L’urgence est à l’humilité qui peut changer la face du monde. Entrons avec les plus petits dans la volonté de Dieu. Faisons place à la tendresse et à la compassion comme nous y invitait saint Paul. Ne soyons pas des complices silencieux de l’indifférence lointaine des grands prêtres et des anciens du peuple. Travaillons humblement à la vigne pour qu’elle porte des fruits savoureux de fraternité et de paix. C’est cela suivre le Christ.

Pére Michel Desplanches