Homélie du 19 janvier 2025 — 2ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

dimanche 19 janvier 2025

Par le père Mickaël Garreau, chapelain

Début de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Is 62, 1-5 - Ps 95 - 1 Co 12, 4-11 - Jn 2, 1-11

Frères et sœurs bien aimés, l’Église nous invite cette semaine à prier pour l’unité des chrétiens. Et c’est une année toute particulière pour porter cette intention, puisqu’avec nos frères orthodoxes et protestants, nous célébrons le 1700e anniversaire du Concile de Nicée, où pour la première fois, la Foi en Jésus-Christ, « de même substance que le Père », c’est-à-dire vrai Dieu et vrai homme, fût proclamé de manière officielle, solennelle et universelle.

Et les lectures d’aujourd’hui nous aident à mieux comprendre ce mystère d’unité qui se déploie de plusieurs manières : unité des croyants entre eux, unité intérieure de l’homme en lui-même et aussi et surtout unité de l’homme avec Dieu. Car quand l’homme retrouve l’unité avec son Dieu, qu’il ne fait plus qu’UN avec Lui, alors l’unité avec lui-même et les autres en découle.

L’Évangile d’aujourd’hui nous met face à une réalité qui nous touche tous d’une manière ou d’une autre qui est celle du manque : le mariage est un moment de joie et de fête. Or ils n’ont pas de vin. Et peut-être que nous aussi, notre vie manque de vin : peut-être que nous avons tout pour être heureux, tout pour être dans la joie mais que ce bonheur n’est pas au rendez-vous. Ou peut-être que nos manques, nos fragilités, nos infirmités nous ont retiré cette joie, ce bonheur. Peut-être que tu fais cette expérience de te donner dans le travail, à la maison, dans l’éducation de tes enfants ou la transmission de la foi et de ne rien recevoir en retour. De vouloir l’unité familiale ou intérieure et de faire l’expérience de la division.

Les Noces de Cana ne sont pas le récit d’un quelconque mariage : pour preuve, il n’est pas fait mention ici de la mariée. Il y a un sens plus profond qui nous dit quelque chose de notre alliance avec Dieu, de l’alliance de Dieu et son peuple. Ce mariage, c’est ton mariage, c’est ton alliance avec Dieu. Notre vie est finalement un peu à l’image de ce mariage. Nous voulons vivre une joie profonde, un bonheur profond ; et soit nous avons oublié Dieu et nous sommes comme ces invités qui ne savent pas que le vin manque et nous fuyons par mille manière notre réalité sans comprendre les épreuves ou les contradictions ; ou au contraire, nous prions, nous vivons des sacrements, bref nous faisons « tout bien », mais … nous sommes accablés par les incompréhensions de la vie, comme ceux qui savaient que ce vin manquait et qui devaient être dans l’incompréhension. Vous savez, c’est un peu comme ces personnes non croyantes et marquées par la souffrance, qui nous demande : « où est-il ton Dieu ? Si Dieu existait, jamais tel évènement ne serait arrivé ! ».

Dans ce contexte compliqué du manque de vin, l’Évangile nous invite à tourner notre regard vers la Vierge Marie. Elle voit le manque avant que les autres ne le voient. Elle a un vrai cœur de mère ; un cœur qui veille. Marie est ici la figure de l’Église ; en effet, de la même manière que Marie a donné Jésus au monde, de la même manière, par les sacrements, l’Église donne Jésus au monde. Et que fait Marie ici ? Elle intercède auprès de son Fils. Mais pas seulement ! Écoutez ce qu’elle dit aux serviteurs : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le ! » La Vierge Marie nous invite à l’obéissance de la Foi. Souvent, soit nous voulons que Dieu intervienne dans sa toute puissance et règle tout, tout seul, soit nous voulons régler les difficultés à notre manière et sur nos propres forces. Malgré nos incompréhensions et nos doutes, Marie nous invite à remettre toute notre vie dans les mains de Dieu. Elle nous invite à la confiance. Tel évènement, telle relation compliquée, telle situation : peut-être que le Seigneur le permet pour nous apprendre cette confiance en Dieu seul ! Il suffit de voir la vie des grands saints : ils n’ont pas été épargné ! mais dans leur détresse, leur solitude, leurs incompréhensions, ils apprennent à s’en remettre à Dieu. Et en cette semaine de l’unité des chrétiens, je pense à St Paul : lui qui pensait tout maîtriser, tout savoir, tout bien faire, voilà qu’il se retrouve impuissant, aveugle et rempli de doutes : et pourtant Dieu le permet pour transformer son cœur de pharisien en un cœur d’Apôtre.

A la prière de sa Mère, Jésus demande aux serviteurs de remplir les jarres d’eau. Geste qui peut sembler absurde quand on pense que ces jarres d’une centaine de litres chacune servaient à la purification rituelle des juifs ; autrement dit ce n’est pas de l’eau destinée à être bue mais de l’eau pour se laver les mains. Mais ce geste là aussi révèle la profondeur de ce que Jésus veut faire avec chacun de nous : prendre le peu que tu as, et le transformer. Diviniser ton humanité. Mettre la joie et le bonheur, là où il te semble qu’il n’y a aucune issue. Et non seulement il veut renouveler cette joie en toi, mais il veut aussi te purifier de l’intérieur. Il ne veut pas simplement une petite purification des mains, une purification extérieure, mais il veut se donner pour te purifier de l’intérieur, purifier ton cœur. Car il sait que la vraie joie ne dépend pas des circonstances extérieures, ou des évènements de la vie mais de la communion, de l’alliance, de l’intimité avec Lui ! Regardez les amoureux ! la terre peut s’effondrer autour d’eux : ils n’en n’ont rien à faire ! Ils s’aiment !

L’Espérance à laquelle nous sommes invitée par le Jubilé de cette année, c’est cette certitude que le Christ va transformer notre eau en vin nouveau. C’est cette certitude que Marie intercède et nous apprend cette confiance afin que dès ici-bas nous puissions enter dans cette intimité avec Jésus et que demain au Ciel nous puissions goûter à cette joie en plénitude. Joie annoncée et préfigurée à Cana, qui s’accomplit dans le Sacrifice de la Croix, sacrifice actualisé à chaque Eucharistie et que nous goûterons en plénitude au Ciel !

Aujourd’hui le Seigneur te dit : « Apporte-moi ton manque, ta misère, tes échecs, tes péchés. Aie confiance ! Laisse-moi transformer ton eau en vin, ta vie de péché en une vie de grâce. » Et ce sanctuaire Notre-Dame du Laus, Marie l’a choisie pour ça.

Alors demandons à Notre-Dame du Laus, elle qui nous invite à nous oindre de cette huile avec Foi, demandons-lui la grâce de la Foi, de la confiance et de la pleine communion avec Dieu et l’unité les uns avec les autres. Amen.