Homélie du 11 ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 18 juin 2023

Par Le Père Michel Desplanches

Désemparés, abattus… Voilà l’état des foules qui sont en face de Jésus. Elles  le voient, mais elles ne le connaissent pas... Leur bonheur est devant eux, et ils sont perdus.

Lorsque j’étais en paroisse, j’ai souvent pensé que la commune mourait de soif à côté d’une source. L’Évangile est offert… et l’homme regarde ailleurs!  Il est désemparé devant son propre mystère. Jésus, lui,  regarde la foule, « saisi de compassion. » Il est bouleversé de voir sa créature qu’il aime tant, abattue et ne sachant où aller. La mission du Christ et de relever l’homme, de le ressusciter. Voir cette foule désemparée et abattue soulève en Jésus une émotion profonde. Cette émotion doit aussi nous habiter, nous qui nous voulons disciples du Christ. En effet, notre petit confort spirituel n’est pas le but de la vie de disciple. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’un monde désemparé et abattu.  Notre mission sacrée consiste à lui apporter l’espérance et la vie que porte l’Évangile.

Jésus constate que la moisson est abondante et que les ouvriers sont peu nombreux. Mais la moisson est abondante parce que le peuple est dispersés. Le travail du Berger sera de rassembler. Et c’est bien ce que fait le Seigneur pour Israël. Il rassemble «un peuple de prêtres, une nation sainte » nous disait le texte de l’Exode.

Jésus avec ses apôtres rassemblera lui aussi les foules.  Il est le bon berger. L’initiative vient toujours de Dieu. Si elle était simplement humaine, elle ne serait qu’un artifice politique ou sectaire. Mais l’initiative est divine. Voilà pourquoi Jésus n’invite pas à embaucher des ouvriers, mais il nous commande de « prier le maître de la moisson. » Car c’est le maître de la moisson qui choisit, c’est lui qui envoie. Il n’est pas un Dieu lointain ou indifférent. Jésus est véritablement bouleversé. Et c’est du fond de cette compassion qu’il appelle gratuitement douze hommes bien différents.  Il leur donne de participer à sa puissance de mission. Et, 2000 ans après, cette mission est toujours la nôtre. Elle consiste à libérer et à guérir. Tant de prisons invisibles enferment nos contemporains! Tant de maladies rongent les cœurs et empêchent d’aimer, de pardonner et de guérir !

L’Évangile est source de libération et de guérison. Il est vie et salut.

Ici, à Notre-Dame du Laus, Benoîte Rencurel a accompli cette mission durant 54 ans : libérer et guérir.  La longue liste des chapelains témoigne que, dans ce sanctuaire, la mission reçue du Christ a été et continue d’être menée avec fidélité. Face a l’abattement et au découragement que suscite le péché, le repli sur soi, Jésus propose ici-même la guérison, l’épanouissement de la grâce, la joyeuse liberté du matin de Pâques !

Nous avons reçu gratuitement, donnons gratuitement le trésor de l’Évangile. Comment résister à sa joie, à sa puissance de vie et de résurrection ?

 

Père Michel Desplanches

Recteur