Le saviez-vous ? Il existe une association des chefs de cuisine des chefs d’États ! Chaque palais présidentiel, chaque résidence princière a son chef de cuisine. Ensemble, ils forment une association. Et, il y a un chef qui en est le président.
Un jour, l’archevêque de Monaco rencontra le chef de cuisine du palais princier. Celui-ci venait d’être élu président de cette association et il demanda à l’archevêque comment il fallait s’y prendre pour organiser, avec tous les chefs de l’association, un grand repas gastronomique pour le pape et ses collaborateurs. L’archevêque garda un moment de silence, puis, reprenant la parole, lui dit : « Vous savez, le pape François ne court pas après ce genre d’évènement. Vous n’y arriverez pas comme ça. En revanche, si vous écrivez au Pape que votre association souhaite préparer au palais du Vatican, un repas pour les pauvres de Rome, vous avez vos chances !» Le chef du palais princier tout ému, le remercia et écrivit sa demande. C’est ainsi que, le jour venu, les plus belles salles du Vatican se remplirent de pauvres, servis par les grands chefs des chefs d’États, reçus comme des princes au cœur de l’Eglise.
Chers amis, voici la parabole de l’Évangile, un peu actualisée. Cela nous rappelle saint Vincent de Paul qui disait à ses religieuses : « Les pauvres sont nos maîtres ; ce sont nos rois, il faut leur obéir, et ce n’est pas une exagération de les appeler ainsi parce que notre Seigneur est dans les pauvres ».
Dans un monde où les riches sont toujours plus riches et les pauvres, toujours plus pauvres, dans un monde où les grands font sentir leur pouvoir avec violence, cet aspect fondamental de l’Evangile peut sembler totalement décalé et même mettre mal à l’aise certains. Notre culture glorifie l’argent, la réussite, le pouvoir, le succès, bref tout ce que à quoi les pauvres n’ont pas accès.
Partager avec les pauvres, c’est partager avec Jésus. Servir les pauvres, c’est servir Jésus. Il a suivi un chemin qui l’a dépouillé de tout, de toute dignité, de toute sécurité humaine, mais c’est ce chemin qui l’a amené à la victoire de la résurrection et à la gloire du ciel. En Jésus, Dieu s’est vraiment fait pauvre. Dieu est venu véritablement habiter au milieu des pauvres et il vient aujourd’hui encore nous parler par les pauvres.
Dans la page d’Évangiles, que nous venons de lire, Jésus est invité chez le chef des pharisiens de la ville et il voit ce qu’il se passe. La bonne société se disputent les meilleures places au repas, et comme d’habitude, Jésus c’est profite de ce qu’il voit pour nous amener plus loin. Il vient déconstruire nos schémas simpliste. L’évidence est remise en question. Car l’Évangile nous oblige à regarder la vie sous un angle différent. Jésus n’est pas venu dans ce monde pour être couvert d’honneur. Il est venu se livrer sans retour et il nous invite à sa suite à nous livrer sans retour. Nous ne donnons pas notre temps, notre argent, notre vie pour recevoir des félicitations et des honneurs. Ce qui glorifie Dieu, c’est que nous soyons pauvres comme lui. Ce qui fait la joie de Dieu, c’est de nous voir le rejoindre dans son humilité.
Nous sommes ici, chers amis, pauvres, estropiés, boiteux ou aveugles et le Christ se livre aujourd’hui à nous, qui sommes des invités indignes.
Je me souviens d’un vieux confrère qui, pour dire sa joie de l’Eucharistie, changeait la formule du missel romain : «Heureux somme-nous, disait-il, d’être invités au repas du Seigneur. » Oui, nous sommes heureux, en effet, mais ce bonheur ne nous est pas réservé à nous tout seuls. Tous sont invités à ce repas de noces, sans exception. Mais le bonheur d’être invités ne nous vaut pas automatiquement de nous asseoir au premier rang des invités mais, comme Jésus, de prendre la dernière place, la plus humble, celle du serviteur qui n’a pour joie que de se donner sans réserve aux plus pauvres.
Pas de bonheur véritable sans humilité véritable. Oui, il est bon d’aimer et de servir en toute chose. C’est ainsi que, peu à peu nous nous rapprochons du Seigneur et nous livrons tout.