Homélie du 1er novembre

mardi 01 novembre 2022

Par Le Père Michel Desplanches

Pierre Perret, qui n’est pas un Père de l’Eglise, chantait  : «  Le  bonheur c’est toujours pour demain ! » Eh bien, non ! Ce n’est pas chrétien, ce n’est pas ce que nous croyons ! Le bonheur, ce n’est pas toujours pour demain! C’est pour aujourd’hui, c’est pour maintenant!

Regardons bien, la première des Béatitudes insiste : « Heureux les pauvres de cœur le royaume des cieux est à eux »… Et non « sera à eux… » Cette Béatitude de la pauvreté, on pourrait dire qu’elle englobe  les huit autres Béatitudes.

En effet, nous le savons, les Béatitudes sont avant tout un portrait de Jésus. C’est lui qui pleure, qui a soif de justice, c’est lui qui est doux et artisan de paix, c’est lui que l’on insulte et que l’on persécute. C’est pourquoi avant toute chose Jésus choisit d’abord de parler de la pauvreté. Il est fondamentalement le pauvre, dépouillé de tout parce qu’il donne tout.

C’est d’ailleurs  la raison du vœu de pauvreté de nos frères et sœurs religieux. La perfection qu’ils recherchent consiste à être à l’image du Christ pauvre qui se donne tout entier. C’est bien là la source du bonheur véritable, du bonheur qui nous est offert pour aujourd’hui, du bonheur du royaume des cieux.

Chers amis, ces 9 appels au bonheur nous rappellent que tout dans la prédication de Jésus nous tourne vers le bonheur du royaume des cieux si nous l’accueillons avec un cœur joyeux et pauvre, au travers des aléas de la vie.

 Benoîte Rencurel, née dans cette pauvre vallée, à découvert peu à peu une autre forme de pauvreté. Car peu à peu, le Ciel lui a appris à se donner et à tout donner. La joie du royaume que la Vierge Marie lui a révélée n’était pas pour plus tard. Cette joie des saints l’a habitée toute long de ses  54 ans de compagnonnage avec le Ciel. Tous les pièges du démon, toute  l’horreur du péché qu’elle a affrontée en accueillant les pèlerins, rien n’a altéré  sa joie. Elle était «toujours contente », nous dit-on dans les Manuscrits, c’est à dire comblée.

Chers amis ici, au Laus, cette joie du ciel vous est offerte. Mettez vos pas dans les pas de Benoîte pauvre et pourtant si heureuse. Comme elle, tous les saints ont suivi le chemin du Christ, ce chemin de la dépossession de soi pour le bonheur des autres et pour la gloire de Dieu. Suivons l’humble Benoîte qui n’avait rien et qui donnait tout. Il ne s’agit pas pour nous de vivre sous les ponts,  nourris par une maraude. Non ! Simplement d’arrêter d’avoir tout le temps raison , de laisser libre cours à nos énervement, d’arrêter de juger tout et tout le monde, de ne plus nous placer au centre de notre propre vie.

Il s’agit d’être enfin pauvres de nous-mêmes, mendiants de l’amour de Dieu. Et nous recevrons le bonheur ici et maintenant, le bonheur du royaume, le bonheur d’être enfants du même Père, ses enfants bien-aimés, ses  enfant dans lesquels il a mis tout son amour.

Alors, la sainteté ne sera plus un rêve inaccessible, mais un bonheur limpide à partager comme on partage le pain à la table familiale. C’est cela, la Béatitude des pauvres, la Béatitude des saints, notre Béatitude. Et comme elle est belle!

Père Michel Desplanches

Recteur