Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 24 septembre 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

Il faut le dire tout de suite : l’Évangile n’est pas un manuel de justice sociale. Jésus ne vient pas nous enseigner que le travail ne doit pas être respecté ! Ce n’est pas là le sens de cette parabole… La première lecture le rappelait fort bien : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » Jésus nous donne à contempler dans ce texte la justice du Royaume. Elle dépasse infiniment la justice de notre terre. Cela ne signifie pas pour autant que la justice des hommes soit inutile. Au contraire, elle est nécessaire, mais elle est d’un autre ordre ; elle est à la mesure de nos capacités humaines. Jésus, lui, nous plonge dans l’infini du cœur de Dieu. Car l’amour que Dieu nous porte ne se mesure pas à l’aune de nos mérites ou de nos sacrifices. Les heures passées à travailler la vigne ne servent pas de mesure à l’Amour divin.  Le dernier arrivé, le plus petit est aimé autant que celui qui est admiré de tous. Il n’est pas question pour Dieu d’efficacité, d’utilité, de rentabilité, de productivité ou de mérite. Non.  Dieu donne. Et il n’y a que cela qui compte. Saint Paul le dit dans l’épître aux Romains : « Il n’est pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde ». Nos efforts ni peuvent rien. Dieu aime sans  compter, c’est ce qu’on appelle la grâce. Elle ne se mérite pas. Par définition, elle est gratuite. Ainsi, Jésus ne vient pas abolir l’ordre du monde. Il nous dévoile que le comportement de Dieu surpasse infiniment toute justice humaine. La miséricorde et le pardon sont les  seules mesures de l’action de Dieu. Entrer dans cette perspective, c’est accepter de convertir nos façons de penser. Tout l’enjeu est là.

Revoyons la scène. Les ouvriers de la dernière heure n’avaient pas parlé de salaire avec le maître de la vigne. Aussi, lorsque l’intendant leur donne un denier, on imagine leur surprise et leur joie ! Les premiers arrivés, eux, doivent se dire :      «Nous recevrons 12 fois plus… ». Eh bien non ! Ils auront ce qui a été convenu. Les ouvriers du petit matin sont choqués non pas tant  par le salaire que par l’égalité de traitement : « Tu les traites à légal de nous ». La voilà la manière humaine de regarder. Ils se comparent. Alors la jalousie vient habiter leur cœur. Ils n’arrivent  pas à se réjouir de la largesse de leur maître.

 Arrêtons de pleurer sur notre pauvre sort! Arrêtons de nous comparer! Réjouissons-nous d’être ensemble les enfants d’un Dieu qui donne tout son amour à chacun. Arrêtons nos petites jalousie et admirons la largesse de Dieu qui ne calcule pas l’amour qu’il nous partage.

« Pour moi, vivre, c’est le Christ » nous disait saint Paul. Si vivre chez le Christ, chers amis,  que pouvons-nous désirer d’autre ?

 

Père Michel Desplanches

Recteur