Homélie du 13ème dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 02 juillet 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur

« Perdre sa vie »…

Cette expression a une connotation négative, il faut le reconnaître ! Lorsque Jésus nous assure que celui « qui a perdu sa vie à cause de lui la trouvera », nous sommes plongés dans des abîmes de perplexité… car, nous le savons, pour s’en sortir dans la vie, il faut être un gagnant, cultiver son leadership.

Perdre sa vie, c’est rater sa vie dans la culture du succès qui nous habite tous. Oui, Jésus possède bien cet art de l’emphase qui nous oblige à bousculer nos habitudes et à nous poser pour réfléchir. En fait, il invite ses apôtres à une offrande de tout leur être.

Ainsi, une véritable vie chrétienne ne peut pas se limiter à quelques pratiques religieuses si estimables soient-elles. Jésus ne veut pas se contenter d’un peu de piété ou d’une démarche aussi évasive que passagère. Il veut notre cœur. Il nous aime. Il a soif de notre réponse enthousiaste et aimante.

Or, trop souvent, notre foi est si prudente et notre amour si raisonnable que l’offrande de nous-mêmes se perd dans les vapeurs d’une vague rêverie. Et après, on s’étonne du manque de ressort dans notre Eglise! Comme si nous y étions étrangers, comme si nous la regardions de l’extérieur… Mais attention ! L’Eglise m’a transmis l’Évangile, l’Eglise m’a donné la grâce qui fait les saints, l’Eglise m’a donné une famille. Elle est ma mère, celle qui m’a offert la vie éternelle.  Nous l’aimons comme une mère. Nous en prenons soin comme d’une mère. Et faire le choix du Christ c’est faire le choix de l’Eglise. Car l’Eglise, c’est le corps mystique du Christ. Suivre le Christ, ça n’est pas suivre une idée. C’est suivre quelqu’un partager sa joie, bien sûr,  mais aussi porter avec lui  la croix de chaque jour. Suivre le Christ, ce sera donc offrir notre vie goutte à goutte, pas à pas, avec toute l’Eglise,  tout au long du chemin de l’existence.

Or, trop souvent, il faut bien l’avouer,  nos élans de foi se terminent  en compromis boiteux. Nous nous maintenons sagement dans la tiédeur d’une vie fade, incolore et sans saveur. Or « Dieu vomit les tièdes », nous dit l’Apocalypse. C’est une parole peut-être dure à entendre, mais le Seigneur ne veut pas nous tromper. Se mettre à sa suite, ce n’est pas partir en promenade… C’est vivre une passion avec tout un peuple.

Perdre sa vie, c’est donc accepter par amour de ne plus m’appartenir. Ma vie n’est plus à moi, elle est donnée.

«Trouver sa vie » ce sera alors donner du sens au temps qui passe, aux engagements qui me passionnent. suivre le Christ, c’est choisir l’espérance, c’est miser sur l’avenir. Et Jésus veut qu’à sa suite, nous trouvions la vie.

Renouvelons aujourd’hui cet engagement intime, cet engagement personnel qui fera de nous, au grand jour, de véritables disciples. Perdre sa vie, c’est tout livrer à l’amour. Quelle plus belle perspective de vie pourrions nous avoir? C’est ça perdre sa vie, c’est ça la vie d’un chrétien: tout livrer à l’amour!