Homélie du 15ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 14 juillet 2024

Par le père Michel Desplanches, recteur

Le choix de Dieu est profondément mystérieux. Tout au long de l’Ecriture, en effet, Dieu ne cesse d’appeler. Il cherche des hommes et des femmes disposés à collaborer à son projet d’amour pour cette terre. Toute la Bible est ainsi une histoire d’alliance. Les grands personnages bibliques  ne sont pas des braves gens qui se sont lancés dans une activité religieuse avec plus ou moins de bonheur. Non, Dieu lui-même  les a appelés. Dieu les a arrachés au quotidien tranquille qu’ils avaient bâti. Et le Christ fera de même. Nous le voyons dans l’Évangile d’aujourd’hui. Le messie « appelle les Douze». Jésus n’a pas lancé un concours, il n’a pas fait passer d’examen à ses apôtres. Il ne leur donne même pas d’explication. Il les appelle, c’est tout. L’appel est bien au fondement de notre vocation à tous comme il est le fondement de la révélation. Dieu commence toujours par appeler.

Mais pourquoi appelle-t-il ces hommes là précisément ? Rien ne semble les distinguer des autres : ni la vertu, ni aucune sagesse particulière, ni une capacité d’orateur qui saurait séduire et convaincre… Non ces hommes ne sont pas parfaits. Ils sont comme nous, habités par la foi, le doute, la lâcheté. Ils nous ressemblent tant. Mais  quand Jésus les enverra, il leur donnera la force d’en-haut. Quand nous touchons à notre médiocrité , la grâce de Dieu vient nous combler. La radicalité de l’envoi en mission est un appel à tout remettre entre les mains du Père et à tout attendre de lui. Ce qui est admirable chez les Douze, c’est leur certitude que rien ne leur manquera puisque les moyens de la mission sont d’abord ceux que le Seigneur mettra à leur disposition. Ils n’ont pas à s’appuyer sur leurs moyens humains. Jésus le leur demande spécifiquement. Ils ne doivent pas mélanger les dons de Dieu et leurs propres moyens humains.

Pour nous, se lancer dans la mission, c’est d’abord avoir un bon équipement informatique, un wi-fi fiable, un équipement professionnel. Mais Jésus nous met en garde. Les apôtres n’emportent  ni sac, ni pain,  ni argent, pas même une tunique de rechange.  Les moyens humains les encombreraient. Leur seule charge, c’est leur mission. Ils doivent prêcher et appeler leur contemporains à la conversion. Peu importe le succès de cette mission. Ce n’est pas la leur. Ils n’ont pas à séduire, ils ont à annoncer. Leur trésor c’est ce qu’ils donnent et non ce qu’ils reçoivent.

Leur mission n’a pas de succès ? Cela ne les concerne pas. Ils ne sont pas propriétaires de leur mission. On ne veut pas de leur message ? Ils doivent simplement continuer leur chemin et aller plus loin. Ce n’est pas leur discours qui doit convaincre et convertir. Ce n’est pas leur habileté qui assurera le succès de la mission. Seul l’Évangile produit ce qu’il annonce. La parole de Dieu n’est pas un outil de promotion. Elle est puissance de conversion et de salut. Elle est une parole qui fait ce qu’elle dit.

L’apôtre est donc  fondamentalement pauvre. Il est un instrument que Dieu se donne pour rencontrer les hommes. Il accepte de renoncer aux moyens humains. Son seul appui sera la foi.

Les apôtres partent à la rencontre de Jésus qui les précède toujours.  Ils partent comme des pèlerins à la rencontre de Dieu qui agit déjà dans la vie de ceux qu’ils vont rencontrer. Ils partent les sandales aux pieds et le bâton à la main. Si la bonne semence de l’Évangile est accueillie,  la parole de Dieu pourra prendre racine. La mission reçue est donc bel et bien le prolongement du ministère du messie. Et si le message n’est pas accueilli, cela sera donc signifié. Comme l’indiquait déjà le Talmud, les apôtres secoueront  la poussière de leurs sandales.

 Chers amis, en ce lieu béni, le Seigneur a  appelé Benoîte. Sans moyens humains, elle a tout misé sur Dieu. La foi a brûlé son cœur et  elle l’a poussée à la rencontre des pécheurs. L’appel de Dieu a bouleversé sa vie. À travers les succès et les échecs, c’est Dieu qui a fait son œuvre en elle. Benoîte fait partie du grand peuple des semeurs qui ont une infinie confiance dans la semence de la Parole qu’ils répandent. A la suite de Benoîte, la joie de la mission brûle en nous. Comblés des grâces reçues ici, à la suite de Benoîte, semons le bon grain de l’Evangile pour qu’enfin lève la joie!

 

Père Michel Desplanches

Recteur