Homélie de la veillée de Noël

samedi 24 décembre 2022

Par Le P Michel Desplanches, recteur

Lorsque revient Noël, nous aimons retrouver la boîte en carton où, dans leur papier de soie, nous retrouvons nos amis les santons. Ce sont de vieux amis ! Il y a cette belle arlésienne qui nous faisait rêver quand nous étions enfants, Coucourdié, le ravi,  avec ses bras grands ouverts et ses yeux émerveillés… Bien sûr, certains sont un peu vieux, ce sont ceux que nous avons reçus de nos parents et grands-parents. Ils sont chargés de tant de souvenirs et d’émotions de notre enfance.
« Ils sont bien naïfs »,  diront les esprits forts! Pourtant, ils assument paisiblement leur naïveté et nous invitent à retrouver notre regard d’enfant pour aller vers l’Enfant de la crèche.  Ces santons n’arrivent  pas à Bethléem les mains vides, ils apportent ce qu’ils font et ce qu’ils sont au pied de l’enfant de Dieu. Car un santon n’est pas fait pour décorer la cheminée de la maison. Il a un but : rejoindre Jésus au cœur de la nuit.
Et ce soir, chers amis, c’est à la suite des santons que nous nous mettons en route. Avec nous ils traversent  la nuit, et Dieu sait squ’elle  peut être épaisse dans notre époque troublante et troublée… Mais à la lumière de notre "fanau" nous avançons. La lampe de la foi nous éclaire sur le chemin.
Les santons ne prennent pas la voiture. Ce sont des piétons. Ils ont le temps en chemin de faire connaissance avec les uns et les autres. En cette nuit très sainte aucun d’eux n’est solitaire. Nous marchons côte à côte au milieu de la nuit.
Oui chers amis, nous ne cheminons pas tout seuls. Des frères des sœurs nous accompagnent. Ils soutiennent notre démarche. Qu’on le veuille ou non, Noël n’est pas et ne sera jamais une petite fête privée. C’est tout le village qui se déplace. C’est un peuple qui accueille ce soir le Seigneur qui vient se faire l’un de nous. Personne ne pouvait imaginer cela : rien ne pourra arrêter l’élan d’amour qui pousse le Dieu trois fois saint à se faire petit enfant. Avec les santons, émerveillions nous de ce Dieu qui vient, tout fragile, tout chaud, se blottir dans nos pauvres bras. Ce petit corps, c’est Celui qui porte l’infini de l’amour jusqu’au cœur de notre vie. Ce petit corps, c’est Celui qui sera livré pour libérer le monde du mal et de la mort. Ce petit corps nous offre la joie qui n’a pas de fin. Devant lui, avec les santons, prosternernons-nous. Au cœur de la nuit la lumière se lève. L’Espérance nous éblouit.

Père Michel Desplanches
Recteur