Avec la fin de l’année, la société est appelée à passer une étape. Les bilans des entreprises, la fin de l’année fiscale, les inventaires commerciaux, tout amène à remettre les compteurs à zéro. Un temps s’achève, un autre temps commence.
Mais l’année qui s’ouvre est pour les chrétiens, une année « pas comme les autres ». Ce sera pour nous une année de pèlerinage. Et nous espérons que nombreux seront les pèlerins que nous accueillerons dans ce sanctuaire béni par la présence aimante de la Mère de Dieu. En effet, le thème choisi par le Saint-Père pour le jubilé de 2025 nous invite au pèlerinage : « Pèlerins d’espérance ».
Mais, pour le chrétien, la vie entière est un pèlerinage. C’est une marche, avec ses épreuves, ses blessures et ses joies, une marche qui nous amène pas à pas jusqu’au cœur de Dieu. Le pèlerin part d’un point pour aller vers un autre. Le pèlerinage est donc une œuvre de transformation intérieure, un chemin de conversion pour une vie nouvelle, une démarche qui réclame donc du temps. C’est pourquoi le jubilé est un temps donné par Dieu, un temps qui nous invite à un déplacement. Nous retrouvons là l’expérience des hébreux dans l’Ecriture. Car l’Exode reste l’expérience fondamentale du croyant. Le peuple hébreux quitte la terre de servitude et se met en route vers la terre de liberté offerte par Dieu. Le salut en Jésus-Christ ne nous installe pas dans notre petit confort spirituel, satisfaits de notre immobilisme. Le baptisé est toujours un pèlerin. Sa nature blessée est appelée à quitter sans cesse la terre de l’esclavage du péché pour marcher vers le salut pleinement accompli, vers l’union plénière avec Dieu.
Le jubilé n’est donc pas une fête qui dure le temps d’un feu de paille. Il est bien un chemin, une démarche qui doit nourrir et fortifier l’espérance de la rencontre avec le Seigneur. Pas à pas, le jubilé vient redonner du sens à la vie. Car la vie ne consiste pas à tourner en rond dans nos petites habitudes. Elle est une aventure, un chemin de conversion qui offre toujours du nouveau !
Tant de regards désespérés se posent sur notre terre ! L’année jubilaire nous invite à poser un regard d’espérance sur le monde qui nous entoure. Un regard d’espérance qui suppose évidemment un regard de foi et d’amour. Dieu est à l’œuvre dès aujourd’hui. Dieu travaille ce monde et le féconde par sa grâce. Notre regard de foi et d’amour devient ainsi un regard d’espérance.
Je lis beaucoup ces temps-ci d’analyses pessimistes sur l’année à venir. Oui, l’actualité sera peut être difficile, tendue, éprouvante. Mais notre certitude de foi est inébranlable : le Seigneur est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps.
Notre espérance n’est pas un mirage. Elle est certaine et puissante. Elle n’est pas le fruit d’un optimisme béat mais d’un acte de foi.
L’espérance est d’abord une grâce à accueillir et à faire grandir dans toutes les dimensions de notre humanité.
On peut être sans illusion, on ne peut pas être sans espérance. Car l’espérance c’est la vie. L’espérance traverse les misères et les chagrins de l’actualité. À l’aube de l’année nouvelle, que ce grand souffle d’espérance qui soulève l’Eglise fasse de nous des pèlerins de chaque jour. Car l’espérance n’a jamais fini de commencer… et ce sera la force de notre année sainte !…