Homélie de la vigile Pascale

samedi 08 avril 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

« Vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n’est pas ici, il est ressuscité. » Nous sommes ainsi fait que nous cherchons sans cesse des lambeaux de souvenirs d’un temps définitivement révolu. Nous entretenons la mémoire, mais l’avenir nous fait peur.

Marie Madeleine et l’autre Marie étaient bien comme nous. Dès le lever du soleil, le sabbat enfin terminé, elles courent  dans les rues encore sombres, les parfums à la main, pour embaumer le corps de Jésus. Elles avaient vu leur Seigneur bafoué, moqué, mis en croix, lui qui n’avait rien fait que consoler, guérir et aimer. Elles voulaient , une dernière fois,  retrouver leur Maître pour raviver en elles les souvenirs de ces trois années qui avaient bouleversé leur vie. Mais non, le Christ n’est pas là pour dépoussiérer nos souvenirs! La place où il était est vide et le tombeau est béant : on n’enferme pas Jésus dans nos souvenirs, si beaux soient-ils. On a pu mettre Dieu en croix, mais on ne pourra pas l’enfermer dans un tombeau, même le tombeau de notre mémoire.  Il est la Vie, et la vie c’est toujours demain ! La vie c’est un projet dynamique, la vie c’est une espérance indéracinable, la vie c’est une force désormais plus forte que la mort.

Ces femmes tournées vers hier sont désormais  invitées à se tourner vers demain : « Allez vite dire à ses disciples : il est ressuscité d’entre les morts et voici qu’il vous précède en Galilée. » Il vous précède… Il est devant nous, toujours.  Vous pensez être vivants? Le Christ est plus vivant que vous. Jésus nous précède toujours. C’est lui qui nous ouvre le chemin de l’avenir.  Nous sommes encore dans la nuit du tombeau, mais Lui  est déjà en marche vers demain dans la lumière et le plein vent de l’espérance. Il est désormais notre lumière, celle qui nous  réconforte dans la nuit de nos doutes et de nos peurs. La nuit ce soir s’est brisée en mille morceaux et la lumière a jailli. Elle brille dans nos cœurs. Mais cette clarté éblouissante n’est possible que parce que Jésus a été consumé par l’amour qu’il nous porte. On n’éclaire qu’en se consumant… Le Christ ressuscité est Lumière, feu consumant. Il est aussi la source vive qui murmure dans nos cœurs : « Viens vers le Père. » Dans nos déserts sans espérance, dans l’actualité violente et destructrice, le Christ surgit innocent et pur comme la source de la vie, comme les sources de nos montagnes fraîches et transparentes. Tu as soif de vie ? Viens et bois longuement ! En cette nuit très sainte, la vie l’a définitivement emporté sur la mort. La douceur a vaincu le cynisme et la brutalité. L’innocent a sauvé les coupables que nous étions et nous voici saisis par la puissance d’une vie nouvelle.

L’avenir est ouvert et l’avenir désormais, c’est la Galilée des païens, cette Galilée où tout avait commencé, ce monde qui ne connaît rien de Dieu. Le Ressuscité renverse toutes les barrières  car rien ne pourra arrêter la vie. Le monde racheté, le monde nouveau qui commence en cette nuit sainte brise toutes les vieilles frontières. Le Ressuscité offre au monde entier la liberté et la vie. En cette nuit très sainte, un jour nouveau commence et ce jour n’aura jamais de fin. La vie a triomphé. Amen

 

Père Michel Desplanches

Recteur