Homélie du 3ème dimanche de l'Avent

dimanche 11 décembre 2022

Par Le Père Brice Miguel

Chers frères et sœurs bien-aimés, en ce dimanche de Gaudete, le mot d’ordre c’est : « Réjouis-toi ! ». Réjouis-toi, parce que ton attente ne sera pas vaine, ton espérance ne sera pas déçue. Cette invitation à se réjouir est d’abord adressée à Jean le Baptiste qui, comme nous l’avons suivi dans l’Évangile de ce jour, est déjà en prison à cause de sa mission prophétique. Il a dénoncé le vice du Roi Hérode qui a pris la femme de son frère Philippe. Et de sa prison, il envoie ses disciples poser une question surprenante à Jésus, une question qui révèle l’inquiétude et les doutes qu’il nourrit : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ».

 Face à cette demande, on se demande pourquoi Jean le Baptiste doute-t-il aujourd’hui, lui qui était si sûr que Jésus était le Messie. C’est lui qui en désignant Jésus a dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Pourquoi est-ce-que sa foi vacille-t-elle maintenant ? La raison est que Jean était mis au courant par ses disciples de ce que Jésus faisait. Et ses disciples ont vu en Jésus uniquement des manifestations de douceur. Ils ont vu sa tendresse, son amour pour les hommes, spécialement pour les plus faibles, les plus fragiles, les plus marginalisés, ceux dont la souffrance était perçue comme une punition de Dieu et qui n’osaient plus s’approcher de Lui. Or, Jean-Baptiste avait d’autres attentes qui étaient bien claires dans ses prédications.

Dimanche dernier dans l’Évangile, il tient des paroles dures contre les pharisiens et les sadducéens qui venaient à lui se faire baptiser sans vouloir changer de vie. Ils les avaient menacé sévèrement. « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? (…) tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. (…) celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, (…) il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas ». Il attendait un Messie guerrier, qui frappera tous ceux qui commettent le mal, qui dénoncera publiquement leurs péchés en dévoilant les personnalités fourbes et fausses. Les prophètes de l’Ancien Testament avaient le même discours quand le peuple s’égarait.

Mais Jésus se révèle ne pas être ce Messie-là. Parce que le Messie de Dieu ne punit pas, c’est pas lui qui envoie le mal sur les personnes, car le mal est la conséquence du péché. Le feu annoncé par Jean-Baptiste n’est pas le châtiment contre les impies, mais c’est le feu de l’Esprit du Christ qui fait vivre de la vie divine. Et ce feu fait disparaître la mal, non pas en exterminant les malfaiteurs, mais en transformant de l’intérieur les personnes qui ont du mal à mener une vie vertueuse. Ce feu transforme les méchants en fils de Dieu.

L’expérience de Jean-Baptiste nous pousse à nous poser cette question fondamentale : Quel Messie attends-tu ? Si tu attends un Messie farouche et violent avec les pécheurs, tu risques être surpris, parce qu’il déteste le péché, mais il aime les hommes. Alors attention ! Tu peux être déçu si tu nourris des attentes qui ne sont pas celles de Dieu ; si tu attends du Messie ce qu’il n’est pas venu apporter. Tu attends peut-être du Messie qu’il vienne dans ta vie résoudre tes problèmes à ta place à coup de miracles, te dégageant de toute responsabilité, tu seras surpris ! Si tu attends de lui qu’il apporte la paix dans ta famille sans que tu ne t’engages à travailler à cette paix par le pardon, le dialogue etc., tu seras surpris ! Si tu attends qu’il vienne gérer l’ordre politique et économique de ton pays parce que tout va mal, j’ai peur qu’après Noël, ceux qui gèrent ces réalités n’aient pas changé. Oui, le Messie nous surprend.

Mais si Jésus nous surprend dans son agir, n’en soyons pas scandalisé. Il a aussi surpris Jean le Baptiste ; lui, le cousin de notre Seigneur ; lui pour qui Jésus a dit : « Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand ». Si l’Évangile de Jésus ne nous déconcerte pas, c’est qu’on ne l’a pas encore vraiment compris ; s’il n’ébranle pas nos façons de penser, nos sécurités, nos traditions religieuses, c’est qu’on ne l’a pas encore vraiment compris. Si Jésus te laisse zen, sans mettre en crise l’idée que tu as d’un Dieu qui te ressemble et qui te plaît, tu ne l’as pas accueilli. Laisse-toi interroger par le Messie qui vient. Alors Réjouis-toi si l’Évangile te bouscule, c’est la preuve que le Messie entre dans ta vie ; ton salut est tout proche.

La réponse de Jésus aux disciples de Jean est justement cet appel à se Réjouir parce que le Messie est effectivement à l’œuvre dans l’histoire des hommes tel qu’Isaïe l’a annoncé : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez ». Il pose des gestes d’amour, de salut, sans punir personne ; des gestes devant lesquels Isaïe demande de réjouir car ils confirment que le Messie est là, que Dieu a visité son peuple : les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les mort ressuscitent : c’est-à-dire, ceux qui avançaient dans l’obscurité de ce monde ne voyant même pas leur propre péché, voient mieux ; ceux qui étaient fermés aux cris de leurs frères n’écoutant que la voix de leur égoïsme, sont devenus attentifs aux autres ; ceux qui se sentaient impurs, souillés retrouvent leur fraicheur, leur beauté ; ceux qui en cette vie étaient déjà désespérés, revivent. Il y a là motif de se réjouir. Même pour toi, le salut est possible avec la venue du Messie.

Je vous propose a quatre pistes vérifier que l’on a vous avez vraiment accueilli le Messie dans sa vie ou pas :

1-    Est-ce-que je regarde ma famille, mes amis, mon église, la société, les biens matériels etc. sous une lumière nouvelle ?

2-    Est-ce-que j’arrive à écouter la voix de celui qui est en détresse et qui crie vers moi ?

3-    Est-ce-que j’arrive à me mouvoir pour construire l’amour, l’unité autour de moi ? ou alors suis-je encore paralysé ?

4-    Est-ce-que je suis engagé à vivre une vie nouvelle ?

Loué soit Jésus-Christ !