Chaque année, la première étape de notre sainte quarantaine se fait au désert. Avec le carême nous entrons dans le temps du combat spirituel. Et ce combat se mène au désert. Le décor est donc en place en ce dimanche. Mais attention, ce n’est pas qu’un décor ! En effet, le désert est un lieu essentiel dans l’Ecriture. C’est le lieu de l’expérience spirituelle par excellence. C’est au désert que le peuple hébreu fondera son histoire. Lieu aride où le corps peine, où la soif est constante, le désert n’offre ni ombrage ni nourriture. C’est un lieu dangereux où l’homme expérimente sa petitesse et sa fragilité. C’est un lieu où l’on perd ses repères. Le peuple hébreu s’y perdra d’ailleurs durant 40 ans. Rien dans le désert ne peut distraire le regard. Il n’y a rien à désirer là-bas, sinon Dieu seul. Au pays des mirages, Il demeure comme la seule réalité.
Le temps du carême est donc un temps d’épreuve et de combat spirituel. Comme le peuple hébreu cheminant au désert, Jésus va revivre l’Exode avec ses combats et ses tentations. Remarquons que cet épisode suit immédiatement le récit du baptême. Enseveli dans l’eau du Jourdain en signe de sa mort,Jésus se livre pour le salut du monde. Son humanité est bien réelle. Dieu immuable et éternel a véritablement épousé notre humanité fragile. Et l’épreuve de la tentation ne lui sera donc pas épargnée. Sa mission, inaugurée au désert sera bien de vaincre toutes les puissances de Mal et de Mort. Mais c’est dans la faiblesse que Jésus va inaugurer sa mission. C’est dans la faiblesse encore qu’il l’accomplira au terme de ce carême.
Jésus nous rejoint dans le désert spirituel de ce monde où les tentation nous submergent, mais il ne se contente pas de lamentations comme nous le faisons trop souvent. La puissance de la parole de Vérité vient affronter le mensonge. Dépouillé de toute sécurité humaine, Jésus sera pourtant vainqueur. Il nous invite ainsi à épouser sa pauvreté, à ne pas en avoir peur. Dépouillé de toute puissance, c’est uniquement par amour qu’il affronte les forces du mal. C’est pour nous qu’il est au désert. C’est avec nous qu’il vit le combat. Il ne vient pas nous sauver d’en-haut, il vient nous rejoindre dans nos désert et jusque dans notre mort.
Notre carême est donc un dépouillement consenti. L’Esprit-Saint nous pousse à accueillir la pauvreté intérieure que Jésus a éprouvée au désert. C’est par amour pour nous qu’il s’expose. Et c’est au creux de cette pauvreté que nous le rencontrerons. C’est là qu’il nous attend, au cœur de nos combats, pour nous faire goûter aux splendeurs de sa vie, à la gloire de son prix qu’il est venu nous offrir par la victoire de Pâques.
N’ayons pas peur de notre pauvreté au désert. Elle est précieuse parce que c’est là que nous rencontrerons le Christ et que nous partagerons sa victoire à jamais.