Homélie de la solennité du Christ Roi de l’univers

dimanche 26 novembre 2023

Par le Père Michel Desplanches

Notre année liturgique s’achève donc avec la solennité du « Christ Roi de l’univers ».

Cette dimension royale peut nous gêner à l’heure où la démocratie régit notre vie publique. Dépendre de l’humeur d’un roi n’est pas envisageable dans nos sociétés éprises de dialogue et de liberté. Pourtant c’est bien à un roi que le Christ se compare dans l’Évangile que nous venons d’entendre. Il siège sur un trône de gloire, il rassemble toutes les nations et il les juge.

Il y a, c’est certain, une dimension transcendante, radicale, dans la majesté du Christ. Jésus est bien le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Il domine toute chose. Il est la Vérité et la Vie.  Au dernier jour nous serons, pour le jugement, face à ce roi de gloire. Tout doit lui être soumis nous rappelle saint Paul dans la deuxième lecture. Notre tâche de baptisés consiste donc à tout soumettre à la Vérité de l’Évangile. Car la vie baptismale n’est pas une somme de compromis. Elle consiste à placer radicalement l’Évangile dans toutes les dimensions de notre existence. La prière du Notre Père l’exprime avec clarté  : « Que ta volonté soit faite ! » Comme le Christ a accompli la volonté du Père, il nous revient de faire de même. Nos paroles, nos choix, nos engagements doivent être, en toute logique, l’expression même de la volonté de notre Père du ciel. C’est là notre vocation, notre mission.

Jésus, pour accomplir la volonté du Père a connu l’humilité de notre condition humaine, traversant toutes les humiliations, pour épouser  jusqu’au bout notre faiblesse. Et c’est devant ce prisonnier pauvre de tout que Pilate posera cette question décisive : « Ainsi donc, tu es roi ? » et Jésus répondra clairement : « Tu le dis, je suis roi. » Nous le voyons, Jésus n’est roi que dans sa solidarité avec les humiliés , les blessés de la vie, les plus humbles. Il n’y a pas un Jésus  couronné sur un trône et un Jésus humilié sur la croix. Les artistes de l’époque romane ont souvent représenté le Christ couronné et vêtu d’un manteau royal sur le trône de la Croix. Pour parachever sa mission de Sauveur, Jésus doit enfin  « remettre le pouvoir royal à Dieu son Père » comme le dit saint Paul. Et il poursuit : « Quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis et ainsi, Dieu sera tout en tous. » En ces derniers jours de notre année liturgique, il nous faut nous placer clairement devant le Christ. Non pas en tremblant comme on se tiendrait devant un juge, mais à genoux, comme on se tient devant « l’un de ces plus petits » des frères de Jésus, en serviteurs.

Puissions nous dire avec sainte Mère Teresa  :« Malade bien-aimé, tu m’es plus cher encore parce que tu représentes le Christ. Quel privilège pour moi de pouvoir ainsi prendre soin de toi ! » Oui, prenons soin de Jésus dans les plus petits. Notre salut en dépend.

 

Père Michel Desplanches

Recteur