Homélie de la solennité du Corps et du Sang du Seigneur

dimanche 02 juin 2024

Par le père Michel Desplanches, recteur

La liberté est l’un des grands dons de Dieu. Par elle, nous sommes à l’image de Dieu. Par elle, nous ressemblons à Jésus. Car Jésus a été l’homme le plus libre qui soit. Personne ne pourra être plus libre que lui. Seulement, sa liberté n’est pas celle à laquelle nous pensons. Pour nous, être libre, c’est faire tout ce qui nous plaît, même si c’est nuisible aux autres et à nous-mêmes. Cette liberté, nous le savons, conduit à la violence, au manque de respect, à la guerre, au mépris du bien des autres et du bien commun, bref, à la loi de la jungle, à la barbarie.

Pour Jésus, la liberté, c’est autre chose. Jésus a été libre en donnant sa vie jusqu’au bout par amour pour nous. C’est ce que nous redit avec force chaque célébration de l’Eucharistie.

Au moment où Jésus entre dans sa passion, à l’instant où il est livré, tout, pourtant, semble contredire sa liberté. Il sait qu’il va être arrêté, condamné  injustement et exécuté sur une croix. Comme le faisaient  les juifs pieux, il mange avec ses disciples le repas de la Pâque. Pour les juifs, la fête de la Pâque rappelait la libération des travaux forcés qui leur étaient  imposés  en Égypte. La Pâque était la fête de la liberté donnée par Dieu. Au cours de ce repas, Jésus prend le pain et dit : « Ceci est mon corps livré pour vous ». Il prend la coupe de vin et dit : cette coupe et la coupe de mon sang, le sang versé pour fonder la nouvelle alliance.

En disant cela Jésus montre qu’il va à la mort consciemment et librement.  Sa mort sera un crime, mais de ce crime il fait un sacrifice c’est-à-dire un don libre de lui-même à Dieu. C’est au moment où Jésus semble le moins libre qu’il fait le plus grand acte de liberté. C’est en mourant qu’il est le plus libre. C’est ceux qui l’ont condamné et l’ont fait mourir qui ne sont pas libres. Ils sont esclaves de leur haine et de leur violence. Jésus  lui, va jusqu’au bout de sa liberté. Il a dit un oui libre à ce qui lui était imposé. En mourant librement il nous a montré ce que c’est que d’être vraiment libre et il nous a libéré de toutes les formes d’esclavage. Ainsi, chaque fois que nous communions, nous recevons le Christ libre comme personne d’autre ne le sera jamais. En venant en nous il nous donne sa liberté, pour que nous soyons libres avec lui.

C’est pourquoi la messe est si importante dans notre vie de chrétiens. Recevoir le corps du Christ est une chose si grande ! Jésus ne nous donne pas quelque chose. Il ne nous offre pas un cadeau, si beau soit-il. Il nous fait don de sa liberté. Il nous fait entrer dans sa liberté. Trop souvent, nous pensons que la messe est un carcan qui nous est imposé, une obligation qui comprime notre créativité. En réalité, l’Eucharistie fait de nous des êtres libres.  Elle nous appelle chaque fois à devenir des êtres libres.  Participer à l’Eucharistie et recevoir l’Eucharistie. c’est laisser Jésus vivre sa liberté en nous. Jésus a été libre des richesses matérielles, libre de la violence, libre du faux bonheur, libre de la satisfaction de soi-même et de la suffisance, libre de la dureté de cœur et de la haine, libre du mensonge et de la duplicité, libre de l’esprit de guerre, libre de ce qu’on pensait de lui et de la peur de la persécution. Être libre comme Jésus, c’est devenir capable de penser, de parler, d’agir autrement que ce que tout le monde pense, dit, fait. Il y a dans notre société un véritable esclavage imposé par l’opinion générale et par les médias. Malheur à ceux qui osent penser, parler et agir autrement que ce qu’on dit être la normale… Jésus s’est laissé conduire par l’amour de Dieu pour les hommes. Il a été la présence de l’amour de Dieu sur la terre. Il n’a eu qu’une seule passion : dire la vérité aux hommes et les appeler à faire ce qui est bien aux yeux de Dieu et de leurs frères Par l’Eucharistie, Jésus veut vivre de plus en plus en moi et je veux vivre de plus en plus avec lui.  Par son corps livré librement, il désire me rendre libre avec lui. Jésus a fait avec moi une alliance sur laquelle il ne reviendra jamais c’est cette alliance qui est célébrée chaque fois que je participe à  l’Eucharistie.

Vierge Marie, Notre-Dame du Laus, vous qui avez été  la femme la plus libre qui soit, obtenez-moi de grandir dans la liberté qui a été la vôtre, sans jamais me laisser décourager et désespérer par les servitudes qui pèsent sur moi et me rendent prisonnier.  Comme vous l’avez fait avec Benoîte, prenez-moi par la main pour me conduire sur le vrai chemin de la liberté. Apprenez-moi à découvrir toujours mieux que l’Eucharistie à laquelle vous participiez dans l’Eglise d’après la Pentecôte, est véritablement  la présence de Jésus m’invitant à vivre libre avec lui pour toujours. Amen.

 

Père Michel Desplanches

Recteur