Homélie de l'Epiphanie de notre Seigneur

dimanche 07 janvier 2024

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur

Avec l’Epiphanie, notre crèche est enfin au complet! Au milieu de nos paysages familiers, parmi les personnages du village, voici un cortège coloré et bruyant. Ses personnages aux vêtements bariolés se dirigent vers  la pauvre étable de Bethléem. Les ânes du quartier n’en reviennent pas de brouter à côté des dromadaires. Le village entier se demande qui sont ces orientaux à la langue inconnue.

En rajoutant les rois mages dans notre crèche, la tradition nous rappelle que Dieu, s’il vient chez les hommes, ne vient pas pour un quartier, un village ou une région. En effet, Dieu a créé tous les hommes et il vient sauver tous les hommes. Bien sûr, ces hommes riches et puissants, ces savants, arrivent plus tard que tous les autres. Mais Dieu vient pour tous et pour eux aussi. Nous aurions parfois  tendance à ramener le salut à une petite affaire personnelle ou culturelle . Nous limiterions vite l’œuvre du Christ à notre horizon familier. Ces personnages exotiques bousculent notre petit confort et nous rappellent que personne n’échappe à l’infini de l’amour de Dieu! Que viennent  donc faire ces hommes impressionnants dans le modeste village de Bethléem ? Ils ne viennent pas comme des rois conquérir de nouveaux territoires. Ils ne viennent pas non plus signer des traités ou des contrats. Mais alors, viennent-il faire ? Ils viennent simplement offrir et adorer dans le silence de la nuit. Ils déposent  sur la paille leurs riches offrandes. Tout déposer, tout laisser, et s’émerveiller dans le silence, voilà leur seul programme… À la vue de l’enfant et de sa mère, ils restent  sans voix. Ils se débarrassent  de leurs trésors inutiles et, dans le silence ils se prosternent devant un enfant pauvre. Ce silence est plus solennel que toutes les grandes musiques. Ce silence exprime la grandeur de Dieu mieux que tous les discours. À Bethléem, les mages apprennent le dépouillement  et le silence. Ces deux expériences apparaissent comme négatives aux yeux du monde. Pourtant les mages, en vivant ce dépouillement silencieux, "furent remplis d’une très grande joie" nous dit l’Évangile !

Ils avaient sans doute préparé, durant leur long voyage nocturne,  de grands discours, des échanges de cadeaux, bref ils avaient organisé une grande visite officielle. Mais rien ne s’est passé comme prévu et les mages doivent être aussi surpris de se retrouver là que les habitants de Bethléem de les voir passer. Dieu ne se manifeste pas en fonction de nos critères humains. Il nous désarçonne, il nous surprend . La joie qui envahit les mages n’était pas prévue. Notre Dieu ne cesse de nous surprendre.

Chers amis, quelle ne fut pas la surprise des puissants de ce monde en 1664 lorsqu’ils découvrirent qu’une bergère illettrée d’une obscure vallée des Alpes avait été choisie comme messagère par la Vierge Marie. "Dieu choisit ce qui n’est rien pour confondre ce qui est", nous dit saint Paul. Comme les mages, comme les puissants qui ont fréquenté le Laus, laissons-nous déposséder de nos sécurités humaines et adorons avec Benoîte ce Dieu qui se dit dans le silence simple et heureux de ce lieu de grâce où le Seigneur nous a conduits ce matin avec les mages…

 

Père Michel Desplanches

Recteur