Homélie du 20 novembre 2022 - Solennité du Christ Roi

dimanche 20 novembre 2022

Par Par Mgr Xavier Malle

Fête du Christ Roi – Dimanche 20 novembre 2022 à 10h30, journée des agriculteurs, sur le thème « Fratelli Tutti, aussi en agriculture ? »

SGDF, Scouts et Guides de France, PAC, politique agricole commune !

Et bien figurez vous que les sigles existaient du temps des Romains.  Dans Astérix, on lit sur les écriteaux des légions romaines: SPQR. Obélix traduit de l’italien « sono pasti questi romani », par « ils sont fous ces romains » ! Mais en réalité cela signifie en latin ‘Senatus populusque romanus’, en français « le sénat et le peuple romain », sous-entendu, ont décidés. Cette devise abrégée est devenue la devise de la République romaine, puis de l’Empire romain.

Alors il n’est pas étonnant que l’écriteaux indiquant la condamnation à mort de Jésus, du temps des occupants Romains en Palestine soit aussi un sigle : INRI, I-N-R-I. En hébreux, le I et le J étant identiques, c’est l’abréviation de Jésus de Nazareth, roi des juifs. 

IL EST VRAI QUE JÉSUS EST NÉ DANS LA DESCENDANCE DU ROI DAVID.

Notre première lecture rapporte le moment où toutes les tribus du peuple hébreux reconnaissent le jeune David comme leur roi : « Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël. » Le Messie attendu devait naître dans la descendance de David et régner sur Israël. Alors on comprends la question « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Matthieu 2-2) que posent les rois mages, des païens qui cherchent cet enfant qui vient de naître dans une crèche, le sauveur attendu par tout un peuple. Jésus est donc, dès sa naissance, appelé Roi, par les mages.

De son vivant, Jésus se montre très réservé sur le titre de Roi, pour éviter d’être pris pour un roi terrestre, mais il l’accepte en tant que titre messianique, dépouillé de toute résonance politique. Lui-même dira que sa « royauté n’est pas de ce monde ». Il portera ce titre jusqu’à la croix où Pilate fera écrire sur le bois : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Jésus est bien roi. Mais il s’est démarqué des rois de ce monde par la manière dont il a vécu. Un Roi né dans une mangeoire là où les princes de ce monde ont pour berceau des palais. Un roi serviteur, « doux et humble de cœur », dont la mission est de guérir, enseigner, proclamer. Un Roi sans trône ni couronne, sauf celle d’épines.

La royauté du Christ ne s’exerce pas à la manière des puissants de ce monde, par la contrainte, par la violence, mais par son influence intérieure sur les coeurs, et par là, sur toute l’Eglise.

Fêter le Christ-Roi, c’est souhaiter que le Christ règne sur nos vies. C’est désirer se laisser conduire par Lui. C’est consentir à être « rois » à la manière du Christ.

NOUS SOMMES NOUS AUSSI CONSACRÉS PAR L’ONCTION

Notre baptême a fait de nous des « rois », et même, comme le proclame St Paul, dans notre seconde lecture, « Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé. » Paul ajoute : « Dieu a jugé bon qu’habite en Jésus toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. »

Et le psaume de ce dimanche se termine par : « Appelez le bonheur sur Jérusalem : Paix à ceux qui t’aiment ! »

Frères et soeurs, nous ne sommes pas chrétiens seulement pour nous-mêmes, seulement pour être sauvé et nous entendre dire comme le bon larron : « Amen, je te le dis :
aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Nous sommes chrétiens pour les autres. L’Eglise dont nous sommes les membres vivants, n’existe pas pour elle même, mais comme instrument du Salut.

LE 26 NOVEMBRE PROCHAIN AU SANCTUAIRE ND DU LAUS, JE PROMULGUERAI LA VISION PASTORALE DIOCÉSAINE POUR LES ANNÉES 2022-2030.

Elle porte le nom de ‘Mission Altitude’, et à cette occasion je rendrai public une lettre pastorale dont le titre reprend le psaume 71,3 : « Montagne, portez au peuple la paix ». S’agissant d’un des « psaumes royaux », l’invitation vise d’abord le roi, qui était la préfiguration du Messie, le Seigneur Jésus-Christ.  « La montagne qui est le Christ » était d’ailleurs la devise épiscopale de Mgr Camille Pic,évêque de Gap de 1928 à 1932, qui avait cette devise : « Ad montem qui Christus est », tirée de l’oraison de la messe de la fête de sainte Catherine le 25 novembre. Donc dire « Montagne, portez au peuple la paix » est en quelque sorte une prière au Christ. Il y a une autre lecture possible de ce verset de psaume : dans nos paysages montagnards, nous pouvons lire ce court verset dans un sens plus littéral. Il devient alors une invitation adressée à chaque chrétien montagnard, un envoi en mission ! « Chrétien haut-alpin, porte au peuple des Hautes-Alpes la paix véritable qui te vient de ton Seigneur. C’est ta mission prioritaire ! »

Frères et soeurs, comme à toutes les époques, l’Eglise connaît des crises. Ces crises nous laissent, comme les évêques l’ont écrit depuis Lourdes, « bouleversés et résolus ». Bouleversés car le péché parmi les chrétiens, quel que soit leur niveau de responsabilité, provoque une grande souffrance pour les personnes victimes. Résolus car la crise provoque une détermination dans la lutte contre les abus en tout genre.

Cette détermination est sa raison d’être : l’Eglise existe pour faire refluer le mal. Le père Alexandre Men, un des derniers martyrs du KGB soviétique en Russie en 1990 disait : « Il n’y a que les hommes bornés pour s’imaginer que le christianisme est achevé(…). L’histoire du christianisme ne fait que commencer. » Le penseur italien Andréa Riccardi renchérit dans un livre récent : « Davantage qu’une institution à conserver, le christianisme est une réalité de notre avenir. »

Fratelli tutti, tel est le thème de notre journée pour les agriculteurs chrétiens, ici au Laus. C’est en se reconnaissant tous fils d’un même Père que nous nous reconnaissons comme frères. Cette lettre du Pape sur la fraternité universelle permet de mettre des mots sur ce que les agriculteurs chrétiens veulent vivrent, et on se remémore la riche histoire de la JAC, la Jeunesse agricole chrétienne, dans les Hautes-Alpes, qui portait haut ces valeurs d’entraide fraternelle. Puisse cette journée nous renforcer dans ce désir de fraternité.