Homélie du 19ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 13 août 2023

Par Le Père Michel Desplanches

Notre vieux fonds religieux nous appelle instinctivement à reconnaître la présence de Dieu dans les grandioses manifestations de la nature. Les ouragans, les catastrophes sont souvent interprétés un peu vite comme des manifestations de la grandeur de Dieu. Et souvent, avouons-le, dans nos Alpes, un orage majestueux et puissant nous renvoie à la crainte de révérencielle  de Moïse au Sinaï.

Pourtant, le prophète Elie, nous l’avons entendu, il ne fera pas cette expérience. Elie est la grande figure prophétique que nous avons rencontrée sur le Thabor dimanche dernier. Il était, à son époque, le dernier prophète du Seigneur. Le pays tout entier était livré au paganisme . Poursuivi par la haine de la reine Jézabel, il partit se cacher au désert durant 40 jours. Parvenant à l’Horeb, la montagne de Dieu, il voit le Seigneur lui manifester sa présence. Du fond de sa misère et de son découragement, il va  recevoir la grâce de voir passer le Seigneur devant lui. Alors, la nature déploie toute sa puissance : ouragan dévastateur, tremblement de terre, incendie… Pourtant Dieu ne sera pas présent dans le fracas spectaculaire des éléments de la nature. Avec Élie, nous comprenons que Dieu ne vient pas se révéler dans une mise en scène spectaculaire. Le Dieu d’Elie se révèle dans le silence de la montagne. Sa présence s’inscrit « en creux » dans ce monde. Rien est plus propice à la rencontre avec Dieu que l’intimité silencieuse et aimante.

C’est bien le choix de Jésus dans l’Évangile que nous venons d’entendre: «Jésus gravit la montagne pour prier. Le soir venu, il était là, seul. » La barque des disciples n’est pourtant pas abandonnée au hasard des flots. Du haut de la montagne, en prière, Jésus veille sur les siens. Mieux, dans les cahots de nos vies ou de la vie de l’Eglise, il vient à nous.  Marchant majestueusement sur les flots, il se révèle vainqueur de la mort. Car l’eau, nous le savons symbolise la mort dans l’Ecriture. C’est le lieu de l’engloutissement , des monstres marins mystérieux, le lieu de l’immense solitude et du danger. Le Christ domine la masse des eaux .

Il est vainqueur de la mort et le voilà qui vient à nous dans nos épreuves, paisible et lumineux. Les disciples, au cœur de leur combat, ont expérimenté le silence de Dieu. Mais ce silence devient soudain présence. Rien n’arrête la puissance du Seigneur qui vient nous sauver.

Les yeux fixés sur Jésus, Pierre, lui aussi, domine la violence des flots et sa propre peur. Mais, dès qu’il doute, il sombre, épouvanté.

 Chers amis, quoi que nous pensions, nous ne sommes jamais abandonnés pourvu que nous gardions les yeux fixés sur le Sauveur.  Il veille sur nous, dans le silence de la montagne du Laus comme dans les tempêtes de nos vies. Avec lui, nous pouvons l’impossible. La présence du Christ n’est pas un rêve. Il monte dans la barque de nos vies… Et la tempête se calme.

En ce lieu de grâce, goûtez, frères et sœurs, à la paix silencieuse qui nous révèle la proximité de Dieu. Jamais il ne nous abandonnera. Benoîte en a fait l’expérience en ces lieux, mettons nos pas dans ses pas et répondons au Seigneur qui nous appelle à le rejoindre au cœur de nos tempêtes.

 

Père Michel Desplanches

Recteur