Homélie du 13ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 30 juin 2024

Par le père Michel Desplanches, recteur

Ballottés entre les phrases assassines et les programmes politiques souvent mal ficelés, il faut bien le dire, notre pays est désaxé. C’est-à-dire qu’il a perdu son axe, ce qui le tient debout, ce qui oriente sa vie, son espérance et son histoire. Désaxée, notre société a du mal à affronter les grands défis d’une époque de gigantesques mutations. Car, plus que politique ou économique, la crise est spirituelle. Et, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, la foi chrétienne n’est pas condamnée aux placards de l’histoire. Elle se propose à tous  comme un axe solide, éprouvé, qui a traversé les siècles, les régimes politiques, les élections, les guerres  et les révolutions… L’Évangile, c’est l’axe de la Vie elle-même,  de la bonté qui guérit, de la douceur qui sauve. Nos pays imbibés de matérialisme sont encore aujourd’hui appelés a tourner leurs yeux et leur cœur vers Celui qui, de riche qu’il était, « s’est fait pauvre à cause de nous. » Mais sait-on encore voir un pauvre?… En ces jours de fin juin, en France, une centaine de jeunes hommes seront ordonnés prêtres au service de Dieu et de son projet d’amour pour l’humanité. Oui, pauvrement, la lumière de la grâce traverse encore l’épaisseur de notre égoïsme collectif! Par ces vies qui se donnent , Dieu nous fait humblement signe. Oui, il est fidèle dans sa pauvreté. Ces jeunes hommes ordonnés prêtres nous le rappellent: Dieu vient nous donner tout, sans réserve, dans un élan d’amour qui ne peut que nous éblouir.

Bien sûr, nous sommes faibles et la puissance de la mort semble partout crier victoire. Elle nous effraie comme Jaïre. Mais Jésus s’approche avec douceur et dit à notre humanité : « Je te le dis, lève-toi ! »  Et ce verbe grec, egeirô, est un verbe qui dit la résurrection : lève-toi ! À ce monde brisé par la peur, fasciné par la mort, si souvent livré à la guerre et à la destruction, Jésus offre simplement la vie, comme il l’a fait dans la maison de Jaïre à une petite fille de 12 ans. Sa vie est plus forte que la violence de la tristesse, de la maladie et de la mort.

Car «notre Dieu n’est pas le Dieu des morts, dira Jésus, mais le Dieu des vivants ». Ne boudons pas la Vie que Jésus nous donne à mains pleines. Il vient saisir avec douceur  ta main fragile et hésitante comme il a saisi la main de la petite fille. Il te prend par la main et il te relève. Il te rend la vie.

Nous le savons, tous les messianisme politiques se sont achevés dans un bain de sang. Mais le messie ne sort pas des urnes ou des coups d’état.  Le Messie véritable  vient à toi, désarmé. Il vient simplement parce qu’il t’aime et qu’il veut te partager le trésor merveilleux de sa vie, débordante de joie et de lumière.

Ici, sur la montagne, Jésus a manifesté dans l’humilité la puissance de son amour et de sa vie. Ici, depuis 360 ans, le sacrement du pardon rend la vie  et l’innocence aux pèlerins aimés de la Vierge Marie. C’est une fontaine de vie que la Belle Dame a fait jaillir pour que, morts à nos péchés, nous vivions pour Dieu, libres et sauvés.

Béni sois-tu, Seigneur, pour le Laus,  pour ce lieu de grâce, d’espérance, et d’indicible joie. Béni sois-tu pour cette source intarissable de vie jaillissante qui vient irriguer les déserts de ce monde! Amen.

 

Père Michel Desplanches

Recteur