Notre époque aime à célébrer les anniversaires, planifier les commémorations, manifester pour ou contre des idées. Or, en ce jour, nous ne célébrons pas un anniversaire, ni une commémoration. Nous ne célébrons pas non plus un mythe ou une idée à faire triompher.
Le procès, la souffrance et la mort de Jésus sont enracinés dans l’histoire des hommes. Nous le proclamons dans le Credo : « crucifié pour nous sous Ponce Pilate…» Notre société cherche toujours davantage à gommer toute référence chrétienne dans son paysage quotidien. Pourtant, nous sommes bien en l’an 2025 après Jésus-Christ ! la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ représentent l’évènement central de notre histoire humaine. Jésus est bien le Maître et le Seigneur de l’histoire. Il ne s’agit pas là d’entretenir une simple tradition religieuse, mais de célébrer le sens même de l’existence humaine: Jésus ne se dérobe pas devant son destin, il s’offre aux outrage des hommes. Ainsi, au centre de l’histoire, il y a son désaisissement de lui-même jusqu’à la mort de la croix. Depuis 2025 ans, toute notre histoire, nous montre que Dieu est « battu », qu’on « crache sur lui » avec mépris . Et lui s’abaisse jusqu’au plus bas pour prendre sur lui toute l’horreur du Mal qui habite le cœur de l’homme.
C’est aujourd’hui que nous vivons de tout notre cœur et de toute notre âme cet évènement central de l’histoire. Notre liturgie, si elle est développée, n’est pourtant pas un théâtre sacré. Elle nous fait vivre aujourd’hui l’éternel mystère d’un Dieu qui se donne jusqu’à l’anéantissement.
C’est cela le centre de l’histoire: l’abîme insondable de l’amour que Dieu porte à l’homme.
La devise des pères Chartreux prend alors tout son sens : « Stat crux dum volvitur orbis. » Le monde s’agite, la croix, demeure, solidement plantée dans la terre des hommes, au centre de tous les mouvements de l’histoire. Elle donne éternellement le sens ultime de toute vie humaine : le don de sa vie, par amour, est plus fort que la mort la plus dégradante. Vécu avec le Christ, ce don total mène à la vie nouvelle de ressuscité.
Le chrétien ne rejette pas la croix, il ne la cache pas. Il l’embrasse, il la fait sienne car elle est capable de transfigurer en gloire toute souffrance quand elle se fait vivante offrande d’amour avec Jésus-Christ.
Tout au long de cette semaine, suivons Jésus sur son chemin de croix . Nous entrons maintenant dans la semaine du plus grand amour que la terre ait jamais porté.
Père Michel Desplanches
Recteur